Réflexion et action
14 octobre, 2012« Assez de mots ! Des actes ! »
« Moi, je veux bien faire quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Par exemple, si je fais des œufs sur le plat, est-ce que ça vous va ? »
« Vous voyez, vous continuez à parler alors que la situation exige un esprit de décision ! Quel homme pusillanime vous faites ! Soi-dit en passant, je ne prends pas d’œufs à dix heures du matin. Faites autre chose ! Des actes ! Allons des actes ! »
« Bon alors, je pourrais écrire au Président de la République pour exprimer mon inquiétude légitime de citoyen. Je ne sais pas à quel sujet, il faudrait que nous en parlions ».
« Encore parler ? Et puis, vous croyez qu’il n’a que votre courrier à lire, le Président de la République ? Ce n’est pas très concret tout ça ! Heureusement que je suis là ! »
« Bon, alors qu’est-ce que vous proposez comme passage à l’acte ? »
« Il faut se battre. On n’en sortira pas sans se battre. Tous ensembles ! Tous ensembles ! Ouais ! »
« Bon d’accord. On ne va pas faire d’œufs sur le plat, on n’écrit à personne, on va défiler comme la semaine dernière. Et après ? »
« Ah, je l’attendais celle-là ! Si personne n’avait défilé dans la rue, croyez-vous que vous pourriez faire tranquillement vos trente cinq heures, aujourd’hui ? Hein ? »
« Euh, bin non. Mais j’aime bien savoir pourquoi j’agis ».
« Vous intellectualisez le problème pour mieux vous dissimuler. Moi, je dis qu’il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent. Devinez dans quel camp je me place ? »
« Je crois que je devine. Mais on pourrait quand même imaginer une sorte d’échanges de vues lorsqu’un problème se pose à la collectivité. Même chez les bêtes sauvages, on observe la situation avant de foncer dans le tas ».
« Vous n’allez pas me faire la morale. Les vertus du dialogue et tout ça ? »
« Prenons le problème autrement. Agissons contre la faim dans le monde. Allez, agissez ! »
« Euh… bin, il faudrait trouver de la nourriture, des camions, voir où sont les priorités, établir des itinéraires, des modes de distribution… »
« Ah, vous voyez, vous commencez à bavarder. Vous avez besoin de réfléchir à ce que vous allez faire avant de passer à l’action. Il ne suffit pas de dire : des actes ! ».
« Vous ratiocinez, mon cher. Je ne suis pas idiot. La réflexion précède l’action, je n’ai jamais dit le contraire. Mais moi, je n’en reste pas à la réflexion comme certains intellectuels de ma connaissance. Suivez mon regard. Bon, je vais faire un effort : il y en a qui sont plus doués que d’autres pour organiser l’action. Je ne parle pas de vous, vous me paraissez du genre à couper les cheveux en quatre et à me freiner dans mon élan de générosité. Il me faudrait quelqu’un qui dispose d’une armée de camions pour transporter des tonnes de riz. On ne trouve pas ça comme ça. Finalement, je prendrais bien vos œufs sur le plat. On aurait le temps d’en discuter ».