Archive pour octobre, 2012

Encore de l’intolérance !

11 octobre, 2012

« Il ne faut pas juger les gens avant de les connaître ».

« Moi, je juge d’emblée ! Au premier abord, je sais à qui j’ai affaire ! Le premier contact est déterminant. L’œil éteint, un pli amer au coin de la bouche, un teint terne et hop ! Je condamne la personne ».

« C’est très injuste de considérer un être humain en fonction de son physique ».

« Oui, mais enfin, j’y peux rien. J’ai des têtes qui ne me reviennent pas. C’est viscéral, ça me prend aux tripes. Je pense que je sens les méchants, les menteurs, les sournois avant même qu’ils me parlent tel le grand fauve qui renifle sa proie à plusieurs kilomètres de distance ».

« Vous vous rendez compte que vous ne laissez aucune chance à votre proie de se montrer ouvert, généreux, franc ou amical. Vous passez sans doute à coté de belles rencontres ».

« Ce n’est pas de ma faute. C’est l’instinct qui parle. Tenez vous, par exemple, j’ai tout de suite à la lueur arrogante qui flotte dans votre regard que vous êtes du genre à donner des leçons à tout le monde ».

« J’ai horreur de l’intolérance, c’est pour ça que je réagis aux manifestations de votre esprit obtus, fermé et méprisant ».

« Soyons sérieux, je ne vais tout de même pas me mettre à aimer tout le monde. Je ne me prends pas pour Jésus-Christ. Si un visage ou une allure me déplait au premier abord, il vaut mieux que je m’en éloigne. Si je commence à discuter, il se pourrait que je trouve de l’intérêt à la personne en question auquel cas je serais encore plus mal à l’aise ».

« Et pourquoi, je vous prie ? »

« Parce que je serais pris entre l’antipathie physique qu’elle m’inspire et l’attractivité de sa fréquentation intellectuelle. J’ai assez de soucis comme ça avec moi-même sans m’en inventer en discutant avec les autres ».

« Autrement dit, vous préférez être ami avec un individu qui a une bonne tête mais qui est complètement idiot ou peut-être mal intentionné ? »

« Dans un premier temps oui, c’est moins fatigant que de chercher de l’intérêt à un type dont le visage ne me revient pas. Ensuite si le mec me fait une crasse, je peux lui casser la figure puisque j’ai appris le connaître ».

« Vous avez réponse à tout ».

« J’essaie. Maintenant, il faudrait me laisser tranquille parce que je ne vous aime pas beaucoup. Et une fois de plus j’ai raison car vous me tenez des raisonnements extrêmement dérangeants. Si on continue, je pourrais vous trouvez intéressant alors que votre physionomie ne me plait pas. Bref, vous me mettez en contradiction avec moi-même, ce n’est pas très bien. Je préfère mes certitudes ».

Haut les coeurs !

10 octobre, 2012

Il est bien élevé.

Il sait résister aux montées d’adrénaline.

Il ne grimpe aux rideaux.

Mais iI est au sommet de sa forme.

Son coiffeur lui a fait une crête de coq.

Il monte à cheval.

Il sait prendre de la hauteur.

Il aura sûrement une augmentation.

A l’école des femmes

9 octobre, 2012

« La courbe de vos reins est parfaite ».

« Vous n’avez pas fini de détailler mon physique ! C’est bien masculin, ça ! Est-ce que je vous parle de vos courbes, moi ? »

« Il faut dire qu’elles ne sont pas aussi intéressantes que les vôtres. Mais, vous avez raison, maintenant il ne faut plus faire de compliments aux femmes. »

« Je ne vous ai pas dit de ne plus leur faire de compliments ; mais choisissez un peu mieux vos observations. Leur parler de leurs reins, c’est bien trop sensuel voire même un peu libidineux ! Recommencez pour voir ! »

« Bonjour, Mademoiselle, votre port de tête est royal ! »

« Et c’est comme ça que vous comptez les aborder ? Aucune femme ne pense à son port de tête. Elle soigne son visage d’abord, sa silhouette ensuite, mais son port de tête… Personne n’y pense… »

« C’est bien dommage ! On peut parler des yeux ? »

« Oui, c’est mieux. Mais on évite les trucs du genre : c’est à vous ces beaux yeux ? A moins que vous ayez envie de vous ramassez. Allez-y, essayez ! »

« Vos doux yeux me font penser à des perles de rosée ».

