Un problème de poids
7 août, 2012« Ne poussez pas, il y a de la place pour tout le monde ! »
« Je vois, mais ne me laissez pas trop de place quand même. Vous avez l’air d’insinuer que je suis trop gros. Nous sommes au bord de la discrimination ».
« Je vous laisse de la place pour ne pas vous souffler dans la figure. Je ne me souviens plus si je me suis laver les dents ».
« C’est encourageant pour les autres. En plus, vous ne me souriez pas. Je n’ai pas envie de me trouver à dix centimètres d’un visage qui ne me sourit pas ».
« Vous n’avez qu’à faire comme tout le monde dans un ascenseur. Regarder le bout de vos pieds ou alors les chiffres qui défilent. A la rigueur vous pourriez me dire qu’il pleut, avec un peu de chance, ça fera passer au moins un étage ».
« Tout ça ne me donne pas très envie de voyager avec vous. Surtout si vous sentez mauvais. En plus avec votre gros cartable, vous allez sûrement m’écorcher les genoux ».
« C’est bien possible. Mais j’y pense… avec votre poids, nous allons dépasser la limité autorisée. Je n’ai pas envie de rester coincé à dix centimètre de votre visage pendant deux heures. Même si vous me dites qu’il pleut ce matin. L’ambiance va être infernale ».
« Vous pourriez descendre et me laisser la pace, ce serait la solution idéale. Je vous remercierai de votre bienveillance ».
« Si je fais ça, je ne suis pas encore en haut. Vous avez vu tout ce monde qui attend derrière vous ? Il y en a qui sont encore plus gros que vous ».
« Ah, vous voyez que vous discriminez ! Je ne suis pas gros, peut-être un peu ventripotent. Mon problème, c’est le volume. Sur le plan de la densité interne, je suis un être sain. Par contre vous, on sent que malgré une silhouette fine, il ya quelques replis disgracieux ».
« Oui, mais comme ce sont des replis, je tiens moins de place dans l’ascenseur ou dans un bus. C’est avantageux pour les autres ».
« J’ai une autre idée : vous pourriez monter par l’escalier. Moi, ça ne me dérangerait pas de pendre votre place dans l’ascenseur. Comme ça tout le monde serait gagnant. Vous entretenez votre forme, et moi je ne perds pas la mienne. Voilà ! Il suffit de dialoguer un peu pour trouvez un compromis. Ce n’est pas la peine de s’énerver ! »
« Vous avez raison. J’ai encore une meilleure solution. Prenons tous les deux l’escalier, nous aurions plus de temps pour dialoguer. Votre conversation m’intéresse beaucoup ».
« Non, ça ne va pas parce que nous laisserions vacante une place dans l’ascenseur qui va être prise par d’autres personnes, arrivées après nous… Nous serions responsables d’une injustice sociale ! »
« BON… ON PEUT PEUT-ETRE Y ALLER ! SI VOUS AVEZ FINI DE DISCUTER BIEN SUR ! »