Archive pour mars, 2013

Risque tout

31 mars, 2013

 «Vous aimez prendre des risques ? »

« Euh… bin non, pas trop ». 

« Vous avez tort, c’est très bien vu de prendre des risques. Vivre dans la sécurité, c’est vivre à la pépère. Ce n’est pas trop valorisant pour votre image de marque. Et puis, de toute façon, c’est obligatoire maintenant. Que vous traversiez la rue ou que vous signiez un contrat, vous devez prendre des risques ».

« Ah bon ? Pourquoi ? ».

« Si vous ne le faites pas, vous n’êtes qu’un assisté autant dire pas  un grand-chose. De plus, prendre des risques, ça permet aux assurances de faire des affaires. Au niveau où en est l’économie, vous n’allez pas renâcler ! Ce serait mal ! »

« J’aimerais mieux passer pour un pépère. Ce n’est peut-être pas comme ça que je vais me faire remarquer, mais c’est meilleur pour mon stress ».

« Allons ! Allons ! Faites un effort ! Essayez d’aller en vacances par avion un jour de grève par exemple. En faisant l’hypothèse que c’est justement votre vol que la compagnie choisira de faire partir parmi  une centaine d’autres qu’elle annulera ».

« Je n’ai pas envie de passer trois jours, assis par terre dans l’aéroport. Vous n’auriez pas un peu moins risqué ? ».

« Je vous vois venir. Vous ne voudriez pas signer un contrat de travail à durée indéterminé pendant qu’on y est ? Ou alors jouer en Bourse avec la certitude de ne pas perdre de l’argent ? Et puis peut-être aussi vous marier en étant sûr de ne pas divorcer ? … Ce serait un peu trop commode !» 

« Bin oui… En tous cas, je me sentirais mieux dans ma vie ».

« Vous n’avez pas à vous sentir mieux. Vous vous rendez compte ? Si tout le monde avait raisonné comme vous, Christophe Colomb serait resté benoitement à la maison, Gutenberg aurait continué à copier ses livres à la main, Poulidor aurait cultivé son jardin… »

« Bon d’accord, alors je fais quoi ?… ».

« Bon, on va y aller par étapes. Pour commencer, vieillissez. Ne faites pas trop de sport en espérant que votre patrimoine génétique vous mettra à l’abri des maladies de la dégénérescence. Puis prenez une assurance complémentaire contre ce risque. La plus onéreuse possible. Ensuite mariez-vous, vous avez une chance sur deux de vous en sortir. C’est pas mal, non ? Là, je ne crois pas qu’il y ait déjà des assurances contre ce risque, mais ça pourrait venir. Enfin, jouez ce qui vous reste d’économies en Bourse. Là, c’est sans filet. Votre courage vous vaudra une grande estime… ».

« Et si je finis sur la paille. Hein ? Vous viendrez peut-être me faire part de votre estime ? »

« Non, j’ai pas trop envie de fréquenter les loosers. J’ai une autre idée : monter votre propre compagnie d’assurances… 

Boum !

30 mars, 2013

Jules a un tempérament détonant.

Il  se met en pétard pour un oui ou un non.

Ou alors il explose de rire.

Parfois il fait la bombe très tard.

Cet été, il ira en vacances à Grenade

Et puis il veut aussi explorer des cratères volcaniques.

Jules a toujours très bonne mine.

Il sent bon : il a toujours un vaporisateur de parfum sur lui.

Il connait un grand secret, de la vraie dynamite

Qui peut faire sauter le gouvernement.

 

Louis et ses grandes peurs

29 mars, 2013

Louis est dans les conseils d’administration : on lui file des jetons.

Il aime jouer au tric-trac avec ses amis.

Sur la route des vacances, ses pneus se sont dégonflés.

Puis il a été malade : il a pris froid dans le dos.

Son coiffeur l’a peigné en brosse : il a les cheveux dressés sur la tête.

Il a un don de société : il sait jouer des castagnettes avec ses genoux.

Il s’intéresse à l’histoire, surtout à l’époque de la Terreur.

Son emploi du temps est assez lâche.

Mais il balise parfaitement son activité.

