Archive pour le 1 janvier, 2013

Soyons tristes !

1 janvier, 2013

« Vous avez l’air joyeux. »

« Oui, c’est interdit ? »

« Bin… oui. Il faut être inquiet. C’est obligatoire. C’est constitutionnel. Mais rassurez-vous, vous avez un large choix. Vous pouvez être inquiet du chômage, des maladies, de la faible croissance, du réchauffement climatique, de la baisse du niveau culturel des enfants… Il n’est pas nécessaire d’être soucieux de tout. Au moins pour commencer. Mais arrêtez de vous promener avec cet air de contentement ! »

« Pourtant, si tout le monde était optimiste… »

« … on serait tous dans la panade ! Ce serait l’anarchie ! »

« Comment ça l’anarchie ? »

« Et bin…. Le rôle des gouvernants est de dire que nous sommes inquiets et qu’ils vont se charger de nous rassurer grâce à leurs mesures énergiques. Si plus personne n’est inquiet, il n’y a plus besoin de se rassurer, donc le gouvernement n’est plus nécessaire : c’est donc bien l’anarchie qui nous pend au nez ! »

« Je n’y avais pas pensé… »

« Imaginez un monde où tous les gens seraient joyeux et optimistes. De quoi parlerait-on, puisqu’il n’y aurait aucune crainte à avoir ? Comment pourrait-on faire travailler les salariés puisque plus personne n’aurait peur de l’avenir ? Vous voyez… Si tout le monde se met à rigoler de tout benoîtement en suivant votre exemple, il n’y a plus de vie sociale possible ! Vous êtes un vrai danger. Une rééducation s’impose. »

« D’accord, je vais m’y mettre… »

« Bon ! Et puis évitez-moi votre ironie sarcastique parce que c’est interdit aussi. Il faut être sincèrement dévoré d’inquiétude. Je reconnais qu’avec votre niveau de revenu, votre santé éclatante et vos enfants qui travaillent bien à l’école, ce n’est pas très simple. Je vais parler de votre cas aux services sociaux, ils auront sûrement une solution. Heureusement que nous nous sommes rencontrés. »

« En effet, je vous remercie. Je commence déjà à être inquiet de ne pas être inquiet. Ma sérénité m’angoisse grâce à votre aide. Je vais arrêter le sport pour ne pas être en trop bonne santé. Et si je demandais une baisse de salaire à mon patron ? Ou alors peut-être devrais-je rapatrier mes avoirs en Suisse pour qu’ils soient correctement imposés ? Et mes enfants ? Qui va leur apprendre à tout casser dans la rue ? »

« Ne craignez-rien ! Rassurez-vous : Nos gouvernants sont là et tiennent solidement la barre.  Nous allons construire l’avenir qui – je le rappelle au passage-  est devant nous… Certes, il y aura des sacrifices à faire, mais bientôt vous serez comme tout le monde : pessimiste, anxieux, tourmentés… En un mot, malléable. »

Vite, vite !

1 janvier, 2013

Un coup de vent balayait la campagne.

Un éclair apparut dans le ciel.

Le clocher d’un village s’élevait dans les nuages, comme une flèche.

Louis avait prit le bon train.

Un rapide.

C’est mieux qu’une diligence.

A l’arrivée, il dinera au fast-food.

Puis il boira un expresso.

En vitesse.