Archive pour juin, 2012

Et paf!

29 juin, 2012

Le repas se termine par une savoureuse tarte au citron.

Son apparition sur la table choque les convives.

Mais Jules donne un coup de pied à son régime.

Le père Siffleur se jette sur le dessert : il en perd sa calotte.

Le teint rougeaud de Gérard vire au marron.

Louise donne une bonne claque  au gâteau.

Elle a pourtant pris deux fois du soufflé.

Sans compter tous les morceaux de pain qu’elle s’est enfilés.

Elle devrait prendre une pêche, c’est plus léger.

Pour digérer, on ira ramasser des châtaignes après le déjeuner.

 

Que dit Jules à la bouchère ?

28 juin, 2012

Jules n’aime pas les gens. Il ne les trouve pas beaux comme à la télé. Les uns sont trop petits, les autres trop gros. D’autres sont tristes, d’autres habités par le doute ou sans grâce.

En même temps, Jules se dit qu’il a tort, qu’il est victime de la fascination audio-visuelle pour le bling-bling. Il faudrait qu’il cherche à mieux connaître son prochain au lieu d’organiser des concours de beauté dans sa tête.

Jules est scandalisé par son propre culot car il est bien obligé de reconnaître qu’il n’est pas très beau lui-même. Il supporte tant bien que mal ses propres disgrâces physiques.

Il faudrait quand même être plus tolérant, Jules. Et s‘intéresser à l’essentiel.

Jules se repent et se reprend. Aujourd’hui, il interpelle une femme dans la rue. Elle a la cinquantaine, le visage flétri, la silhouette voutée. Elle menace d’appeler la police quand Jules l’aborde.

Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire, Jules. Ce n’est pas bien. Aujourd’hui, adresser la parole à une inconnue dans la rue, c’est indiscutablement une agression. Sur le trottoir, les gens, il faut les croiser à la rigueur, mais sans les voir et sans leur parler.

Il faudrait que Jules discute avec des gens qu’il connait, au moins un peu.

Par exemple, il pourrait approfondir la conversation avec sa bouchère. Mais Madame Moucheron lui fait peur avec son gros chignon et sa vaste poitrine. Jules se dit encore qu’il a tort.

Cette femme est sûrement très gentille. Sinon elle n’aurait pas pu épouser Monsieur Moucheron, le boucher. Elle ne lui aurait pas fait deux beaux enfants. L’ainé va reprendre la boucherie. C’est bien la preuve que Monsieur et Madame Moucheron forment un couple sympathique et affable. Sinon, il aurait fait l’ENA ou quelque chose comme ça.

Jules dois donc dire quelque chose à Madame Moucheron. Mais qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire ? Il pourrait peut-être la féliciter pour la saveur de la bavette de son mari. C’est ça ! Il va acheter une bavette et en tailler une ! Il pourrait risquer ce jeu de mots au démarrage de l’échange, ça lui permettrait d’engager gaiement la conversation.

Mais après ? Jules a une idée. Il lance un concours : que dit Jules à Madame Moucheron après l’avoir complimenté pour la qualité de sa marchandise ?

Nos très mauvais jeux de mots

27 juin, 2012

Le boute-en-train aime prendre le train.

Son train arrive sans crier gare

Ouais, voilà le tramway !

Le bicycle suit le cycle des saisons.

Le conducteur de l’auto joue au loto.

Le scout erre sur son scooter.

En arrière-plan, le biplan surgit des nuages.

Le goéland se pose sur la goélette.

Au large, le navire de Nana vire.

 

Encore une réflexion sur le sens de la vie

26 juin, 2012

« Vous m’embarrassez avec vos questions. Est-ce que j’en pose, moi ? »

« Non, mais c’est dommage. Ce serait intéressant. Vous vous posez surement un tas de problèmes sur le sens de votre vie. »

« Bin… non. Enfin… peut-être. J’essaie déjà d’aller au bout de mes journées et de recommencer le lendemain. Pas vous ? »

« Si, mais enfin si je sais pourquoi je dois aller au bout de chaque journée, j’y arrive plus facilement et ça me donne envie de recommencer le jour suivant . »

« Et vous avez trouvé une bonne raison de faire ça ? »

« Euh… je reconnais que c’est un petit peu compliqué. Je dirais qu’il faut espérer une vie meilleure pour avoir envie de poursuivre la sienne. »

« C’est un peu frustrant votre truc. Moi, je me projette dans une vie plus mauvaise. Chaque jour, je me dis que je vais être confronté à des catastrophes, comme ça le soir je suis soulagé si tout se passe bien.  Enfin … pour un petit moment, parce qu’il faut que je n’oublie pas d’imaginer que le lendemain sera encore plus terrible que la veille. Pour être tranquille, il faut que je m’endorme complètement angoissé. Vous me suivez ? »

« C’est curieux comme système. Vous devriez essayer d’être positif. Vous savez, il suffit parfois de vouloir les choses pour qu’elles arrivent. »

« Pour moi, elles arrivent souvent sans me demander la permission. Par exemple, il va falloir que j’aille passer le réveillon chez ma belle-mère. »

« Evidemment, si vous en êtes là ! Révoltez-vous ! Donnez un sens à votre vie ! Vos problèmes avec votre belle-mère n’y résisteront pas ! »

