Il faur croire au progrès

« Je suis contre l’Europe ».

« Vous n’allez pas dans le sens de l’Histoire ».

« Ah ! Parce que l’Histoire à un sens ? Ça m’avait échappé ! »

« Bien sûr. Nous allons vers une vie plus facile, plus de richesse, plus de confort, plus d’inventions ! »

« Vous croyez ? Mais avant, nous n’avions pas la dette, les déficits, la pollution, le sida, la violence scolaire… »

« Alors là, mon vieux, on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs… »

 « Votre confort a un coût. Avant, je ne perdais pas tout mon temps dans les embouteillages, je pouvais me garder en ville. Le facteur passait deux fois par jour, le laitier passait chez nous ! »

« Oui, mais maintenant, vous avez 160 chaînes de télé. »

« Je m’en fous. Je ne peux en regarder qu’une à la fois. Sinon je n’y comprends rien. Et puis avant l’arrivée du confort, il n’y avait qu’une chaîne. Comme ça, on ne se disputait pas. La paix régnait dans les ménages».

« Et le téléphone mobile, hmm ? Vous n’allez pas me dire que ce n’est pas un progrès. Vous pouvez joindre les vôtres à chaque instant».

« Euh…. Bin si, je ne sais ne pas faire marcher le mien. Et puis quand ça sonne, je ne sais jamais où il est. Je sui obligé de vider toutes mes poches et quand je l’ai trouvé ça ne sonne plus. Le téléphone à manivelle au moins, il ne se cachait pas ».

« Si je comprends bien, vous êtes contre le progrès ».

« Je n’aime surtout pas être enquiquiné par les choses. Par exemple, j’aime bien cuisiner dans des poêles qui n’attachent pas au fond. Ça m’épargne de les gratter au moment de faire la vaisselle. Ou alors le tube de dentifrice qu’on peut ne pas reboucher, ça m’évite des tas d’histoires tous les matins. Il faudrait aussi m’inventer la chaussette qui ne se troue pas au bout. Je tombe dessus chaque fois que je m’habille. C’est assez désagréable, je ne sais pas repriser les chaussettes ».

« Vous avez une vue assez étriquée de l’évolution de la civilisation, si je peux me permettre. Le progrès n’est pas une histoire de chaussettes. Songez plutôt aux progrès de la recherche médicale, celui qui nous permet de conjurer la maladie et de vivre plus longtemps… ».

« Euh, bon ! Je vais voir si ça soulève de l’espoir en moi et si ça me donne foi en l’avenir. Mais je ne vous promets rien ! »

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