Conseils pour dire des choses pas forcément intelligentes
13 janvier, 2013« Pourquoi vous riez toujours à la fin de vos phrases ? C’est assez agaçant. Et puis on ne comprend pas toujours ce que vous dites. »
« C’est une tactique d’auto-défense que j’ai mise au point depuis longtemps. Comme ça, si je dis une bêtise, tout le monde croit que je me moque de moi-même et que je sais manier l’autodérision. Je passe pour un type qui a de l’humour. L’honneur est sauf. C’est important l’honneur ! Vous comprenez ? »
« Euh… Non, il y a d’autres méthodes si vous craignez de dire des âneries. Vous pouvez, par exemple annoncer : je vais peut-être dire une ânerie mais je pense que…. C’est assez couramment employé. Comme ça, vous prévenez tout le monde et vos interlocuteurs ont le temps de s’attendre au pire. Vous vous en tirez honorablement puisque, si ça tourne mal, vous pourrez dire que vous aviez prévenu votre auditoire de l’indigence de votre remarque. Vous bénéficierez des circonstances atténuantes.»
« Il y a un risque, c’est qu’un esprit fort me fasse remarquer que je ne dis toujours que des bêtises et que, par voie de conséquence, ce n’est pas la peine de le rappeler à tout le monde. L’assistance pourrait s’esclaffer à mes dépens.»
« Alors là, le mieux est de proférer vos stupidités d’un air très sérieux, ça leur donnera beaucoup de poids. Vous ne seriez pas le premier à pratiquer de la sorte. La plupart de vos vis-à-vis ne penseront pas forcément à une gaucherie. Certains vous loueront même pour l’originalité de votre point de vue et la clarté avec laquelle vous l’énoncez. »
« C’est intéressant. Mais si un malin me démontre de manière de manière rigoureuse que j’ai tort, j’ai l’air d’un nigaud puisque je n’aurais pas annoncé que j’allais dire une bêtise. Je resterai bouche bée et bien embarrassé. »
« Il vous reste la possibilité de dire que ce que vous venez de déclarer ne représente que votre point de vue et que vous comprenez très bien que d’autres opinions puissent s’exprimer. Comme ça vous passerez pour un homme qui sait rester solide sur ses convictions et en plus pour un être ouvert qui sait reconnaître la pluralité des avis. Il y a toujours une manière de s’en tirer. »
« Oui, mais enfin, globalement je préfère ne pas être contrarié quand je dis quelque chose, ça me déstabilise. Et puis, je n’ai pas toujours d’arguments suffisants pour dire quelque chose de cohérent sur tous les sujets. On devrait avoir le droit de dire n’importe quoi. »
« En toute dernière extrémité, si vous vous sentez débordé par l’adversité, vous pouvez aussi révéler d’un air satisfait que vous avez dit n’importe quoi pour piquer au vif votre contradicteur, le pousser à réagir et ainsi animer plaisamment le débat. On vous prendra pour un homme très fin qui sait valoriser les autres sans craindre de se mettre lui-même en porte-à-faux ! »
« Oui, c’est pas mal pensé votre truc. Vous avez encore d’autres conseils ? »
« Oui, un dernier tout de même. Le mieux serait de ne pas dire de bêtises. Pour ça, il faudrait vous contenter d’intervenir sur les seuls sujets de votre compétence ! »