Archive pour le 20 novembre, 2012

Nouveaux problèmes de voisinage

20 novembre, 2012

« Qu’est-ce que j’apprends ? Vous êtes allé en vacances à Arcachon ? Et sans prévenir personne ? Mais de quel droit ? »

« Il faut une autorisation ? »

« Evidemment, quelle question ! Si  vous vous étiez contenté du Périgord, passe encore…. Mais Arcachon ! Vous faites passer tous les habitants du quartier pour des pauvres ! Il faut davantage de concertation, mon ami. Nous sommes dans une organisation collective. En plus, on me dit que vous vous êtes tapé un poulet aux morilles dimanche ! Dans votre coin, sans en parler à personne ? Non mais où on va là ? »

« Si je comprends bien, on est dans une démocratie collective : chacun décide de tout, mais chacun décide de rien ».

« Ah, je vous reconnais bien là. On essaye de s’en tirer en maniant le paradoxe petit-bourgeois. Vous n’arrangez pas votre cas. Il faudrait arrêter de faire étalage de votre culture et de votre intelligence, ça dérange tout le monde. Mettez-vous un peu au niveau des autres. Partagez leurs sentiments, leurs attentes. Il n’y a pas que vous dans ce quartier.»

« Je constate simplement que je n’ai pas le droit de partir en vacances où je veux ».

« Bien  sûr que si, vous pouvez ! Mais il faut nous en parler avant pour que nous ayons le temps d’en débattre. Vous mettez en danger la cohésion sociale. Ce n’est pourtant pas très compliqué. »

« Je ne vois pas bien comment je m’en prends à la cohésion sociale en allant faire de la voile à Arcachon. »

« Vous ne voyez pas que vous vous pavanez dans les rues, tout bronzé, en pleine forme, sûr de votre santé ? Vous auriez au moins pu vous arrangez pour avoir mauvais temps pour ressembler à tout le monde : la mine blanche, hâve, défaite… Hmm ? »

« C’est-à-dire que je ne commande pas le temps… »

« Nous y voilà, vous essayez de faire le spirituel pour vous en tirer. Mais vous vous rendez compte que votre sens de l’humour agace toute la rue ? Vos grands airs supérieurs sont une insulte ! Pour qui vous prenez-vous ? Vous pourriez essayez de proférer des platitudes comme tout le monde ! Je ne sais pas moi… Essayez de me demander des nouvelles de la mère Méluchon, par exemple… ».

« Euh… à propos de la mère Méluchon ?… »

« Mon pauvre ami, à son âge… comment voulez-vous que ça aille ? Vous posez de ces questions ! On verra bien si vous ferez le fier à quatre-vingt dix ans ! La mère Méluchon ne va pas à Arcachon, elle ! Intéressez-vous un peu plus aux autres ! A moi, par exemple ! »

« Ah, alors ces vacances à Saint-Trop ? Validées par les commères du quartier  ?… »

« Oui, je les avais bien méritées … avec tout le boulot que j’ai… »