Archive pour octobre, 2012

Précieux métaux

31 octobre, 2012

Le forgeron bat le fer quand il est chaud.

Il ne gagne pas beaucoup d’argent,

Mais il a un moral d’acier, le forgeron.

Selon lui, ce n’est pas un métier qui s’éteint.

Pour tout l’or du monde, il n’aurait pas voulu en exercer un autre.

En fin de journée, il ira boire un verre sur le zinc du cafetier.

Le soir, il s‘endormira d’un sommeil de plomb.

A la fonte des neiges, il sera encore dans son atelier.

Ses outils ne sont pas prêts de rouiller.

Education des enfants : nos mauvais conseils

30 octobre, 2012

« La vérité sort toujours de la bouche des enfants ».

« Oui, enfin… c’est ce qu’on dit. Si vous croyez que les miens disent toujours la vérité… Peut-être suis-je tombé sur les exceptions qui confirment la règle ? Avec la chance que j’ai, ça ne m’étonnerait qu’à moitié »..

« N’oubliez pas que les enfants imitent aussi leurs parents. Vous êtes comme le tuteur qui dirige la pousse des tomates dans votre jardin ».

« Je n’ai pas de jardin, c’est trop fatigant pour les reins. Ceci dit, mes gamins font ce qu’ils veulent. Je crains qu’ils sortent plus de mensonges que de vérités. Je trouve qu’à quinze ans, ils sont plus hypocrites que moi à quarante. C’est dire ! ».

« C’est vrai qu’on apprend vite à se défendre à l’école. Il vaut mieux d’ailleurs. Avec toute cette violence, il est nécessaire d’aller en classe armé, physiquement et mentalement. Bon, vous en êtes content quand même de vos gosses ? »

« C’est-à-dire qu’on ne sait jamais ce qu’ils ont dans le crâne… ».

« C’est l’âge ingrat. On n’y est tous passés. Allons ! Allons ! »

« Vous avez raison. Pour ce qui est de l’ingratitude, ils sont champions ! J’ai offert un smartphone à Jules. Tout ce qu’il a trouvé à me dire, c’est qu’il n’est pas de la dernière génération et que je me suis fait avoir à force de tout acheter en occasion ! Paresseux, hypocrites, ingrats ! A part ça, tout va bien chez les jeunes ».

« Allons ! Allons ! C’est une jeunesse saine. Je parie qu’ils font du sport ? »

« Pensez-vous, ils risqueraient de se faire mal. Et chaque fois que je veux suivre un match à la télé, je suis obligé de ne pas hurler mon enthousiasme sinon ils viennent me raconter que je dérange leur concentration pendant qu’ils font leurs devoirs ! ».

« Parce que les vôtres font leurs devoirs ? C’est rare».

« Pas chez vous ? Les vôtres ont une dispense ? »

« Euh… pas tout à fait. C’est moi qui suis obligé de les faire. Remarquez… c’est intéressant, je relis une bonne partie de l’œuvre de Voltaire et de Rousseau en ce moment. Je viens justement de faire une bonne dissertation sur la nécessité de l’éducation des enfants ».

« Vous avez eu une bonne note ? »

« Euh… 4/20… je crois que le prof ne m’a pas compris. Et vous, vous n’aidez pas aux devoirs ? Il faut vous y mettre, ça vous rapprochera de vos gamins. Rien de tel que de souffrir ensemble sur un bon problème de maths, ça vous soude une relation ».

« Euh ! Non ! Je souffre assez comme ça ».

Le ciel est avec nous

29 octobre, 2012

Louis est né au mois de Mars,

Sous une bonne étoile.

Son ciel astral est excellent.

Il est souvent dans la lune.

Il est convaincu qu’il ira au paradis.

Sur un petit nuage.

Mais il devrait ne pas trop s’exposer au soleil.

Et arrêter de se shooter à l’éther.

Les lignes de défense

28 octobre, 2012

« En général, je reste assez stoïque sous les critiques ».

« Allons ! Allons ! Vous avez envie d’être aimé comme tout le monde. C’est très humain, vous savez. Il n’y a pas de honte ».

« Peut-être, mais je ne veux pas être prisonnier des autres. On commence par vous flatter, vous mignoter, dirais-je même. Et à la fin, vous vous croyez obligé de faire ce que l’on attend de vous, pour ne pas décevoir ceux qui vous flattent. C’est un processus très insidieux ».

« Certes, mais nous sommes entre adultes. Si vous avez quelque chose de désagréable à dire, il faut le dire. C’est normal ».

« Vous cherchez à me culpabiliser. Moi, je ne m’exprime pas en fonction de ce que les autres disent. Je dis ce que j’ai à dire, et si ça ne plait pas, je reste stoïque sur les positions ».

« Vous êtes complètement bouché, quoi ! »

« Bin… oui. Dès que vous prenez en considération les arguments de votre interlocuteur, vous passez pour un être faible et influençable. Ce n’est pas mon genre. Moi, je suis un type qui sait ce qu’il veut, je dis ce que je pense. Assez courageusement, je dois bien le reconnaître ».

