Hyper !
« Je suis un rapide, moi. Je vis à cent à l’heure ».
« Vous devez être fatigant. Prenez le temps de goûter à l’existence ».
« Le temps, je ne l’ai pas. Je travaille très vite. Je prends des décisions rapides et très pertinentes. C’est d’ailleurs assez étonnant. Je n’hésite jamais ».
«Vous êtes sûr que ce n’est pas une fuite devant l’existence. On dirait que vous avez peur du temps qui passe ».
« Pas du tout. Je suis un hyper individu, présent sur tous les fronts à la fois. Par moment, je me demande comment je fais. Et puis, en plus, regardez ! Je ne suis même pas fatigué ».
« Je ne vous envie pas. Moi, j’ai besoin de prendre mon temps. Prendre son temps, ce n’est pas le perdre ; c’est le prendre, c’est tout… ».
« C’est pas pour moi. Je suis un être dynamique. Toujours en mouvement. En plus, dans le bon sens. Certains sont en mouvement en marche arrière. Moi, c’est de l‘avant. Toujours de l’avant ».
« Et quand vous vous trompez parce que vous êtes allé trop vite. Comment faites-vous ? »
« Je ne reconnais surtout pas mes erreurs, ça pourrait freiner mon élan. Quand on se trompe, ce qui m’arrive rarement tant est colossale ma clairvoyance, je recommence tout aussi rapidement que précédemment ».
« Vous souffrez sûrement d’un complexe quelconque. Vous assimilez excellence et rapidité, c’est extrêmement dangereux ».
« Je ne me vois pas de complexe. Vous devriez poser la question à ceux qui lambinent, ne prennent pas de décisions, ne se lèvent pas tôt, bref vivent comme des limaces. En plus comme je fais beaucoup de choses, je suis un être intéressant ».
« On pourrait dire aussi superficiel… ».
« Pas du tout, je comprends vite et en profondeur. Par exemple, vous, je vous ai tout de suite cerné. Vous êtes un de ces soixante-huitards attardés qui en sont encore à penser qu’il faut se cultiver au lieu de bosser ou alors qu’il faut savoir marquer son indépendance d’esprit en partant à seize heures du boulot. Tous les jours. Moi, non seulement, je travaille comme une flèche, mais je sors tous les jours à vingt heures pendant que vous allez au ciné ou au musée. Bien tranquillement. Vous vous rendez compte du boulot que j’abats ?».
« Non pas vraiment. Et votre santé mentale, vous y pensez de temps en temps ? ».
« Dites tout de suite que je déraille du ciboulot. C’est un peu fort ! D’ailleurs, je ne vois pas le problème. Si ça déraille, j’ai bien dit si… Je fais venir le psy entre deux rendez-vous et c’est bouclé. Malgré mon agenda surchargé, je lui trouverais bien un petit quart d’heure ».
« Je vois, vous avez tout prévu ».
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