Archive pour décembre, 2012

Faire le beau

20 décembre, 2012

« Qu’est-ce que le beau ? »

« Vous avez de ces questions… Moi, je vous en pose une autre : est-ce que c’est important de savoir ce qu’est le beau ? »

« Oui, on a tout de même le droit de s’interroger sur ce que l’on dit. Pourquoi dira-t-on d’une vue ou d’un tableau que c’est beau ? Il faudrait éliminer les gens qui ne trouvent rien d’autre à déclarer devant un spectacle et qui éprouvent le besoin de s’exprimer tout de même. »

« Eh bien… dire que c’est beau, ça sert déjà à ça : permettre à des personnes de se prononcer sur une chose à propos de laquelle il n’ont pas grand-chose à dire. Remarquez qu’ils pourraient dire que c’est moche. C’est aussi une manière de se distinguer. »

« Revenons à nos moutons. Pour moi le beau, c’est le contraire. C’est justement quand on n’a rien à dire. C’est quand un paysage ou une œuvre d’art vous coupe le souffle. Vous êtes là, béat d’admiration, les bras ballant et vous n’en revenez pas. »

« C’est une vision extrême de la beauté. Moi, ça ne m’arrive pas souvent de rester bouche bée devant une œuvre d’art. Devant une femme peut-être. La beauté, c’est plutôt une douleur. Quand je croise un joli minois, j’ai une espèce de pointe qui me pique l’estomac. Vous voyez ce que je veux dire ? Vous n’avez pas le même sentiment ? »

« Euh… là, nous sommes dans les conséquences sensuelles de la beauté. Bon, admettons que ça fasse partie de la question. Moi, je vous demandais plutôt quelle était la cause de votre jugement esthétique si favorable. Poursuivons sur l’exemple de la beauté d’un visage si vous voulez, j’ai l’impression que ça vous inspire plus que l’art. »

« Mais c’est de l’art parfois ! De l’art à l’état brut et naturel, comme un paysage. Une beauté, c’est d’abord un truc évident. C’est le mot qui convient le mieux à ce que je pense. Un ensemble où tout est tellement bien à sa place qu’on se demande pourquoi tout n’est pas comme ça. Si vous regardez la tête des gens, il y a dans la grande majorité des cas quelque chose qui cloche par rapport au reste : des oreilles décollées, une verrue sur le nez, des sourcils trop épais, un menton proéminent… Et puis, de temps en temps, il y a un miracle, tout est en ordre, une espèce d’équilibre naturel se dégage. »

« Je vois. Mais c’est peut-être un point de vue discutable. J’ai des photos de vieillards ridés, voutés, décharnés, mais qui libèrent une sorte d’aura. On a l’impression que des détails qui pourraient être appréciés négativement prennent ensemble une autre dimension. A mon avis, c’est dû à ce petit quelque chose qui peut s’appeler l’âme d’une personne. Vos mannequins de magazine sont sûrement de belles personnes, mais elles sont complètement lisses. Aucun sentiment ne semble les animer. »

« Des plats de nouilles, si je vous suis bien. Je connais quelques vedettes qui vont être contentes. »

« C’est vous qui avez pris le cas de la beauté humaine. Mais je pourrais vous dire la même chose de peintures qui n’ont aucun intérêt, même si elles sont techniquement proches de la perfection ; elles ne sont pas forcément belles. Le millième tableau d’un mas de Provence au milieu d’un champ de lavande par exemple… »

« Et la Joconde ? »

«La Joconde ?  Euh… pour quelqu’un qui a peu de culture artistique comme vous, ça peut être un bon commencement. On a toujours l’impression que la Joconde interpelle son contemplateur avec son sourire en coin… »

Amen !

20 décembre, 2012

Léonard est gras comme un moine

Mais il fait un travail de bénédictin

Dans un silence religieux.

Il sait ne pas se disperser aux quatre points cardinaux.

Il peut être aussi très spirituel.

En voyage, il se contente d’hôtels modestes.

Berthe, sa sœur est sympa : c’est une bonne sœur.

Son père travaille dans un ministère.