« Bien, alors là, elle s’enfuie. ».

« Pourquoi, ce n’est pas bien ce que je viens de dire ? »

« C’est beaucoup trop poétique. Pourquoi ne pas lui réciter des vers pendant que vous y êtes. On ne drague plus comme ça maintenant ! » 

« Bon, alors il vaut peut-être mieux ne pas leur parler de leur physique bien qu’elles fassent tout pour le mettre en valeur. Elle réussissent d’ailleurs ».

« Vous avez raison. Essayons autre chose ».

« Votre intelligence me subjugue, Mademoiselle. Quelle hauteur de vue ! Quel esprit de répartie ! Quelle pertinence d’analyse ! »

« Vous en faites beaucoup. Et puis, en vous concentrant sur son intellect, vous sous-entendez qu’elle est moche. C’est ennuyeux. Finalement, je me demande s’il faut leur dire quelque chose. Vous pourriez les ensorceler d’un simple regard à travers vos lunettes bon marché, ce serait moins risqué.  ».

« C’est-à-dire qu’avec mon air un peu bourrin, je n’envoûte personne. Il faut que je fasse la conversation, sinon… »

 

A notre rayon bricolage

8 octobre, 2012

La direction a donné un tour de vis au budget.

Il faut raboter les dépenses.

Ils sont marteaux.

Le service est pris en tenaille.

Jean s’en fiche, il en pince pour Marie.

Chaque jour, lorsqu’elle arrive au bureau, il est scié.

Son vieux vélo ne vaut pas un clou.

Il a du mal à faire la soudure en fin de mois.

Mais il sait que Marie, c’est sa planche de salut.

 

L’homme invisible

8 octobre, 2012

Je suis transparent. Un vrai cas. Partout où je passe personne ne me voit.

Il ya des personnes qui imposent leur présence. Moi, je domine par mon absence.

Les gens parlent de moi devant moi. Comme si je n’étais pas là. J’en apprends d’ailleurs de belles sur mon compte.

Personne ne m’adresse la parole. Lorsque quelqu’un se trompe en m’apostrophant, son entourage s’inquiète : il se pourrait qu’il s’agisse du cas pathologique d’un être humain qui parle tout seul.

Lorsque je tente de m’exprimer, seul le silence me répond. Même pas gêné, le silence. La conversation roule comme si je n’avais rien dit. D’ailleurs, je n’ai rien à dire puisque je suis transparent. Je ne retiens rien, pas la moindre réflexion, pas la plus petite information. Non seulement je suis transparent, mais je suis sans aucune épaisseur.

C’est d’ailleurs assez pratique : je peux me glisser dans une rame de métro même lorsqu’elle est bourrée, je ne tiens aucune place au sol. Personne ne m’a encore accusé de lui marcher sur les pieds ou de lui souffler dans le nez. De toute façon, quand j’entre quelque part, personne ne se pousse.

Intellectuellement, je n’ai aucune envergure. Je n’ai d’avis sur rien. Je prends l’avis des autres, c’est plus simple. Et puis, si j’ai tort, on sera au moins deux. En littérature, je ne lis rien. De toute façon, je n’arrive pas à me souvenir du titre des livres. Je mélange les auteurs. Qui pourrait s’intéresser au goût littéraire de celui qui confond Zola et Balzac, Lamartine et Diderot ?

J’existe néanmoins. Plus exactement, je respire. Pas trop fort, pour ne gêner personne. J’ai une enveloppe corporelle. La dernière fois qu’elle a été auscultée, le médecin n’a rien entendu. Il faut dire qu’il a mis un certain temps avant de s’apercevoir que j’étais assis dans son cabinet.

