Archive pour le 6 décembre, 2012

Donnant-donnant

6 décembre, 2012

« La vie est une succession de contrats. C’est normal. Vous avez continuellement le besoin d’échanger avec les autres. Vous donnez quelque chose et en contrepartie on vous rend un service ou un bien de valeur supposée égale. »

« Oui, c’est comme ça que ça fonctionne de manière plus ou moins implicite. L’école, le mariage, le boulot. Mais c’est autant de liens qui bâillonnent votre liberté. J’aimerais bien, par exemple, recevoir de l’argent sans rien faire.»

« Ça s’appelle la retraite. C’est pas mal, c’est un début de liberté, sauf que ça arrive à la fin. Comme pour vous donner un regret. En gros, on vous dit : voilà comment ça aurait pu se passer si vous aviez été libre de vos faits et gestes, mais vous n’allez pas en profiter longtemps. Dommage pour vous.»

« Remarquez, il y a une autre solution pour se sentir dégagé de tout lien. C’est de donner quelque chose sans attendre de contrepartie. Par exemple, vous décidez de traverser le Pôle Nord en traineau par un froid de canard. Gratuitement. Pour rien. »

« C’est assez noble comme ambition. Mais vous ne croyez pas que vous aurez envie de raconter votre exploit dans un livre au retour. Pour que ça vous rapporte argent et notoriété. Le mieux, ce serait que vous arpentiez la banquise sans que personne ne le sache ; ça ne me dérangerait pas. Ou encore que vous vous enfonciez sur les glaces sans en revenir. C’est pas mal non plus. »

« Si je comprends bien, c’est toujours du donnant-donnant. Et quand vous n’avez rien à donner, vous vous excluez de la société, voire de cette planète. »

« Il peut y avoir des exceptions. Par exemple, vous me devez cent euros. Mais comme je suis sympa, je ne vous les réclame pas. Vous êtes donc libre de me les rembourser ou pas ! »

« Bin… non. Parce que je suis taraudé par le remord et la gêne si je ne vous les rends pas. Je suis en quelque sorte prisonnier de moi-même et de mon amour-propre. C’est encore plus dérangeant que d’être contraint par une obligation sociale. Vous ne vous rendez pas compte ! Même quand on n’échange pas avec les autres, on échange encore avec soi-même. Et là, ça ne rigole pas. Les négociations sont sévères. »

« Vous avez bien raison. Prenons un autre exemple pour bien nous faire comprendre : je suis à la retraite et je n’en fiche pas une rame. Certes je ne dois rien à personne. Mais, au bout du compte, je vais me trouver paresseux et indolent. Ma dignité va m’interpeller. Il ne faut pas compter sur mon ego pour me ficher la paix ! »

« Bon d’accord. Je vais essayer un truc. J’arrive justement à la retraite moi aussi. Je m’embarque demain pour le Pôle Nord. Comme ça ma dignité, mon amour-propre … tout le monde sera content. En revenant, si je reviens, je ne dis rien à personne. Je mentirais en disant que je me suis offert une croisière au Bahamas. Tout le monde sourira : quelle chance ils ont ces retraités ! Mais je compte sur vous pour faire semblant de découvrir publiquement mon exploit sur la banquise en couvrant de louanges ma grande modestie puisque je ne m’en serai pas vanté. Après, je pourrai écrire tranquillement un livre sur ma traversée. »

Tout contre

6 décembre, 2012

C’est un individu controversé.

Il n’hésite pas à aller à contre-courant des opinions admises

Et à prendre ses interlocuteurs à contre-pied.

S’il le faut, il se dresse contre vents et marées.

Personne n’ose le contredire.

Ni même le contrarier.

Cependant, il aime faire des contrepèteries

Ce qui contraste avec son frère

Qui pratique la contrebande

Pour le contrarier.