Il fait office de conseiller politique.

Léonard lui est très fidèle.

Bonjour messieurs-dames !

18 décembre, 2012

« J’aime bien frauder. Un petit peu, pas trop, ça me donne l’impression d’accroître mon espace de liberté. Quand j’étais gamin, j’imitais la signature des parents pour faire ce que je voulais au collège ou au lycée. »

« Ce n’est pas très bien. »

« Non, mais on l’a tous fait. Vous n’avez jamais grillé de feu rouge lorsque les forces de l’ordre ne regardaient pas ? Hein ? Ou alors franchi tranquillement une petite ligne jaune ? Ou bien voyager sans billet dans le train ? »

« Bin… non. Si tout le monde fait comme vous, on ne peut plus vivre en collectivité. Ce n’est guère citoyen comme attitude ! Et puis moi, ne pas être en règle dans le train, ça me stresse pendant tout le voyage. »

« Vous n’en avez pas marre, vous le bon citoyen, d’être continuellement bridé. Je parie que vous descendez sur le trottoir devant chez vous pour fumer.  Bientôt, on vous dira où il est permis de boire un coup… »

« Peut-être mais d’abord je ne fume pas. Ensuite je trouve normal de ne pas gêner les autres. Faites n’importe quoi si vous voulez, mais n’embêtez pas votre voisin ! »

« Pff !!! Ce n’est pas très motivant. J’aime bien que les autres remarquent ma capacité à braver les interdits sociaux. Par exemple, si je traverse en dehors des clous, je ne dérange personne. J’ai le droit, d’après vous ? »

« Bin … oui et non…. Si vous vous faites renverser, vous vous rendez compte ? Vous dérangerez tout le monde : pompiers, ambulances, médecins… Et en plus, vous aggraverez le déficit de l’assurance-maladie. Vous comprenez ? Dès que vous transgressez une règle, c’est toute la société qui en pâtit. Par votre faute. »

« Bon et si je prends des distances avec les convenances sociales ? Par exemple, si je ne dis pas bonjour en arrivant quelque part, je ne creuse aucun déficit… »

« Oui, mais lors là, on touche au problème de la courtoisie. »

« A quoi ça sert la courtoisie ? »

« A reconnaître l’existence de votre interlocuteur. Vous lui dites que vous êtes là à son écoute et vice-versa. Si vous ajoutez : comment ça va ? C’est encore mieux. Vous allez me dire que vous vous en fichez complètement, mais c’est un passage obligé. Sinon, vous êtes malpoli. »

« Pff… je suppose qu’il faut aussi lui serrer la main ou lui faire la bise. Bref, échanger nos microbes. Ce n’est guère hygiénique. »

« Peut-être, mais enfin si vous ne le faites pas, vous vous donnerez l’impression d’être libéré des contraintes sociales, mais vous allez vous isoler. »

« Je comprends, il vaut mieux être comme tout le monde : malade, mais intégré.»

Notre rubrique météorologique

18 décembre, 2012

Il fait un froid de loup.

Ou alors de canard. C’est comme on veut.

Il pleut comme vache qui pisse.

Ça va mouiller les poules.

Le vent souffle à décorner les bœufs.

Les crocodiles versent des larmes.

Nous avons un temps de chien.

Une hirondelle passe, mais elle ne fait pas le printemps.

Ce n’est pas la peine de hurler comme un veau.

 

Les hommes providentiels

16 décembre, 2012

« Les rats quittent le navire. »

« Il vaut mieux, avant qu’il ne coule. Les rats ne sont pas aussi bêtes que ça. Si j’ose ainsi m’exprimer. »

« Mais les causes désespérées ne sont-elles pas les plus belles ? »

« Si, peut-être, mais ce n’est pas une raison pour couler avec. »

« Ce n’est guère courageux comme posture. »

« Oui sans doute, mais il s’agit moins de courage que de rester en vie. Et puis, je trouve qu’il y a quelque chose d’orgueilleux à vouloir à tout prix redresser une situation désespérée. Il y a deux solutions. Ou bien, on y parvient et c’est une façon de se monter plus fort que les autres. Ou bien on échoue, et on espère que les autres se souviendront avec beaucoup d’émotion du courage déployé par le soi-disant sauveur. Si de plus, on pouvait lui ériger une petite statue, ce serait pas mal. Dans tous les cas, ce dernier se prend pour l’homme providentiel ».

