Archive pour janvier, 2013

Le bon cheval

11 janvier, 2013

Jean est à cheval sur les principes.

Ce n’est pas un âne bâté.

C’est un fabricant de bidet,

Et non pas de cocottes en papier.

Son dada, c’est de jouer aux courses.

Mais il s’est blessé aux orteils en sortant avec ses mules aux pieds.

C’est rosse.

Sa compagne Maria, une belle pouliche, va lui faire ses commissions,

Le temps qu’il se remette en selle.

 

 

Remettons notre ouvrage sur les métiers

10 janvier, 2013

« Qu’est-ce que vous faites comme métier, vous ? »

« Boulanger. »

« Non. »

« Comment ça, non ? Je le sais mieux que vous, tout de même ! »

« Les vrais boulangers vont en tricot de corps avec des poils qui dépassent de la poitrine. Ils sont ventripotents et ils ont un mégot qui pendouille au coin des lèvres. Et votre femme, elle fait quoi dans la vie ? »

« Infirmière. »

« Non, ça ne va pas non plus. Les vraies infirmières sont de ravissantes créatures avec  de longs yeux verts, des lèvres pulpeuses et la voie douce, propre à rassurer les patients. On est loin du compte avec vote épouse ! Bon, et votre gamin, il veut faire quoi ? »

« Animateur de télé. »

« On n’y est pas du tout. Les animateurs de télé ont les cheveux brillants, l’œil clair, les dents blanches et le débit oratoire facile. Y’a du boulot pour votre fils ! »

« Vous n’avez pas bientôt fini avec vos stéréotypes à deux balles. Le métier que l’on choisit ne détermine pas le physique que l’on supporte. Et vice-versa d’ailleurs. On peut être maigre et boulanger, moche et infirmière et passer à la télé en ayant des problèmes de dentition. Et vous, d’ailleurs, vous faites quoi ? »

« Moi, ça va. Je suis rondouillard et chauve. Je porte des lunettes, un costard trois pièces et une montre à gousset dont la chainette dorée barre mon estomac avantageux. Je suis donc notaire, ça va de soi. »

« Et ça vous plait ? »

« Non, mais c’est comme ça. Avec la tête que j’ai, que voulez-vous que je fasse d’autre. Je ne vais tout de même pas être joueur de foot ! »

« Et votre fille ? »

« Elle a des longs cheveux filasses, les paupières tombantes, la mine triste, des pulls rapiécés et trop grands pour elle. Elle fume comme un pompier. Elle sera donc chômeuse. »

« Avec vous, c’est pratique : tout est prédéterminé. Il suffit de regarder quelqu’un pour dresser sa carte d’identité. Je suis un peu scandalisé par un tel point de vue. »

« Bon. Parfait. Je vois que nous avons des divergences. Je connais votre métier en vous regardant et maintenant, je sais votre orientation politique en discutant avec vous. »

« Vous devriez être psychologue ou quelque chose qui commence par psy…  Psychopathe peut-être ? »

Sans dessus dessous

9 janvier, 2013

Kevin a passé son pardessus

Pour aller voir Théo sous sa tente.

Il est sûr de le trouver à cette heure.

Théo n’est pas encore saoul.

En-dessous d’un certain seuil d’ivresse, on peut discuter avec lui.

Le talent de Kevin pour la conversation est au-dessus de la moyenne.

Mais il ne sous-estime pas l’intelligence de Théo

Qui est capable de se surpasser dans ses grands jours.

Il faudra que Kevin soumette son cas à la Science.

Méfiance, méfiance

9 janvier, 2013

« Moi, je me méfie de tout ce que l’on me dit. Par exemple, si vous me dites que votre belle-mère habite dans la Creuse. Aussitôt, je vous suspecte ! »

« Ah bon, pourquoi ? »

« Vous pourriez essayer de savoir où la mienne vit et être animé de mauvaises intentions à son égard. Ou tout simplement savoir si j’ai une belle-mère pour en déduire des choses sur mon état matrimonial, l’air de rien ».

« Remarquez que je pourrais aussi vous demander si vous si vous êtes marié. Ce serait peut-être plus simple.»