Nos meilleurs défauts

28 mars, 2013

« La gourmandise est un vilain défaut. »

« Mon pauvre, s’il n’y avait que celui-là ! La vanité aussi, ce n’est pas très bien ! Et que dire de l’avarice ? D’ailleurs, peut-on dire qu’il y ait de jolis défauts ? Et de vilaines qualités ? « 

« Vous avez raison. Prenons un exemple : moi. Je suis très maniaque. J’aime bien quand tout est en ordre. Lorsque j’ai rangé, je ne me rappelle plus comment j’ai rangé, mais enfin ça ne fait rien, c’est rangé. Ça me donne l’impression d’être parfait. »

« Et moi, alors ? Parlons un peu de mes défauts. Je sui jaloux. Je veux tout ce que possèdent les autres et j’interdis que les autres convoitent mon bien. Ils ne manqueraient plus qu’on me dépouille ! »

« En effet, c’est un défaut très moche ! »

« Beaucoup plus que le vôtre. »

« Pardon ! Pardon ! Je suis également très menteur. Je dis ce qu’il m’arrange de dire à un moment donné et je n’hésite pas à me contredire.  Je m’en fiche complètement. Je ne suis pas faible du tout… Vous voyez que j’ai aussi des défauts superbement désagréables ! »

« Et mon avarice, alors ? Absolument écœurante. Essayez de me demander de l’argent, vous n’aurez pas un rond. Je ne vous fais aucune confiance. Et puis même si je vous faisais confiance, je ne vous ferais pas crédit. J’aime beaucoup regarder mes économies, même si elles ne servent à rien. »

« Je vois, vos défauts sont d’un très bon niveau. Mais une fois que vous aurez considéré ma prétention, vous n’aurez plus de répartie. En toute chose, je suis nettement au-dessus du lot. Je ne supporte pas qu’on puisse se comparer à moi. Je suis suffisant, imbu de ma personne : une vraie légende vivante…. Qu’est-ce que vous en dites ? Ça, c’est du très vilain défaut. Vous aurez du mal à faire mieux. »

« En effet, vous élevez le niveau. Er si je vous disais que je suis gentil ? »

« Vous rigolez ! Gentil ? Et pourquoi pas serviable ou généreux pendant que vous y êtes ? »

« Oui, je suis gentil à un point inimaginable. A ce niveau, ça confine à la bêtise. Une qualité qui se transforme en défaut ! Ça vous n’avez pas, hein ? Ça vous en bouche un coin ! »

Drôle de monde

27 mars, 2013

Le betteravier casse du sucre sur le dos du couturier

Le couturier taille un costume pour l’hiver à l’artilleur.

L’artilleur tire à boulets rouges sur le fossoyeur.

Le fossoyeur couvre de boue le pompier.

Le pompier descend en flammes le numismate.

Le numismate taille en pièce le jardinier.

Le jardinier jette une pierre sur l’escargot.

L’escargot bave sur le dos de la voisine.

Qui médit sur tout le monde.

Ça ne m’étonne pas d’elle !

1500 mètres

26 mars, 2013

« Qui veut voyager loin ménage sa monture. Vous êtes parti beaucoup trop vite. Nous courons un 1500 mètres, pas un 200 ».

« Vous avez raison, je ne sens pas toujours ma force. Je vais ralentir mon allure. Passez devant je vous en prie. Votre foulée est plus longue que la mienne. Vous n’irez pas loin comme ça ».

« Sûrement pas, vous allez encore profiter de mon corps pour vous protéger du vent comme la dernière fois. Je ne me ferai pas encore avoir ».

« On fait comment alors ? Moi, j’ai besoin d’une stratégie de course. Sans quoi, je ne peux pas me sentir bien dans mon allure ».

« Vous vous débrouillez comme vous voulez, je ne vais pas vous dévoiler mes batteries, sinon vous allez me contrer et je vais encore finir dernier ».

« Ce n’est pas grave. Vous perdez tout le temps, mais on dit de vous que vous avez du panache. Tout le monde vous aime bien. Vous êtes invité partout. Moi, je passe pour le type prétentieux parce que je gagne trop souvent ».

« Peut-être, mais j’aimerais bien gagner un peu de temps en temps pour être prétentieux. Un petit peu. Passez donc devant. Comme ça, vous allez vous fatiguer et je pourrai vous surprendre dans la dernière ligne droite ».

« Je n’ai pas trop envie d’être surpris. Sinon les commentateurs vont dire que je vieillis, que c’est la fin de mon règne. Vous comprenez. Continuez à mener la course. Courrez n’importe comment comme d’habitude. Moi, ça me convient très bien. Avec vous, j’ai l’impression de courir intelligemment ».

« Et si je m’arrêtais ? »

« Vous n’y pensez pas, on m’accusera encore d’avoir gagné sans opposition. Il faut des faibles pour qu’il y ait des forts. C’est le sens de la vie. Courez. Je vous dépasserai, mais je vous féliciterai à la fin avec beaucoup de sportivité pour votre acharnement complètement vain ».

« Si je comprends bien, je suis votre faire-valoir ».

« C’est un peu ça. Mais ce n’est pas honteux. Au lieu de parler accélérez ! Les anglais vont encore nous passer devant. Pensez un peu au drapeau national. Ce serait très patriotique de votre part que vous vous sacrifiiez pour moi, ça se fait ».