« C’est bien ce que je disais. Vous avez tellement peur des autres que vous ne prêtez pas attention à ce qu’ils vous répondent de peur d’avoir à affronter des arguments qui vous auraient échappé. C’est un système de défense assez classique ».

« Bon, je crois que je ne vous écoute plus parce que ce que vous dites commence à me déranger dans mes certitudes, ce n’est pas très sympa. Moi, je n’ai pas été examiner vos systèmes de défense pour les dénoncer aux autres ».

« Je ne me défends pas, j’ai l’esprit tranquille ».

« C’est ça… oui… Vous vous présentez comme un homme lisse pour qu’aucune critique ne s’accroche à vos basques, mais sous une apparence sereine, je sens sourdre une inquiétude métaphysique ».

« Ah bon ? Moi, je crois que vous êtes en train de contre-attaquer pou mieux vous protéger. C’est encore un système de défense ».

« Vous voyez de la  bagarre partout ».

« C’est la vie. On s’aime bien, mais on ne peut pas s’empêcher de se sentir agressé par autrui. On a le choix entre s’isoler ou parler aux autres, c’est-à-dire entre devenir fou ou se transformer en guerrier pour faire sa place dans la société ».

« C’est gai ! Et si on essayait de parler du temps. Il n’y a pas de conflit possible sur la couleur du ciel ».

« Bin… si. Comme il se met à pleuvoir et que vous êtes imprévoyant, vous allez sûrement me demander de vous prêter mon parapluie, dont j’ai un besoin pressant…Je ne vous le passerai pas, ça va vous contrarier et me culpabiliser. Vous voyez, on n’en sort pas».

 

Un problème de générations

27 octobre, 2012

« J’ai gardé des contacts avec mes anciens camarades de faculté ».

« Et alors ? Qu’est-ce qu’ils deviennent ? »

« Bin, pas grand-chose…. Valentin est employé de banque, Marcel a lancé une baraque à frites, Jeanne travaille à la mairie… »

« C’est triste quand on pense qu’ils voulaient tous aller soulager la misère humaine en Afrique ou en Amazonie. Ou bien faire du journalisme d’investigation. Ou encore rénover l’action politique en Europe… »

« Hé oui ! Mais si on savait à vingt ans ce que l’on sait à quarante,  il n’y aurait plus de vie possible. Il faut laisser aux jeunes la possibilité de croire qu’ils briseront les cadres traditionnels. Qu’ils ne feront pas comme leurs parents, même si on sait qu’ils le feront quand même ».

« Vous exagérez, la société évolue. Regardez la famille, ce n’est plus comme avant. Les couples se font et se défont. L’un vit à Paris pour son travail, l’autre à Bordeaux. On se voit à Angers ou à Toulouse en coup de vent. Les enfants parcourent le monde en un éclair. On les croit chez un copain au bout de la rue et on reçoit un coup de fil depuis Amsterdam… C’était pas comme ça, de notre temps ».

« C’est vrai, les choses étaient plus stables. Les parents rentraient le soir sous le même toit. La famille allait en vacances à Palavas-les-Flots quand tout allait bien. Les jeunes sont plus mobiles aujourd’hui. Mais ils tombent d’autant plus haut lorsqu’il faut qu’ils intègrent leur petit bureau, tous les jours, avec leur petit cartable, après s’être fait marché sur les pieds dans leur petit métro, tout en espérant un avancement professionnel dans les dix ans qui viennent…»

« Chut ! Il ne faut pas leur dire des choses comme ça ! Sinon le mien ne voudra plus aller passer six mois à Chicago pour vendre des journaux ni traverser le Népal à dos de lama. Vous vous rendez compte ? Nous qui quittions nos parents pour aller planter notre tente dans une cour de ferme en guise de sensations exotique… »

« Pourtant, il y a des jeunes qui réussissent leur existence… »

« Oui… à l’étranger. Il parait que c’est plus facile qu’en France. C’est normal, ici ce sont les vieux comme nous qui tenons le haut du pavé. On ne va tout de même pas céder la place au premier venu sous prétexte qu’il a vingt ans de moins et qu’il est bourré d’idées saugrenues. Avec l’expérience que nous avons, nous sommes plus qualifiés pour accaparer les postes stratégiques. Hein ? »

« Oui, finalement, vous avez raison. Laissons-les aller sauver les populations guatémaltèques. Pendant ce temps, on fera ce qu’on voudra. Il sera toujours temps de voir. Et puis quoi, s’ils déchantent un peu, ça leur apprend la vie. S’ils croient que je suis exalté par mon destin personnel tous les jours…»

Au feu !

26 octobre, 2012

Il est tout feu tout flammes.

Il brûle d’impatience.

Il grille d’envie d’y aller.

Il veut fonder un foyer.

Avec Carla, l’objet de son ardeur.

Car il a ressenti un coup de foudre.

Pour elle, il sera au four et au moulin.

Il la soignera en cas de fièvre.

Il a lu son accord dans l’étincelle de ses yeux.