« C’est encore pire. En fonction de ma réponse, vous allez émettre des observations sur l’ambiance dans mon ménage. Par exemple, si je laisse échapper un soupir de lassitude, vous voilà installé dans le quotidien de mon couple ! C’est très indiscret ! »

« Bon… Et si je vous dis que je joue au tennis ce soir. »

« Alors là, pardon…. Vous cherchez à me coincer. Je ne peux pas vous répondre que je m’en fiche complètement, vous allez encore le prendre mal. Je ne peux pas vous dire non plus que je n’ai jamais touché une raquette pour que vous n’en concluiez pas que je suis d’une grande maladresse. J’en viens à vous soupçonner de chercher à savoir ce que je fais ce soir. Ce qui bien entendu ne vous regarde pas. Certes, je ne fais rien d’intéressant, mais ce n’est pas une raison pour essayer de me piéger. »

« Je n’ose même plus vous parler du temps qu’il fait. »

« Vous faites bien parce que je suis sûr que vous diriez à tout le monde que je n’ai pas de conversation. Ce serait un comble ! »

« On peut peut-être essayer la littérature. Vous lisez quoi en ce moment ? »

«  Non, ça convient encore moins ! Si je vous dis que ça fait dix ans que je n’ai pas ouvert un livre, vous allez me traiter d’inculte devant les collègues. En plus, ça va vous obliger à être hypocrite en essayant de trouver une bonne raison à ma nullité du genre : ah oui, c’est vrai avec tout le boulot qu’on a au bureau, on n’a même plus le temps de bouquiner ! Et si je vous dis que je lis un auteur compliqué, vous allez insinuer que je me complais dans la pédanterie. »

« Je vous remercie donc de ne pas me mettre mal à l’aise. »

« Evitez de trop me remercier. C’est de la flagornerie. Vous allez sûrement me demander un service ou quelque chose de délicat. »

« Non, mais si vous y tenez, je peux faire un effort. »

« Ne vous mettez pas en peine pour moi. Je suis quelqu’un de simple. Je n’aime pas déranger les autres. »

Rouges

7 janvier, 2013

Momo rouille dans sa banlieue.

En compagnie de son gros chat roux.

Il va devenir cramoisi de colère s’il ne bouge pas.

Il prendrait bien le train pour Bordeaux.

Un train Corail, bien sûr.

Ou bien il pourrait aller à a campagne s’étendre dans un champ de coquelicots.

Ou encore se mettre à la culture des tomates.

Il gagnerait de quoi offrir un rubis à sa belle.

Qui piquera un joli fard à ses joues.

En haut de l’échelle

6 janvier, 2013

« J’ai un succès fou. Tout ce que je touche réussit au-delà de mes espérances : le boulot, les femmes… tout ! Il va falloir que je m’arrête un peu…. »

«Ça ne vous monte pas à la tête ? »

« Si un peu. Je me trouve nettement supérieur aux autres. Je ne salue plus personne. Il faudrait que je redescende sur terre. Vous n’auriez pas un moyen de m’aider au lieu de me regarder passer, le nez  enfariné ? »

« Bin, je ne sais pas… Essayez de vous souvenir du temps où vous ramiez comme un malade. Rien ne vous réussissait. Vous veniez pleurnicher. Vous  vous comportiez comme un looser… »

« Euh… justement, je n’ai pas trop envie qu’on me le rappelle. J’aimerais mieux dire que je me suis toujours senti promis aux plus hautes destinées. Dès l’enfance. Ça colle mieux avec mon personnage. Il ne faudrait pas que les gens croient que j’ai réussi par hasard parce que je pourrais redescendre rapidement du faîte de la gloire. »

« C’est compliqué. Vous voudriez être au sommet sans en connaître l’ivresse. »

« C’est ça. Si vous pouviez me parler comme à un être normal, ça m’aiderait… Comme à votre collègue de bureau par exemple… »

« Tu viens… on va déjeuner à la cantine… »

« Vous rigolez ou quoi ? Moi, je déjeune tous les jours dans un quatre étoiles. Il faudrait me parler sans oublier les égards qui me sont dus.  »

« Cher ami, nous pourrions nous retrouver ce week-end dans ma propriété de Deauville. Je viens justement d’y faire aménager un dix-huit trous… » 

« Non, décidemment ça ne va pas… Vous allez me parler de mes succès tout le week-end… Ce n’est pas comme ça que je ne vais pas attraper la grosse tête.»

« Ça tombe bien parce que je n’ai absolument pas de propriété à Deauville. A peine un petit studio dan la banlieue parisienne.»

« Parlez-moi plutôt de vos échecs pour que j’ai conscience des dangers auxquels j’échappe grâce à ma notoriété. »

« Bien… Ma société va être vendue aux financiers du Qatar. Des gens impitoyables. Encore pires que les Américains. J’ai une bonne chance d’être licencié et de ne pas retrouver de boulot. A cinquante ans, c’est compliqué. »

« Super !  Vous voyez quand vous voulez vous donner un peu de peine. Là, je me sens tout de suite mieux. Du haut de mes privilèges, je peux observer vos petits malheurs et exprimer un peu de compassion. Je vais pouvoir organiser une émission de télé pour vous venir en aide. J’aurais la conscience tranquille. Ma capacité à  être proche du peuple sera reconnue et, si tout va bien, ma gloire en sortira fortifiée. »

Couleurs

5 janvier, 2013

Je vois la vie en rose

Je n’ai pas de bleu à l’âme.

