Tout le monde a des soucis
22 janvier, 2013« J’ai beaucoup de soucis. J’ai ravagé mon trombone, mon stylo à bille bave, je n’ai plus de post-it, la mine de mon crayon s’est brisée… Comment voulez-vous que je travaille efficacement ? Tous ces désagréments me stressent ! La direction ne se rend pas compte de mes conditions de travail ! »
« Et moi donc ! Ma machine à laver a rendu l’âme. Ma chasse d’eau fuit. J’ai fait tomber mon portable dans la baignoire. Il faut que je change les essuie-glaces de ma voiture. Mon ordinateur est plein de virus… »
« Holà ! Vos petites histoires ne sont que des vétilles enfantines ! Je suis beaucoup plus ennuyé que vous, moi ! Il faut que je mène le chien au vétérinaire, ma tante fait une crise d’asthme, mon gamin ne fiche rien au collège, mon banquier trouve à redire sur mes dépenses, j’ai des difficultés à payer mes traites… »
« Vous me faites bien rire ! Moi avec mes responsabilités de direction, c’est autre chose. Mes actionnaires veulent plus de bénéfices, mes syndicats ont déclenché une grève, mes clients ne me paient plus dans les temps, mes fournisseurs augmentent leur prix, les chinois sont moins chers que nous… »
« Je suis nettement plus embarrassé que vous tous ! Ma réélection n’est plus assuré, j’ai un problème de financement illégal de ma dernière campagne électorale, je ne passe plus à la télévision, je n’ai pas encore la légion d’honneur, le président ne me parle plus, le premier ministre ne me confie pas de mission… »
« N’exagérez pas vos petites contrariétés. Les américains ne veulent pas signer le traité sur la dépollution atmosphérique, les allemands raflent tous les marchés en Asie, les belges et les suisses accueillent nos exilés fiscaux, les pays africains nous envoient leurs populations déshéritées, les néo-zélandais nous battent en rugby, ma côte de popularité baisse. Çà, ce sont de vrais problèmes. Heureusement que je suis là pour faire face. Les gens ne se rendent pas compte de ma force de caractère… »
« Tonnerre ! Et moi ! Vous croyez que je m’amuse ? La guerre n’en finit plus en Afghanistan. La Mafia est partout. Tout le monde ment à tout le monde. Les uns s’empiffrent pendant que les autres ont faim. La spéculation financière continue à détruire imperturbablement les économies. La calotte glacière se rétracte de plus en plus à cause du dérèglement climatique. Les religions ne s’entendent plus. Et il faudrait que je sois content de vous ! Il faudrait qu’en plus des miens, je prenne en charge tous vos petits désagréments !»
« Euh… bon, si on pouvait en revenir à mon cas… pour mon tube de colle qui est tout sec, on fait comment ? Je n’ai plus de timbres, il faudrait que quelqu’un passe au bureau de tabac ou à la poste. »
« Mais on s’en fout de votre pot de colle ! Vous voyez bien que je suis en train de rabibocher la Chine et les Etats-Unis. Et les tsunamis au Japon, hein ? C’est peut-être vous qui allez vous en occuper ? »
« Mon Dieu… »