Ils se marieront à la Saint-Jean.

Punitions

25 octobre, 2012

« Il faut réduire notre train de vie. Nous avons vécu au-dessus de nos moyens grâce au crédit. Maintenant arrive le temps où il faut payer. Et puis nous gâchons trop. Vous vous rendez compte du gaspillage de nourriture dans nos assiettes ? Alors que tant de gens ont faim dans le monde. Et puis nous ne travaillons pas assez. Quand je pense qu’il n’y a plus personne dans les bureaux le vendredi après-midi, ça me fiche la honte. Mettons-nous au boulot ! Et puis, il faut se remuer. Regardez-moi ça l’obésité gagne du terrain. La Sécu est au bord de l’explosion ! Vite ! Tout le monde au sport !»

« Avec vous, il faut toujours être puni. C’est de l’auto flagellation permanente. Et le plaisir de vivre qu’est-ce que vous en faites ? »

« Le quoi ? Le plaisir ? Mais c’est de l’oisiveté. Mettez-vous dans la tête que nous existons par erreur. Par une espèce de combinaison hasardeuse d’atomes qui provient d’un dérèglement momentané des lois de l’univers. Il n’y a pas de quoi faire les malins. Il faut se faire tout petits dans notre coin en espérant que le Grand Manitou qui se cache quelque part oublie l’opulence dans laquelle nous nous roulons tous les jours ».

« Parce que vous croyez que le Grand Manitou n’apprécierait pas ? Peut-être qu’il nous féliciterait de notre débrouillardise. Passer en quelques milliers d’années de l’âge de pierre à la révolution du numérique, il fallait le faire. Il ne trouvera pas ça sur beaucoup de planètes ! »

« Vous voulez rire ! Il est très inquiet le Grand Manitou. Au train où va le progrès, il se demande si nous ne nous amusons pas à menacer son pouvoir suprême. Bientôt, nous pourrons réinventer un homme à partir de petits morceaux de corps comme dans un jeu de Lego. Le Grand Manitou n’est pas très content. Il faudrait que nous soyons beaucoup plus modestes. Arrêtons d’avoir de l’imagination. Repentons nous de notre audace intellectuelle. Invoquons sa mansuétude » .

« Bon, si vous voulez. Mais moi, je n’ai pas l’intention de m’excuser d’exister et de me punir à tout bout de champ. Si ça ne vous ennuie pas, vous pourriez vous repentir à ma place. Vous faites ça très bien. Pendant ce temps-là, je vais vivre un peu. A propos, vous partez au ski, cet hiver ? »

« C’est une plaisanterie. L’industrie du loisir est un piège à fric pour les masses laborieuses. C’est vous qui cherchez à culpabiliser les gens en imposant comme une évidence un modèle de consommation que les pauvres n’arrivent pas à suivre. Vous leur imposez la double peine : non seulement ils ne vont pas skier, mais en plus ils ont un sentiment de déclassement puisqu’ils ne peuvent pas dire qu’ils vont en vacances de neige ».

« Si je comprends bien, il ne faut pas se distraire non plus. Ou alors s’assurer que tout le monde puisse avoir les mêmes distractions ».

« Absolument, les plaisirs détournent de l’essentiel… Bon, allez, je vois que vous êtes bouleversé. Vous pourrez aller au marché avec votre femme samedi matin. C’est agréable comme promenade, non ? Et puis, vous oublierez vite cette petite augmentation de salaire que vous êtes venu me demander par erreur ».

Au dieu Eole

24 octobre, 2012

Qui sème le vent récolte la tempête.

Et je ne manque pas de souffle.

Mais je sais partir quand le temps tourne à l’orage.

J’ai un petit grain dans la tête.

Je ne veux pas me trouver dans l’œil du cyclone.

Dumoulin va encore nous inonder de reproches.

Nous aurons droit à une pluie de menaces.

Ca ne fait rien : après moi le déluge.

Je serais peut-être la risée du service.

Mais je reviendrai après la bourrasque

Notre rayon « équitation »

23 octobre, 2012

C’est son cheval de bataille.

Un vrai dada.

Il dit qu’il est têtu comme une mule.

Il est parti dès que possible au galop,

Avec Gina, sa belle pouliche,

Qui n’a pas les deux pieds dans le même sabot.

En attendant, il prend la mesure de ses ambitions avec le mètre étalon.

Mais sa cavale ne durera pas.

Il reviendra à l’écurie.

Et blanchira sous le harnais.

Car il n’est pas rosse.

Il  reviendra dans le pays anglo-normand

Où il vendra des bidets.

Nos très mauvais poèmes

22 octobre, 2012

Tous ces évènements me décontenancent.

Heureusement le médecin m’a fait une ordonnance.

Et je me rends à l’archevêché pour y rencontrer son Eminence.

Qui me recommandera surement de faire abstinence.

Je ne ferai pas preuve d’impertinence.

Et me contenterai de regarder mes bouteilles de grande contenance.

Je reprendrai mon travail : je suis dans la maintenance

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