Un chef !
«Ça ne peut plus continuer comme ça ! On n’est pas gouverné ! Il nous faut des chefs qui nous disent où l’on va.»
« Bin … non. Moi, je trouve qu’on n’a pas besoin de chef. Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul. C’est très embêtant un chef, ça veut toujours avoir raison même quand ça a tort. Et puis, ils vous disent toujours ce qu’il y a de mieux pour vous. »
« Il nous faut un grand projet collectif qui redonne un sens à la vie commune. Une espèce d’espoir vers une vie meilleure. Un peu de rêve quoi … »
« Ah bon, il y a besoin d’un chef pour ça ? Qu’est-ce qu’il sait de mes rêves votre chef ? Moi, j’ai un job, une famille, mes vacances au Lavandou, tranquille dans mes tongues. Rien que ça, ça me convient très bien. »
« C’est un peu fruste votre affaire. Vous n’avez donc jamais le besoin de savoir vers quel but tend votre pays ? Quel avenir préparons-nous à nos enfants ? »
« Les chefs savent tout ça ? On ne dirait pas. Ils ont déjà du mal à s’occuper du présent. Je propose que ce soit moi qui me soucie de mon avenir. Je les décharge de cette tâche. C’est méritoire, non ? Je prends ma part de boulot.. »
« Avec ce genre de principes, on ne va pas aller très loin. Chacun a des objectifs personnels soit, mais ils sont généralement contradictoires. On a toujours besoin d’un chef pour arbitrer les priorités. »
« L’ennui, c’est que je ne suis jamais dans les priorités du chef. Vous non plus d’ailleurs. En fait, vous voulez un chef qui fasse passer vos intérêts avent ceux des autres, sinon ce n’est pas un bon chef, et vous réclamez alors un ‘vrai’ chef ! »
« Euh… pas du tout ! Un bon chef est un chef qui assume des choix, même impopulaires. Par exemple, s’il augmente mes impôts, je paierai. Je prendrai l’avis de mon conseiller financier avant, et ensuite je paierai ! »
« Tout le monde ne peut pas se payer un conseiller financier. Je crois que vous êtes partisan d’un chef qui ait de l’autorité à condition qu’elle s’exerce sur les autres. »
« Oui, moi j’aime bien faire ce que je veux. Je fais mon boulot, j’élève correctement mes gosses, je donne aux quêtes des Restos du Cœur. Si tout le monde en faisait autant, on n’en serait pas là. C’est pour ça qu’il faut un chef ! Et pas un mou du genou ! »
« Donc, il nous faut un chef qui ait votre point de vue… C’est bien ça ? »
« Oui … et alors, qu’est-ce qu’il a mon point de vue ? «
« Si tout le monde veut un chef qui ressemble à chacun, on ne va pas s’en sortir. La démocratie, c’est la loi de la majorité… »
« Mais je suis la majorité. Regardez, dans le quartier… tous le voisins pensent comme moi : on bosse la semaine, on veille aux devoirs des enfants le soir, on tond la pelouse le samedi, on mange du gigot le dimanche, et on recommence. Ce n’est tout de même pas compliqué ! C’est pour ça qu’il faut un chef qui n’hésite pas à réprimer les conduites déviantes ! »
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