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L’homme est-il un animal comme les autres ?

12 août, 2012

« Les chemises de l’archiduchesse sont sèches et archi-sèches ».

« Bravo ! Très bien ! Vous ne vous êtes pas empêtré ! D’habitude, les gens ne se concentrent pas et finissent par dire n’importe quoi. D’ailleurs, en général, on ne se concentre pas sur ce qu’on dit. On bafouille ou alors on raccourcit sa pensée. Sauf ceux qui n’ont pas une pensée très longue, si vous voyez ce que je veux dire. Articuler exige un effort physique et intellectuel, bref un travail humain.

Ce n’est pas comme vous : quand vous courez comme un dératé, on dirait une bête sauvage. En plus, vous bavez et vous transpirez, c’est très animal».

« Et vous alors ! Vous ne courez pas, mais quand vous allez dans les tribunes du stade, vous poussez des cris gutturaux incompréhensibles ».

« C’est vrai. Finalement, dès qu’on le sort de sa réflexion, l’homme est un animal comme les autres. Le lion ne fait pas mieux ».

« L’homme a un point commun avec le lion : le souci d’assurer sa pérennité. C’est un aspect qui nous rapproche du règne animal. Mais l’ennui c’est que l’homme est plus civilisé que le lion. Il ne peut pas se contenter de se jeter sur sa proie pour survivre. Ça ferait désordre et puis c’est interdit.  Il doit suivre des règles avant de l’exécuter. Il doit être aimable et même sympa avec elle, éventuellement lui prêter assistance avant de la dévorer.  ».

« Y-a-t ’il d’autres différences entre l’homme et le lion, Maître ? »

« Oui, Elève : l’Homme a le sens de l’humour. Il sait rire de ses peurs, ses défauts et de ses incohérences. On n’a jamais vu un lion rire ou même sourire de lui-même. Et encore moins se moquer avec esprit de ses propres imperfections. L’homme se marre : c’est son propre comme a dit un philosophe ».

« Si je comprends bien, il se tord de rire, puis va au stade pour hurler comme un sauvage. Le fauve ne se gondole pas, mais il rugit aussi quand il se lève pour aller à la chasse ».

« Oui, vous avez bien compris. Mais ne poussons pas trop loin les analogies. L’homme invente. On n’a encore jamais constaté de progrès technologiques chez les lions. Ou alors on n’est mal. Je dirais même que si les lions se mettent à communiquer entre eux, à abolir les distances, à inventer des techniques médicales pour se soigner, on n’est mal, on est très mal. Notre domination repose sur la pensée et le progrès technologique ».

« Je crois surtout que notre domination repose sur notre capacité à ne pas nous faire manger par le lion. Les médecins savent nous réparer. Mais ils ne nous ressuscitent pas. Enfin pas encore ».