Secret défense
4 avril, 2013« Moi, je n’ai qu’une parole ».
« Je n’en doute pas, Monsieur. Mais pourquoi, vous sentez vous toujours agressé ».
« J’en sais rien. Mais je préfère prendre les devants. Il ne faut pas se faire d’illusions, chacun essaie de se faire une place dans la société. Donc, moi j’installe mes lignes de défense avant de discuter, c’est plus prudent ».
« La confiance règne ! Et si vous commenciez par tendre la main avant de mettre en place vos batteries anti-aériennes ».
« On voit bien que vous n’avez pas vécu comme moi. Les gens ne respectent que les armes. Si vous y allez le bec enfariné, vous êtes sûr de vous faire avoir ».
« Non, je suis pas sûr. Peut-être que vous pouvez aussi les intéresser sans être armé jusqu’aux dents. Vous dégageriez un sentiment de sécurité. C’est important de se sentir en sécurité avec quelqu’un ».
« Parce que vous croyez que je me sens en sécurité avec vous ? Vous êtes en train de démolir mon système de défense et il faudrait que je me sente à l’aise ! Non mais où on va là ?»
« Bon, calmons-nous ! Vous voyez bien que je suis venu sans arme »
« Si ! Vous me parlez avec des mots qui sonnent juste, c’est extrêmement agressif. Heureusement que j’ai ma Kalachnikov. Il ne faudrait pas continuer à m’énerver avec vos analyses pertinentes, je me sens pilonné ! »
« Alors qu’est-ce que je dois faire ? Il faut que je me taise ? »
« Non, mais vous pourriez dire des banalités, ça au moins ça rassure. Ou alors avoir un peu peur de moi, suffisamment pour ne pas chercher à me mettre mal à l’aise. Dites-moi par exemple que vous admirez mon allure déterminée et mon assurance ».
« C’est qu’on ne vous sent pas vraiment déterminé ni sûr de vous ».
« Je ne vous demande pas de me sentir, mais de contribuer à la valorisation de ma personne. Vous n’y mettez pas beaucoup du vôtre ».
« Bon d’accord. Alors vous avez des qualités. Vous savez vous imposer en public. Vous parlez franchement. Avec vous, on n’y va pas par quatre chemins. Vous ne faites pas de grandes phrases qui ne veulent rien dire. Droit au but ! Allez hop ! »
« C’est pas mal, mais il manque un peu de compliments sur la profondeur de ma réflexion. Vous allez me faire passer pour un être primaire ».
« Vous exagérez… »
« Non. Et puis regardez-moi avec plus d’attention et de générosité. Moi, un mauvais regard ça m’excite. Je me sens tout de suite agressé… »