Les râleurs

« Je vous présente votre nouvelle collègue. »

« Elle ne me plait pas beaucoup. »

« Ce n’est pas vraiment le problème, Martin. Il vous faudra travailler avec elle. Loyalement. »

« Oui, mais je me débrouillais bien tout seul. Et puis, je pouvais dire que j’étais  débordé de travail. De quoi je vais me plaindre maintenant ? »

« Ce n’est peut-être pas nécessaire de se plaindre. »

« Il faudrait qu’elle soit lente. Comme ça je me plaindrai que ça va encore plus mal qu’avant puisque je passerai plus de temps à lui expliquer qu’à faire le travail. »

« Elle est très rapide et elle comprend très vite. »

« C’est la cata…. Alors, il va falloir me trouver une deuxième secrétaire parce que la pauvre Marthe ne suffira pas à la tâche, maintenant que nous sommes deux. C’est toujours pareil, vous ne prévoyez jamais les conséquences désastreuses de vos décisions et ça retombe sur le petit personnel ! »

« Ce sera tout ? »

« Bin… non. A force de recruter, nous allons avoir des problèmes de communication. Les services sont déjà cloisonnés. On ne sait pas ce que font les autres. Alors si vous nous rajoutez encore des gens… »

« Il faudrait savoir ce que vous voulez Martin… »

« Je voudrais pouvoir râler tranquillement. Ce n’est tout de même pas avec mon niveau de salaire que je peux plastronner. Donc je rouspète pour qu’on s’occupe de moi. Je trouve que vous ne me considérez pas beaucoup. D’abord est-ce que vous m’avez dit bonjour, ce matin dans l’ascenseur ? »

« Ecoutez, Martin … On ne va peut-être pas s’éterniser. Est-ce que vous avez avancé sur le dossier Dumoulin ? »

« Si vous croyez  que j’ai le temps avec tout ce que j’ai sur le dos ! La semaine prochaine, je suis en formation. Après ce sont mes congés… Vous n’allez tout de même pas me sucrer mes congés ! »

« Hé bien alors, passez le dossier Dumoulin à votre nouvelle collègue. Elle n’en fera qu’une bouchée ! »

« Et voilà, ça commence ! Vous me dépossédez de mon travail ! Vous organisez une concurrence sauvage entre les membres du service. On voit bien de quel bord politique vous êtes ! C’est chacun pour sa pomme, hein ? »

« Vous n’êtes pas très cohérent, Martin. »

« Ça m’aurait étonné, ça va être encore de ma faute. Ce n’est pas avec les moyens qu’on a que je peux travailler convenablement. Il faudrait que vous nous défendiez auprès de la direction ! »

« Hé bien  justement, Martin,  je suis venu vous présenter votre nouvelle collègue. »

« Et la boite de trombones que je demande depuis trois mois ? »

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