La grande aventure
12 juillet, 2012« Je suis un aventurier. Moi, je n’hésite pas à m’engager ».
« Moi, j’hésite toujours un peu. Je n’aime pas prendre des risques. On ne sait jamais comment vont tourner les évènements ».
« Mais enfin ! Il y a tout de même de grandes causes qui méritent qu’on s’engage, qu’on s’oublie soi-même, qu’on s’offre à la collectivité ! ».
« Par exemple ? »
« La lutte contre le gaspillage d’énergie ».
« Je lutte : j’éteins dans toutes les pièces où je passe. Parfois, je me fais mal en me heurtant aux meubles dans le noir ».
« Oui, mais je ne vous sens pas assez engagé. Venez militer avec nous. Nous défilons entièrement NUS dans la rue pour montrer que nous n’avons peur de rien ».
« Euh… on peut peut-être garder un sous-vêtement ? ».
« Non, non ».
« C’est un peu violent pour moi. On pourrait peut-être faire plus simple. Autant je suis intéressant quand je suis habillé, autant je me sens emprunté quand je suis dénudé. Pourquoi tout NU ? ».
« Pour créer un choc. La nudité est encore un tabou dans notre société ».
« Si on se déshabille dans toutes les manifestations, ça va être la pagaille. On ne saura plus pourquoi on défile. Un homme nu ressemble à un homme nu ».
« Bon alors, j’ai une idée. Vous pourriez venir habillé en portant une pancarte où vous écrirez : je ne me déshabille pas pour vous inciter à épargner votre énergie. Ce sera curieux, mais ça peut passer pour une provocation salutaire au milieu d’une troupe de nudistes ».
« Euh, ça peut être gênant pour ma réputation ! Vous n’auriez pas quelque chose où on ne défile pas et entre gens normalement vêtus ».
« Si, mais ça s’appelle ‘la vie quotidienne au bureau ‘ et ça n’a aucun intérêt. Ce n’est pas avec ça qu’on peut attirer l’attention sur une cause désespérée ».
« Et si on faisait plus classique : une petite pétition pour la paix dans le monde ? ».
« Pour faire une pétition, il faut trouver quelqu’un à qui l’envoyer. Je ne me vois pas envoyer une pétition aux belligérants puisqu’ils ont précisément envie de se battre ».
« Ou alors, on pourrait faire une jolie chanson pour la sauvegarde des peuplades d’Amazonie ».
« Vous chantez bien ? ».
« Euh, non pas vraiment. Mais vous, vous pourriez adopter un petit indien d’Amazonie puisque vous êtes un aventurier et lui faire chanter une chanson écrite pour sauver son peuple ».