Archive pour le 28 octobre, 2012

Les lignes de défense

28 octobre, 2012

« En général, je reste assez stoïque sous les critiques ».

« Allons ! Allons ! Vous avez envie d’être aimé comme tout le monde. C’est très humain, vous savez. Il n’y a pas de honte ».

« Peut-être, mais je ne veux pas être prisonnier des autres. On commence par vous flatter, vous mignoter, dirais-je même. Et à la fin, vous vous croyez obligé de faire ce que l’on attend de vous, pour ne pas décevoir ceux qui vous flattent. C’est un processus très insidieux ».

« Certes, mais nous sommes entre adultes. Si vous avez quelque chose de désagréable à dire, il faut le dire. C’est normal ».

« Vous cherchez à me culpabiliser. Moi, je ne m’exprime pas en fonction de ce que les autres disent. Je dis ce que j’ai à dire, et si ça ne plait pas, je reste stoïque sur les positions ».

« Vous êtes complètement bouché, quoi ! »

« Bin… oui. Dès que vous prenez en considération les arguments de votre interlocuteur, vous passez pour un être faible et influençable. Ce n’est pas mon genre. Moi, je suis un type qui sait ce qu’il veut, je dis ce que je pense. Assez courageusement, je dois bien le reconnaître ».

« C’est bien ce que je disais. Vous avez tellement peur des autres que vous ne prêtez pas attention à ce qu’ils vous répondent de peur d’avoir à affronter des arguments qui vous auraient échappé. C’est un système de défense assez classique ».

« Bon, je crois que je ne vous écoute plus parce que ce que vous dites commence à me déranger dans mes certitudes, ce n’est pas très sympa. Moi, je n’ai pas été examiner vos systèmes de défense pour les dénoncer aux autres ».

« Je ne me défends pas, j’ai l’esprit tranquille ».

« C’est ça… oui… Vous vous présentez comme un homme lisse pour qu’aucune critique ne s’accroche à vos basques, mais sous une apparence sereine, je sens sourdre une inquiétude métaphysique ».

« Ah bon ? Moi, je crois que vous êtes en train de contre-attaquer pou mieux vous protéger. C’est encore un système de défense ».

« Vous voyez de la  bagarre partout ».

« C’est la vie. On s’aime bien, mais on ne peut pas s’empêcher de se sentir agressé par autrui. On a le choix entre s’isoler ou parler aux autres, c’est-à-dire entre devenir fou ou se transformer en guerrier pour faire sa place dans la société ».

« C’est gai ! Et si on essayait de parler du temps. Il n’y a pas de conflit possible sur la couleur du ciel ».

« Bin… si. Comme il se met à pleuvoir et que vous êtes imprévoyant, vous allez sûrement me demander de vous prêter mon parapluie, dont j’ai un besoin pressant…Je ne vous le passerai pas, ça va vous contrarier et me culpabiliser. Vous voyez, on n’en sort pas».