« Mais l’Histoire a été faite d’hommes providentiels. »

« … Et d’hommes moins providentiels, si vous voyez ce que je veux dire. Mais, en même temps, c’est normal, il est plus facile de mobiliser un homme qu’une foule. Si plusieurs hommes providentiels émergent, il y en aura forcément un qui voudra être plus providentiel que les autres. Moi je préfère les hommes de compromis aux hommes providentiels. Il faut aussi beaucoup de courage pour écouter tout le monde et trouver la solution qui mécontentera le moins de gens possible. »

« Oui, mais enfin, si on fait comme ça, on ne fait jamais rien de grand. C’est du gagne petit. On tombe forcément sur les solutions les plus médiocres. »

« Je suis d’accord. Si personne n’avait pris des risques personnels, on n’aurait peut-être pas découvert l’Amérique ni grand-chose d’autre, d’ailleurs. L’idéal finalement, c’est que les hommes providentiels se la jouent modestes. Après avoir réalisé leur exploit, ils pourraient se retirer humblement dans un coin de campagne tels l’empereur Cincinnatus qui retourna à sa charrue après avoir régné. »

« Je reconnais que c’est assez classe ! Malheureusement, on n’en est plus là. Non seulement les gens veulent se faire remarquer en se dévouant à des grandes causes, si possible un peu désespérées, pour avoir l’air de partir du plus bas possible, mais après ça, ils veulent faire carrière. Sinon ils vont se mettre à penser qu’on les considérera comme des has-been. Et le résultat, c’est qu’ils écriront un livre de plus pour qu’on se souvienne d’eux. On a tout de même autre chose de plus intéressant à lire. »

« Moralité : si on n’est pas un rat, il vaut mieux rester sur le bateau qui coule à condition d’être sûr de pouvoir le redresser au dernier moment et de ne pas trop faire son malin après, parce que le sauvetage aura été opéré de justesse. Et puis, il vaudrait mieux ne pas recommencer parce que la deuxième fois on n’aura pas autant de chance. »

Tout change ?

15 décembre, 2012

« Le monde change. Il faut savoir s’adapter. Si vous restez sur les anciens schémas, vous serez vite dépassé ! La mondialisation des échanges, l’internet, la rapidité des communications, tout ça bouleverse notre quotidien. Nous allons vers une révolution de nos conditions de vie. Bougez-vous ! Prenez le train en marche ! »

« Oui, bon… Mais l’homme reste l’homme. Finalement ce qui le motive, c’est le pouvoir, le sexe et l’argent. Rien de neuf sur le soleil ! »

« On voit bien que vous avez du mal à évoluer. Prenons la question du pouvoir. Avec la prolifération de l’information maintenant, le pouvoir est partout. Accessible à chacun. Fini le temps où les politiciens pouvaient faire ce qu’ils voulaient dans leur coin. Le pouvoir est à portée de clic pour les internautes. »

« Ah bon, il n’y a plus de batailles pour la domination des uns sur les autres ? On ne se chamaille plus pour accéder aux plus hautes dignités ? Il n’y a plus de petits chefs arcboutés sur leurs prérogatives et la réalisation de leurs objectifs ?»

« Oui… bon, parlons de sexe. Aujourd’hui, la femme est respectée ! L’égalité des sexes est en marche. Le mari n’est plus le maître absolu du couple et de la famille. Dans certains cas, on peut même dire qu’il fait ce qu’on lui dit de faire. »

« Bon d’accord ! Les revenus des réseaux d’exploitation de la prostitution sont exsangues. L’industrie du film pornographique vit très mal. Les publicités sexistes ont disparues. A qualification égale, les salaires sont les mêmes ! »

