Archive pour août, 2012

Une vedette

11 août, 2012

Jean est champion du lancer du disque.

Il habite un petit studio.

Il aime enregistrer ses performances à la télé.

Ensuite  il compile ses vidéos.

Puis il s’occupe de se albums de timbres

Et de sa collection de vieux trente-trois tours.

Parfois, il se rend modestement  à la supérette pour acheter un tube de dentifrice.

Jean n’a pas cédé aux sirènes de la gloire.

Eclairez-moi

10 août, 2012

Marie était veilleuse de nuit.

Le jour elle faisait ses courses rapidement, sans lanterner.

Elle savait changer les bougies de sa voiture.

Au 14 juillet, elle accrochait un lampion à sa porte.

Un jour, elle chuta dans son escalier et vit 36 chandelles.

Elle prit un amant, Gérard, qu’elle trouva un peu falot.

Il n’était pas une lumière.

Elle décida de mettre un cierge à l’église en espérant trouver sa voie.

Aujourd’hui, elle attend Juliette : son miroir réverbère sa silhouette arrondie.

Avez-vous une âme ?

9 août, 2012

« Le regard est le reflet de l’âme ».

« C’est bien vrai. D’ailleurs je sais ce que votre âme pense rien qu’à la façon dont vous me regarder en ce moment ».

« Et alors que pense-t-elle mon âme ? ».

« Elle pense que je vous énerve avec mes façons de tout deviner ».

« Pas du tout, mon vieux. Je viens d’interroger mon âme. Elle me questionnait simplement sur le menu de midi à la cantine. Elle n’aime pas beaucoup les poireaux. Par contre, la vôtre déteste discuter avec moi, je le vois dans vos yeux… »

« Pardon, pardon. Vous ne voyez rien du tout. J’ai  un regard d’acier, indéformable. Tandis que votre âme, tout le monde la connait. Même Dumoulin me disait qu’il savait que votre âme le prenait pour un imbécile quand vous lui parlez ».

« Mon âme est bien élevée, Monsieur. Je lui ai interdis d’insulter mes voisins de bureau. Quant à votre regard flegmatique, laissez-moi rire. En ce moment votre âme qui était en train de faire la sieste vient de se réveiller. Elle se demande ce que je viens faire là, dans votre champ de vision. Je trouve qu’elle me traite avec commisération ».

« Mon âme ne dort jamais, sachez le. Quand je sens qu’elle s’évanouit, je vais prendre un café. Je vous le dis : vous ne pouvez pas l’apercevoir car je suis trop maitre de moi-même. Qu’est-ce qu’elle pense là, tout de suite, mon âme ? ».

« Elle est en train de se dire qu’elle me casserait bien la figure si elle était dotée de deux petits bras. Je l’énerve. D’ailleurs, elle vient de vous demander de passer à l’exécution ».

« Qu’est-ce que vous racontez ? C’est vrai que vous êtes un peu pénible. Mais je n’ai pas besoin de mon âme pour vous envoyer mon poing dans le visage. C’est plutôt mon tempérament fougueux qui m’y inciterait ».

« Si je comprends bien, il y a dans le regard le reflet de l’âme ainsi que celui du tempérament, ça fait du monde dans une paire d’yeux. Vous en plus, on lit votre volonté de fer dans vos prunelles. Avec tous ces ingrédients dans vos globes oculaires, ce n’est pas étonnant que vous louchiez ».

« Comment ça, je louche ? Vous, avec votre regard torve et votre air de batracien éberlué, on se demande finalement si vous avez une âme. Ne serait-ce pas l’expression de votre manque d’intelligence  que j’aperçois dans le coin de votre œil gauche ? Il faudrait peut-être que vous consultiez mon vieux. En plus vous avez le teint bilieux. Je m’y connais. Ma belle-mère avait le même air juste avant de décéder ».

« Décidemment, on a tous intérêt à  bien se regarder. Je me dis souvent que ce n’est pas dans vos mails mal écrits que je peux vous renseigner sur ce que disent vos démons internes. A part peut-être que votre âme commet beaucoup de fautes d’orthographe ».

Esclaves et domestiques

8 août, 2012

Les enfants jouent au ballon prisonnier.