Dans un magasin, je tousse pour attirer l’attention des vendeurs. La plupart s’enfuient par peur d’un mauvais microbe. A la caisse, je dois insister pour payer mon dû.

Dans le train, on me demande si la place que j’occupe est libre. Le contrôleur oublie toujours d’exiger mon titre de transport. Il faut élever le ton pour qu’il consente enfin à faire un trou dans mon billet.

On m’oublie partout. Au restaurant, on ferme alors que j’en suis encore au dessert. Sur l’aire d’autoroute, le car part sans moi. Au bureau, tout le monde a été déménagé, sauf moi. Au foot, j’ai réussi à jouer à douze dans une équipe de onze. A la messe, il n’y avait plus assez d’hosties quand mon tour est arrivé. Au cinéma, je ne trouve même plus de strapontin.

Ma femme dit qu’elle est veuve. Mon fils s’est déclaré orphelin.

Globalement, je n’ai aucune importance. Dans le registre de l’inexistence, il y a des grades. Mon ambition est de passer de transparent à invisible.

En avant !

6 octobre, 2012

Jeannot fait courir le bruit de l’infortune de Fred

Mais c’est pour le faire marcher.

Fred saute sur l’occasion.

Pour dire qu’à l’occasion, Jean est un cavaleur.

Et un boursicoteur qui négocie des euro bonds.

Bref les relations entre eux pédalent dans la choucroute.

On peut dire qu’elles se déplacent sur le terrain du conflit.

Il ne faut pas précipiter un rapprochement

Pour ne pas prendre le risque que leur réconciliation patine.

Texte délicat

5 octobre, 2012

Jeanne dine dans la douceur d’un soir d’été.

Avec ses copines Félicité et Clémence

Elles  commandent d’abord un velouté d’asperge.

En dessert ce sera un moelleux au chocolat.

Jeanne admire les mollets de Clémence sous la table 

Gainés dans des bas de soie.

Après diner, elles feront une patience.

Puis elle parlera de Roger, la crème des types.

Qi travaille dans l’industrie du pétrole… raffiné.

Intolérances

4 octobre, 2012

«Vous avez une petite verrue sur le nez. »

« Ce n’est pas très poli de faire des remarques physiques sur les gens. D’autant plus que je sais bien que j’ai une verrue sur le nez, je n’ai pas besoin de vos remarques. Occupez-vous de vos affaires».

« Moi, je vous dis ça, c’est pour vous rendre service ».

« Surement pas. Vous trouvez ça disgracieux et vous me le faites remarquer pour que je me sente diminuer. Finalement, c’est plutôt pour rendre service à vous-même. Vous vous servez de moi pour vous sentir mieux dans vos baskets».

« Si je comprends bien, vous avez une verrue sur le nez pour me valoriser. Je vous en remercie. Vous n’auriez pas d’autres défauts physiques qui pourraient m’aider à me sentir supérieur ? ».

« Si, je suis trop petit ».

« Non, ça, ça ne m’arrange pas puisque je fais deux centimètres de moins que vous ».

« Et si nous arrêtions les comparaisons ? Une disgrâce physique n’est pas un indice d’inégalité. Nous sommes tous différents. Acceptons nos différences ! »

« Oui, enfin peut-être. Mais je préfère être différent avec mes atouts…. ».

« Vous voyez, vous recommencez à être intolérant. Vous ne seriez pas un peu extrémiste ? Vos opinions sont très suspectes !»

« Alors avec vous, parce que je n’ai pas de verrue sur le nez, je suis un terroriste ! Non mais où on va là ? »

« Vous ne comprenez rien. Je dis qu’avec vos remarques sur mon physique vous vous comportez d’une manière qui frise l’intolérance. Et je suis sympa ! Je pourrais employer d’autres termes.».