« Euh… Vous ne comprenez rien. Il reste l’argent. Grâce à Dieu, nous avons d’autres valeurs aujourd’hui ! La solidarité avec les plus démunis, la construction d’un avenir radieux pour notre jeunesse, le travail acharné qui libère l’homme en lui permettant de se réaliser… »

«Oui c’est vrai. Nous n’avons plus de chômage, le pouvoir d’achat connait une croissance somptueuse, nous avons tous un toit sur la tête, les jeunes sont particulièrement motivés par leur course aux diplômes… »

« Vous ne voyez que le mauvais coté des choses. Nous sommes au XXIème siècle, on ne peut plus raisonner comme nos grands pères… »

« Sauf que nos grands pères pouvaient encore aller tranquillement au bistrot du coin après le boulot ou après la messe du dimanche. »

« Oui … enfin, lorsque les guerres mondiales les laissaient tranquilles… »

« J’en conviens, il y a du progrès. On a réussi à exporter nos guerres mondiales ailleurs. Mais nous avons un très beau conflit économique et surtout financier. »

« Alors là, mon pauvre… vous rêvez. La concurrence internationale ne date pas d’aujourd’hui. Le marché, ça a toujours existé ! »

« C’est bien ce que je vous disais… »

Temps de chiens

14 décembre, 2012

Le berger ramène son troupeau à l’étable.

Sur son passage, les lièvres  se réfugient dans leurs terriers.

Aujourd’hui, c’est la fête de son frère : la Saint Bernard

Celui qui est parti à Terre-Neuve

Pour faire boxeur.

C’était un vrai loup

Très collet monté.

Il parait qu’il est ami avec un pékinois.

Qui aime pointer à la pétanque.

Mentons !

13 décembre, 2012

« Je trouve que vous trichez beaucoup aux jeux. »

« Bin… oui, je n’aime pas trop me sentir inférieur aux autres, intellectuellement ou physiquement. Ça diminue ma confiance en moi. »

« Et avec la vie, vous trichez ? »

« Bof…. Comme tout le monde ! Par exemple, je traverse la rue en diagonale quand il n’y  a pas de policier pour regarder. Ou alors, je pousse la poussière sous le tapis quand ma femme n’est pas là et quand j’ai la flemme de sortir l’aspirateur. » 

« Oui, mais tout le monde le fait, ça. Vous n’auriez pas quelque chose de plus croustillant. Une maîtresse que vous cacheriez à Madame, par exemple. »

« Euh… oui, mais ça ce n’est pas de la triche. C’est la vie. »

« Je ne sais pas si c’est de la triche, mais c’est un gros mensonge. Vous trompez votre épouse et si ça trouve, vous trompez votre maîtresse si vous ne lui avez pas dit que vous êtes marié. »

« Mais tout le monde ment. Votre patron, par exemple, celui qui vous a fait beaucoup de compliments dans votre dernier entretien d’évaluation. Eh bien, il a menti…. La procédure d’entretien d’évaluation lui pompe tout son temps et son énergie. Il n’a aucune intention de se mettre encore plus de soucis sur le dos en vous adressant les reproches que vous méritez. »

« Il ne manquerait plus que ça… Mon travail est irréprochable ! »

« Vous voyez vous vous énerver tout de suite. Votre patron, il a besoin de paix sociale autour de lui qu’il achète avec un peu de mensonge. Le mensonge a des vertus qu’on ne soupçonne pas toujours. Sauf quand on a l’habitude de mentir. »

« Vous y parvenez ? »

« Euh… je me débrouille pas trop mal. Mais ce n’est pas toujours simple. Il faut savoir mentir efficacement. Par exemple, si je vous dis que j’aime bien parler avec vous, je mentirais, mais ce ne serait guère intéressant parce que vous allez en prendre ombrage et je risque de perdre un auditeur. Je ne tiens pas à me retrouver tout seul. Il me faut des interlocuteurs que je n’aime pas pour apprécier les autres. »

« Ça tombe bien parce que je ne vous aime pas beaucoup non plus. Mais ça m’intéresse toujours de savoir ce que pensent les gens que je ne supporte pas. Finalement, nous ne nous disons pas la vérité, mais ça nous arrange tous les deux. Le mensonge nous rapproche. »

« Euh… ça s’appelle plutôt de l’hypocrisie. »

« Si je résume : pour bien vivre avec autrui, il faut tricher avec les règles légales, mentir à ses proches et ne pas oublier d’être hypocrite pour maintenir ses relations avec les autres. Il ne faut pas s’étonner que l’on recense de plus en plus d’exclus de la société quand on voit le nombre d’honnêtes gens qui continuent imperturbablement à rester loyaux. »

Classiques !