Puis vont au parc pour admirer les cerfs.

Le soir ils font une partie de mistigri, le valet de pique.

Certains aiment l’informatique : ils connaissant bien les serveurs.

Louis lui préfère manger du canard laqué.

Il dit que ce plat figure sur l’ordonnance de son médecin.

Mais il ne sait pas à quoi employer son temps libre.

Il ne faut pas être esclave de la bonne chère, Louis !

Un problème de poids

7 août, 2012

« Ne poussez pas, il y a de la place pour tout le monde ! »

« Je vois, mais ne me laissez pas trop de place quand même. Vous avez l’air d’insinuer que je suis trop gros. Nous sommes au bord de la discrimination ».

« Je vous laisse de la place pour ne pas vous souffler dans la figure. Je ne me souviens plus si je me suis laver les dents ».

« C’est encourageant pour les autres. En plus, vous ne me souriez pas. Je n’ai pas envie de me trouver à dix centimètres d’un visage qui ne me sourit pas ».

« Vous n’avez qu’à faire comme tout le monde dans un ascenseur. Regarder le bout de vos pieds ou alors les chiffres qui défilent. A la rigueur vous pourriez me dire qu’il pleut, avec un peu de chance, ça fera passer au moins un étage ».

« Tout ça ne me donne pas très envie de voyager avec vous. Surtout si vous sentez mauvais. En plus avec votre gros cartable, vous allez sûrement m’écorcher les genoux ».

« C’est bien possible. Mais j’y pense… avec votre poids, nous allons dépasser la limité autorisée. Je n’ai pas envie de rester coincé à dix centimètre de votre visage pendant deux heures. Même si vous me dites qu’il pleut ce matin. L’ambiance va être infernale ».

« Vous pourriez descendre et me laisser la pace, ce serait la solution idéale. Je vous remercierai de votre bienveillance ».

« Si je fais ça, je ne suis pas encore en haut. Vous avez vu tout ce monde qui attend derrière vous ? Il y en a qui sont encore plus gros que vous ».

« Ah, vous voyez que vous discriminez ! Je ne suis pas gros, peut-être un peu ventripotent. Mon problème, c’est le volume. Sur le plan de la densité interne, je suis un être sain. Par contre vous, on sent que malgré une silhouette fine, il ya quelques replis disgracieux ».

« Oui, mais comme ce sont des replis, je tiens moins de place dans l’ascenseur ou dans un bus. C’est avantageux pour les autres ».

« J’ai une autre idée : vous pourriez monter par l’escalier. Moi, ça ne me dérangerait pas de pendre votre place dans l’ascenseur. Comme ça tout le monde serait gagnant. Vous entretenez votre forme, et moi je ne perds pas la mienne. Voilà ! Il suffit de dialoguer un peu pour trouvez un compromis. Ce n’est pas la peine de s’énerver ! »

« Vous avez raison. J’ai encore une meilleure solution. Prenons tous les deux l’escalier, nous aurions plus de temps pour dialoguer. Votre conversation m’intéresse beaucoup ».

« Non, ça ne va pas parce que nous laisserions vacante une place dans l’ascenseur qui va être prise par d’autres personnes, arrivées après nous… Nous serions responsables d’une injustice sociale ! »

« BON… ON PEUT PEUT-ETRE Y ALLER ! SI VOUS AVEZ FINI DE DISCUTER BIEN SUR ! »

C’est le grand départ

6 août, 2012

Le mage demandait  la clé des champs aux paysans

Pour y semer de la poudre d’escampette.

Léa, la fille du mage, l’aidait en agitant un éventail : elle jouait la fille de l’air.

Le contorsionniste la courtisait, les jambes pendues à son cou.

Il rivalisait avec un britannique, tisserand de son métier, qui filait à l’anglaise.

Ainsi qu’un géomètre qui n’entendait pas prendre la tangente.

Léa hésitait : allait-elle prendre le maigre ou le large ?

Ou alors les trois ? Ou se faire la paire ?

Elle préféra un artisan maroquinier,  Johny qui, tranquillement,  faisait  ses valises dans son coin.

 

Nettoyage

4 août, 2012

Il était chiffonné.