Tous les clignotants sont au vert.

La grisaille du quotidien, ce n’est pas pour moi.

La journée est à marquer d’une pierre blanche.

On déroule un tapis rouge sous mes pas.

Je pratique l’humour noir

Pour faire rire jaune.

Tout en dégustant des marrons glacés.

Les suspicions de Perette

4 janvier, 2013

Perette est une fermière prudente.

Elle ne met pas tous ses œufs dans le même panier.

Lorsque la récolte de blé est rentrée, elle veille au grain.

Elle s’assure que sa cave est pleine et qu’elle n’est pas sur la réserve.

Elle la regarde même deux fois.

Tard dans la nuit, elle veille.

Le matin, elle nettoie ses oreilles pour éviter les puces.

Puis se mire dans une glace pour mettre ses lentilles qu’elle a à l’œil.

Enfin avant de les mettre, elle examine ses vêtements sous toutes les coutures.

L’as des as et le moyen des moyens

3 janvier, 2013

« J’ai toujours été premier en classe. »

« C’est une situation qui devait être difficile à gérer. »

« Oui, d’autant plus que j’ai décroché facilement de nombreux diplômes. Au boulot, je suis considéré comme un as. A la maison, je suis un mari et un père modèle. Je ne dois pas décevoir. »

« Je comprends. Moi, j’ai toujours été dans le milieu du peloton. Je n’avais ni les moyens ni l’envie de faire mieux. Juste ce qu’il faut pour s’en sortir. Telle était ma ligne de conduite. C’est beaucoup plus confortable. Comment vivez-vous votre situation ? »

« J’essaie d’être modeste. Je suis excellent en tout mais je ne le montre pas trop pour ne pas me couper du reste du monde. J’espère cependant que les autres s’aperçoivent de temps à autres de mes qualités exceptionnelles. J’aime bien qu’on me le dise. Pas tous les jours, mais quelquefois quand même. »

« Cela doit être dur de crouler sous les compliments. J’ai du mal à imaginer ma réaction dans un tel cas qui ne risque pas de me concerner. »

« Il faut savoir accepter les louanges avec réserve. Je dis que beaucoup peuvent faire aussi bien que moi en étant sûr du contraire. Ou bien, je déclare que mon succès est celui de l’équipe qui m’entoure. Mais, il ne faut pas trop en faire non plus. Sinon, on louera ma modestie en plus de mes qualités intrinsèques. Je ne m’en sortirai plus. »

« Je compatis. Personnellement, je ne risque pas d’être complimenté. Je suis moyen en tout. On ne me remarque pas. Ma modestie est intacte, personne ne cherche à l’éprouver. »

« Vous manquez peut-être un peu d’ambition ? »

« Euh… complètement, oui. Mais vous, comment pouvez-vous en avoir encore puisque vous êtes premier partout ? »

« C’est vrai. J’ai du mal. Quand on est tout en haut de l’échelle, c’est difficile de se maintenir. Parfois certains se hissent à ma hauteur. Il faudrait que je les frappe pour qu’ils redescendent, mais je préfère les applaudir. Comme ça, s’ils montent plus haut que moi, ils hésiteront à me mépriser. On a tous besoin de laudateurs. D’ailleurs, je vous félicite pour l’excellente analyse de votre situation. Il est rare de rencontrer un médiocre qui ait une conscience aussi aiguisée de sa situation. »

« Euh… pas trop de compliments, s’il vous plait. Je n’ai pas l’habitude. Ce n’est pas digne de mon rang dans la société. Je ne sais pas briller aussi bien que vous. »

« Vous avez raison. Je devrais faire attention. Je ne sais pas rentrer dans le rang et m’en contenter sereinement. Il ne faut pas forcer sa nature. Je suis fait pour être admiré. »

« Oui, allez. Bon courage ! Si vous avez besoin d’en parler, n’hésitez pas… »

De la coupe aux lèvres

2 janvier, 2013

Certains n’ont pas eu de bol.

Ils ont bu la tasse.

Ils ont été battus en quart de finale.

Flûte, alors !

Lui, il a gagné la coupe.

Il a décroché la timbale.

Il peut lever son verre.

Attention ! Qu’il ne chope pas la grosse tête !

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