12 décembre, 2012

Il se prenait pour un Dom Juan.

Il rencontra une femme qui était savante.

Une femme qui était allée à l’école.

A l’école ? J’en suis marri, dit-il.

Il lui offrit des pierres précieuses : « ridicules », dit-elle.

Il en conçut du dépit, l’amoureux.

Ensuite, il devint avare.

Il fallut le soigner. Malgré lui, on appela le médecin.

Mais il prit la fuite. « La malade est-il imaginaire ? », s’interrogea le médecin

Lequel, gentil homme, rentra dans sa maison où il vivait en bourgeois.

 

 

Deux héros

11 décembre, 2012

« Il s’est attiré les faveurs de cette femme. Comment a-t-il fait ? »

« Il s’y prend très bien. Il joue les vieux baroudeurs qui sait porter un regard distancié sur la vie. En y mettant beaucoup d’humour, évidemment. Elle s’est marrée toute la soirée. Moi quand j’essaie de faire la même chose, c’est catastrophique, j’arrive à sortir deux ou trous vannes mais je ne suis pas capable de tenir toute la nuit. C’est un métier ! »

« Oui, c’est comme moi. J’ai un petit réservoir d’astuces vaseuses, mais après la conversation roule vite sur des banalités. Peut-être pourrait-on échanger nos collections  de plaisanteries ? On pourrait faire un site pour les types qui sont un peu lourds dans ce genre de circonstances. »

« Oui, mais alors là, on va se faire agresser par les mouvements féministes. On aura l’air de penser qu’il suffit de faire rigoler une femme pour l’attendrir. Les femmes ont d’autres ambitions que de savoir rigoler de nos galéjades. Heureusement pour elles. Même moi, je ne me fais pas rire.»

« Bon d’accord. Mais alors comment on fait ? Moi, je veux bien qu’une femme me séduise en me faisant rigoler. Je ne déclencherai pas une manifestation de rue anti-sexisme pour autant. Je suis très bon public.  Mais les candidates ne se bousculent pas. »

« Pour moi, non plus. Il faut dire que je n’ai pas le style du vieux baroudeur au visage buriné par les épreuves de la vie, tout en ayant l’air serein et un regard plein de bonté pour ceux qui n’ont pas encore vécu. Comment pourrait-on faire pour se faire remarquer ? »

« On pourrait être des héros. Discrets bien entendu, mais en laissant quand même fuiter nos actes d’héroïsme pour qu’elles en soient informées et qu’elles louent non seulement notre dévouement, mais également notre modestie. »

« Il reste plus qu’à trouver une occasion d’héroïsme. Ça ne court pas les rues. Peut-être dans le domaine du sport, mais je cours le 100 mètres en quarante cinq secondes et trois dixièmes. Je ne vais pas aller bien loin avec ça. »

« Moi, c’est pareil. J’ai bien joué arrière gauche remplaçant dans l’équipe de foot du lycée, mais personne n’en a parlé. »

« Et dans le domaine artistique, vous savez faire quelque chose ? Chanter pour les plus démunis par exemple ? »

« Euh… non. Moi, on me paierait plutôt pour que je ne chante pas. « 

« On est mal partis. Le mieux serait peut-être de ne rien faire. Elles pourraient se poser des questions. Que cacheraient nos airs mystérieux ? Peut-être de grands poètes ou alors un aspect fascinant de notre existence que tout le monde ignore ? »

« D’accord. Vous ne voulez pas essayer pour voir ce que ça donne ? »

« Euh… non, vous. Moi, je me suis déjà fait engueuler par ma femme. »

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