Mais il a passé l’éponge sur son passé.

Et mis son mouchoir sur ses regrets.

Son nouveau look lui va comme un gant.

Désormais il fréquente du beau linge.

Il va au bureau avec une belle serviette.

Il sait qu’il ne faut pas la mélanger avec les torchons

Et qu’il ne faut pas vendre la peau de chamois avant de l’avoir tué.

Maintenant, Jules n’est plus une lavette 

Ménagerie

3 août, 2012

Il n’y a pas de quoi fouetter un chat.

Ni de monter sur ses grands chevaux.

Mais il ne faut pas donner de la confiture aux cochons pour autant.

Il ne faut pas non plus lui réserver un chien de ma chienne.

Il a tué la poule aux œufs d’or,

A force de courir deux lièvres à la fois.

Maintenant, il beugle comme un veau.

Il risque de devenir chèvre.

Alors que c’est déjà un âne !

Notre rubrique télévisuelle

2 août, 2012

« La plupart des gens regardent la télé sans la regarder vraiment ».

« Vous exagérez. Il y a parfois des programmes très intéressants ».

« Si je vous demandais ce que vous avez vu hier soir ? »

« Euh… une émission avec plein de gens qui rigolaient autour d’une table. Je n’ai rien compris de ce qu’ils disaient entre eux, mais comme tout le monde riait, je me suis marré aussi. Je ne me souviens plus du titre de l’émission ».

« Ce n’est pas grave. De toute façon, des programmes comme celui-ci, il y en a sur toutes les chaines. Récemment, vous n’avez pas regardez d’émission où l’on comprend quelque chose ? ».

« Non. C’est dur d’en trouver une. Il y a bien ce genre de programme où l’on voit des filles nues sous la douche. Mais je ne suis pas sûr qu’il satisfasse un public d’intellectuels ».

« En effet. Moi  je préfère les émissions littéraires ! »

« Oui, mais l’animateur convie beaucoup de gens et il s’arrange toujours pour que les invités se disputent. Comme ils parlent les uns sur les autres, on finit par ne même plus savoir pourquoi ils se disputent. Mais l’animateur à l’air content. Il doit penser que son émission est vivante ».

« C’est vrai ça. On se demande d’ailleurs pourquoi on achète une télé. Pour voir des gens s’engueuler, il suffit de se rendre au bureau ».

« Finalement, il n’y a que le foot qui vaille quelque chose. Il suffit de connaître les règles.  Les commentateurs ne disent rien d’intéressant sauf le nom du joueur qui a le ballon. De toute façon, son nom  est inscrit dans son dos. Donc on peut couper le son ».

« J’aime bien les commentaires d’après-match aussi. C’est plein de journalistes qui expliquent comment, eux, ils auraient marqué le but que les avants ont manqué ou bien comment ils auraient arrêté le pénalty de la 67 ème minute. Ils n’ont pas grand-chose à dire, mais pendant ce temps là, on n’a pas d’émission encore plus nulle ».

« Ce serait difficile. Encore que j’aime bien les jeux télévisés. Il y en existe certains dont personne n’a jamais compris les règles. Même pas les animateurs. Les gagnants ont toujours l’air tout surpris de gagner. ».

« J’aime bien aussi ceux où l’on pose des questions coquines sur la vie de couple des candidats. En général, ça vole très haut ».

« On critique, on critique…. Mais si on n’avait pas la télé, je suis sûr qu’on nous inventerait des spectacles aussi bêtes. Tenez ! Regardez les romains. Ils allaient passer leur dimanche après-midi au cirque pour voir du sang couler. C’est quand même bien l’indice que notre civilisation a progressé ! ».

Parlons chifons

1 août, 2012

On le trouve collet-monté.

Et même corseté.

Parfois, il est culotté.

On dit qu’il travaille un peu du chapeau.

En tous cas, il ne donnerait pas sa chemise aux pauvres.

Car il est imperméable aux autres

Avec lesquels il ne prend jamais de gants.

Il sait passer par-dessus leurs quolibets.

Dans son métier, il prend souvent des vestes.

Il écoute alors le Boléro de Ravel.

Dont il n’est pas « blazer ».

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