Les donneurs de leçons

« Il faudrait que chacun balaie devant sa porte ».

« Pourquoi ? Il y a des saletés devant chez moi ? »

« Je n’en sais rien. C’est une expression pour dire qu’avant de reprocher quelque chose aux autres, il faut être soi-même irréprochable. Autrement dit, il faut faire le ménage chez soi. Chacun doit prendre ses responsabilités avant de s’occuper de celles des autres ».

« Ah ! Je comprends, c’est une métaphore ! C’est bien vrai. On entend tellement de gens qui croient tout savoir ».

« Moi, les donneurs de leçons, ça ne m’impressionne pas ».

« Moi non plus. A mon âge, j’ai suffisamment vécu pour savoir ce que je fais. Par exemple, si je veux manger gras et fumer, je ne vois pas pourquoi je ne le ferai pas ».

« Vous n’avez pas peur de mourir plus tôt ? »

« Ah vous voyez ! Tout de suite les leçons de morale qui pointent leur nez ! Moi, je veux manger et fumer ce que je veux ET vivre longtemps ET être bien portant ! Ce n’est pas difficile à comprendre».

« Oh, moi ce que j’en dis, c’est pour vous, hein ! »

« Oui, je sais. Tout le monde veut mon bien. Fais pas ci, fais pas ça ! On nous infantilise, Monsieur ! On nous infantilise ! Par exemple, tout le monde veut que je fasse du sport. Mais moi, ça ne m’intéresse pas du tout le sport. Vous avez vu le niveau intellectuel de tous ces sportifs du dimanche. Ce n’est guère engageant ».

« Vous avez raison. Moi-même, je me sens manipulé. Quand je vois toutes ces publicités à la télé pour être beau et svelte, je me sens insulté. Je suis peut-être un peu enveloppé, mais on doit me respecter. Sinon, ça s’appelle de la discrimination ».

« Bon, qu’est-ce que je disais ? Ah oui : il ne faut pas donner de leçon aux autres si on n’est pas soi-même au top. Comme personne ne l’est, on sera tranquilles. Je ne veux pas vous donner de conseils, mais n’écoutez pas les autres. Restez donc un peu joufflu. Le sport, ça ne peut que vous apporter des soucis : fatigue, tensions nerveuses, tendinites… Vous voyez : je ne suis pas du genre à culpabiliser les autres ».

« Vous avez raison, moi non plus. Puisque nous sommes entre hommes du monde, je vous le dis tout net : vous pouvez continuer à fumer comme un pompier et à manger n’importe quoi ! C’est très bien comme ça !».

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