Sortir de son lit
« Je suis fatigué ».
« Vous êtes tout le temps fatigué. Vous n’êtes pas très énergique ».
« Oui, c’est vrai. Tout me pèse, à commencer par sortir de mon lit ».
« Vous êtes déprimé. Soyez heureux de vivre. C’est un cadeau qui n’est pas donné à tout le monde ».
« Bon, on fait comment ? ».
« Oh ! La, la ! Vous en faites des manières. Soyez simple. Goûtez un peu ce petit matin de printemps ».
« Oui, mais il fait un peu frais en dehors de mes couvertures. Vous n’auriez pas un petit matin d’été ».
« Non, ça c’est pour plus tard. Il faut respecter le rythme des saisons. Il faut d’abord avoir froid pour avoir chaud. Il faut manger son pain noir pour manger son pain blanc. C’est une grande leçon de l’existence ».
« Bon d’accord, je vais avoir froid, mais tout va bien. Mais il va falloir que je me lève et que je me prépare. Rien que de regarder ma tête dans le miroir, ça me fait peur ».
« Entre nous, il y a de quoi. Mettez de la crème vivifiante ou réhydratante. Et vous aurez le plaisir de faire revivre ce visage tout chiffonné. C’est vrai qu’il est vilain. Etre bien dans sa peau, voilà le secret ».
« Bon d’accord pour la crème. Mais après ? Les gens vont me parler dans la rue ou au bureau. Il va falloir que je trouve quelque chose d’intelligent à leur dire ».
« Ça vaudrait mieux. Vous pouvez plaisantez gaiement, par exemple. Ça vous donnera un genre. Les gens gais attirent. C’est bien connu ».
« Ça se complique terriblement. Je ne retiens jamais les histoires drôles que j’entends ».
« Bon d’accord, soyez taciturne. Mais alors, essayez au moins d’avoir une petite lueur d’intelligence dans le regard. Vous passerez pour un être sérieux sur lequel on peut compter. Le genre de type sobre, mais efficace dès qu’il passe à l’action. Vous voyez ce que je veux dire. Attention ! J’ai dis sobre, pas complètement effacé. Il faut qu’on sente que vous existez. Donc résumons-nous : vous n’êtes absolument pas fatigué. Vous êtes disponible, de bonne humeur, propre, levé du bon pied, prêt à passer à l’action et vous essayez de vous rappeler les histoires drôles qu’on vous raconte ».
« Pff !… »
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