« Bon d’accord, je retire tout : vous n’avez pas de verrue, vous n’êtes pas myope, vous n’avez pas de cicatrice sur le front. Tout va bien !  Je vais faire des remarques sur moi, ce sera moins dangereux. Je ne vais pas m’accuser moi-même de fanatisme. Enfin, j’espère. J’ai un peu les oreilles décollées, les sourcils trop fournis, des poches sous les yeux, une légère inclinaison nasale, je marche en canard… »

« Oui c’est vrai. Je n’osais pas vous le dire. Mais si vous l’avez remarqué aussi  c’est différent. Finalement, vous n’êtes pas très normal. Enfin pas comme les autres quoi…. Vous me connaissez,  je sais admettre toutes les différences bien entendu, mais enfin, il y a des limites… »

Multi-syllabes

3 octobre, 2012

La vache se meut et dit « Meuh ».

Peter Pan pend le paon.

L’hurluberlu hue.

A la mi-aout, le chat fait : « Miaou ! ».

Ma nièce Agnès crie « Yes ! ».

Fifi fait fi du « Fi ! » de la fille.

Hélas ! Mathias se lasse et se casse.

Peuchère ! Il trouve la vie peu chère.

Sacristi ! S’écrie le prêtre en entrant dans la sienne.

Turlututu ! Lulu évolue en tutu !

Les vérités mauvaises à dire

2 octobre, 2012

« Heureusement que je suis là pour arrondir les angles parce que vous, vous n’êtes pas très diplomate ! »

« Bin, non ! Moi, je dis les choses comme elles me viennent ! »

« Il ne faut pas vous étonner d’être fâché avec tout le monde. Il faut savoir dire non, mais il faut aussi savoir dire oui. Faites comme moi. Ayez l’air d’accord avec votre interlocuteur. Il vous prendra pour quelqu’un de très accommodant avec lequel on peut discuter intelligemment. Après vous ferez ce que vous voudrez. Comme tout le monde ».

« Vous êtes toujours aussi hypocrite. Moi, je suis courageux, je fonce dans le tas et il arrivera ce qu’il arrivera. Je ne me dégonfle pas ».

« Vous êtes peut-être gonflé, mais vous êtes un être gonflé et solitaire. Personne ne vous parle. Même la secrétaire prend un gilet pare-balles pour rentrer dans votre bureau. Il parait qu’elles tirent à la courte –paille pour savoir laquelle vous apportera le courrier ».

« Je m’en fiche. Les gens qui n’ont rien à se reprocher ne doivent pas avoir peur de moi ! »

« L’ennui, c’est que même ceux qui n’ont rien à se reprocher savent que vous trouverez quelque chose qui ne va pas dans leurs prestations ».

« Si je comprends bien, je suis impossible à vivre ? »

« Oui c’est à peu près ça ».

« Donc, je vais changer….Vous êtes un homme très bien. J’apprécie tout particulièrement vos critiques et votre façon de me faire sentir que je suis une espèce de caractériel acariâtre, bête et méchant. Heureusement que vous êtes diplomate, sinon qu’est-ce que j’entendrais. »

« Alors là, vous interprétez mal ce que j’ai dit ! Vous ironisez lourdement à partir de mes propos ce qui démontre une fois de plus votre caractère entièrement négatif, plutôt porté aux sarcasmes qu’aux considérations positives ».

« A propos d’avancer, j’ai un petit peu de boulot en ce moment. Au lieu de m’accabler de vos reproches, vous pourriez me laisser travailler ».

« Et voilà, vous vous abritez derrière le travail pour ne pas entendre vos quatre vérités. Heureusement, que j’ai le courage de vous les dire ! »

« Heu… ne nous trompons pas, c’est moi l’homme qui n’a peur de rien. N’inversons pas les rôles s’il vous plait ! »

« Je n’inverse rien. J’essaie de vous démontrer qu’on peut énoncer la vérité tout en douceur ! »

« J’ai compris….  Envoyez-moi donc une abrutie de secrétaire !… »

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