« Et pourquoi, ce ne serait pas l’inverse ? »

« Vous n’y pensez pas. Les journalistes comptent plus sur moi que sur vous. Je passe beaucoup mieux à la télé. J’ai les sponsors sur le dos. Vous ne pouvez pas vous imaginer les soucis que ma notoriété me procure ! »

« Euh… je crois que les anglais ont déjà passé la ligne d’arrivée… »

Tout contre

25 mars, 2013

Théodore est contremaître à l’usine.

Ce n’est pas un très bon contribuable,

Mais il s’en contrefiche.

Il élève une poule rousse de la race des Contres,

Qui est une contrée située dans le Loir-et-Cher.

La qualité de son travail est controversée.

Car il prend souvent le contrepied de la direction.

S’il persiste contre vents et marées,

Il ne restera bientôt pas grand-chose de son contrat.

Ce n’est pas ce qui va le contrarier.

Il aura du temps pour se livrer à son goût pour la contrepèterie.

 

 

Liberté chérie

24 mars, 2013

« Moi, j’aime bien la liberté. »

« Moi, pas tellement. Si j’étais libre de faire ce que je veux, il faudrait que je me demande ce que j’ai envie de faire. Pire, il faudrait que je sache faire quelque chose. Et alors là…. Je serais sans doute très déstabilisé par la faiblesse de mes envies et de mes dons. »

« Rassurez-vous. Je le regrette, mais on est rarement libre. Il y a toujours eu quelqu’un pour me dire ce qu’il était bien que je fasse : mes parents, les instituteurs, les curés, les femmes, la télé, les voisins qui savent toujours tout, les politiciens que j’ai élus… Bref, les donneurs d’ordre et de leçons, ce n’est pas ce qui manque. Et puis quand ils ont fini, vous vous apercevez que vous êtes vieux, à la retraite et que vous n’avez plu beaucoup de temps devant vous pour faire ce qu’il vous plait. »

« En d’autre termes, vous me dites que personne n’est libre alors que tout le monde aime la liberté. C’est assez déprimant, je préfère ne pas aimer la liberté pour ne pas être trop frustré. »

« Il faut le voir comme un idéal, ça vous donne un but dans la vie, une raison d’exister. Vous comprenez ? Sinon, vous vous condamnez à faire ce qu’on vous dit de faire. C’est-à-dire à une existence de machine-outils. »

« Bon d’accord. Admettons que je sois libre. Qu’est-ce que je fais ? »

« Vous vous levez quand vous voulez, si vous voulez. Vous vous livrez à vos occupations préférées ou à rien, si ça vous chante. Mais il vaut mieux faire quelque chose. Je reconnais que la difficulté d’être libre, c’est qu’on est vite limité par son manque d’argent, son manque de culture, son manque de courage et qu’on se trouve confronté à son vide intérieur. Il faut être très riche pour être libre. »

« Ah, vous voyez, c’est encore un truc pour les gens de la haute société !»

« Euh… il suffit de prendre des cours. Des cours de liberté, ça devrait exister. »

« Ce serait encore des endroits où l’on me dirait ce que je dois faire pour être libre. On n’en sort pas. C’est très paradoxal. »

« Non ! On peut vous aider à trouver en vous ce qui vous intéresse. C’est comme faire de la gym. C’est très exigeant, mais ça se passe mieux quand on fait ça à plusieurs. »

« Le problème, c’est que mes centres d’intérêts ne sont pas forcément ceux de ma famille et que ça va me créer encore des tas d’histoires avec ma femme. Elle a horreur que j’aille à la pêche, par exemple. Je suis nettement plus tranquille quand je ne suis pas libre. »

« C’est le nœud de la question. Être libre, c’est  ne pas être tranquille. C’est l’aventure et le risque. Il faut être fort pour être libre. »

« C’est bien ce que je disais, c’est un truc pour les riches et les forts. Quand on est pauvre et faible comme moi, on préfère être tranquille. Ma devise pourrait être tranquillité, futilité, nullité »

Nos mauvais poèmes

23 mars, 2013

Jean est en retard. Pour aller au boulot, il se dégrouille.

Il n’y a pas de bus mais il se débrouille.

Il a sorti son vélo qui, sur son balcon, rouille.

Il ne faut pas qu’avec son patron il se brouille.

Sinon ce dernier le virera et il devra s’habituer à la rouille.

Jean n’est pas un tricheur : jamais il ne frouille.

Il a donc un peu  la trouille.

Il ne faut pas qu’il dérouille.

Sa devise est : évitons les embrouilles !

Et patati et patata

22 mars, 2013

La commère commère.

La canne cancane.

Le critique critique.

La femme diffame.

Le jazzman jase.

Le tailleur taille un costard.

Le siffleur persifle.

Le pompier descend en flammes.

Mehdi médit.

 

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