« On voit bien que vous ne la connaissez pas. La révolte est un luxe au-dessus de mes moyens. Je préfère continuer à me contenter de peu en me disant que c’est toujours ça. Il y faut d’ailleurs une certaine force d’âme. Tel Diogène, je ne m’attends à rien. Et j’aurai ce que j’attends, c’est-à-dire rien. Comme ça tout le monde est content. »

« Vous ne seriez pas un peu dépressif, vous ? »

« Sans doute. Mais vous, avec votre obsession du sens de la vie, vous ne seriez pas un peu naïf ? Vous n’êtes que le produit d’un hasard biologique. Il y avait autant de chances que vous naissiez homme ou que vous veniez au monde en tant qu’escargot. Vous croyez qu’un escargot s’interroge sur le sens de son existence ? Il fait bien d’ailleurs. Comme ça, il n’est ni heureux, ni malheureux… Enfin, si. Il est bienheureux de ne pas aller chez sa belle-mère samedi soir. »

Nos mauvais poèmes

25 juin, 2012

Mauricette est une danseuse d’une grande esthétique

Mais son chien a des tiques

Et son mari a des tics.

Ce qui n’est pas très poétique.

Nous l’affirmons d’une manière un peu caustique.

Il faudrait que Mauricette prenne des mesures drastiques.

Au lieu de poursuivre ses études en art gothique.

Elle pourrait faire la chasse aux moustiques.

Pour éviter à Médor d’attraper des maladies exotiques.

Et à son époux des comportements pathétiques.

Jules lance un concours

24 juin, 2012

Jules n’aime pas les gens. Il ne les trouve pas beaux comme à la télé. Les uns sont trop petits, les autres trop gros. D’autres sont tristes, d’autres habités par le doute ou sans grâce.

En même temps, Jules se dit qu’il a tort, qu’il est victime de la fascination audio-visuelle pour le bling-bling. Il faudrait qu’il cherche à mieux connaître son prochain au lieu d’organiser des concours de beauté dans sa tête.

Jules est scandalisé par son propre culot car il est bien obligé de reconnaître qu’il n’est pas très beau lui-même. Il supporte tant bien que mal ses propres disgrâces physiques.

Il faudrait quand même être plus tolérant, Jules. Et s‘intéresser à l’essentiel.

Jules se repent et se reprend. Aujourd’hui, il interpelle une femme dans la rue. Elle a la cinquantaine, le visage flétri, la silhouette voutée. Elle menace d’appeler la police quand Jules l’aborde.

Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire, Jules. Ce n’est pas bien. Aujourd’hui, adresser la parole à une inconnue dans la rue, c’est indiscutablement une agression. Sur le trottoir, les gens, il faut les croiser à la rigueur, mais sans les voir et sans leur parler.

Il faudrait que Jules discute avec des gens qu’il connait, au moins un peu.

Par exemple, il pourrait approfondir la conversation avec sa bouchère. Mais Madame Moucheron lui fait peur avec son gros chignon et sa vaste poitrine. Jules se dit encore qu’il a tort.

Cette femme est sûrement très gentille. Sinon elle n’aurait pas pu épouser Monsieur Moucheron, le boucher. Elle ne lui aurait pas fait deux beaux enfants. L’ainé va reprendre la boucherie. C’est bien la preuve que Monsieur et Madame Moucheron forment un couple sympathique et affable. Sinon, il aurait fait l’ENA ou quelque chose comme ça.

Jules dois donc dire quelque chose à Madame Moucheron. Mais qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire ? Il pourrait peut-être la féliciter pour la saveur de la bavette de son mari. C’est ça ! Il va acheter une bavette et en tailler une ! Il pourrait risquer ce jeu de mots au démarrage de l’échange, ça lui permettrait d’engager gaiement la conversation.

Mais après ? Jules a une idée. Il lance un concours : que dit Jules à Madame Moucheron après l’avoir complimenté pour la qualité de sa marchandise ?

Faire son trou

23 juin, 2012

Gérard puise dans ses économies

Pour approfondir le problème

Du trou de la Sécu.

Qui le déprime.

Il se creuse la tête.

Il fouille la documentation.

Il se plonge dans un abîme de réflexion.

Gérard doit faire le vide dans son esprit.

Et piocher dans son imagination pour trouver une solution.

Il y a plusieurs vérités

22 juin, 2012

J’aime bien le mensonge. Mais alors le mensonge bien fait. Le menteur qui croit à son propre mensonge. Pas l’individu qui transpire à grosses gouttes dès qu’il profère une contre-vérité. Ou alors celui qui regarde ailleurs en espérant fuir le regard de son interlocuteur ? En un mot, le bon gros mensonge énoncé avec des yeux de la couleur du ciel et de l’innocence, profondément fixés sur celui qui va se dire qu’avec des yeux comme ça, on ne peut pas mentir.

Il faut aussi qu’un mensonge ait de la classe. Qu’il soit suffisamment élaboré pour être une quasi-vérité. Un mensonge présente l’intérêt de pouvoir s’améliorer contrairement à la vérité qui est ce qu’elle est. Le mensonge est grossier au début. Mais je peux le magnifier en me donnant la peine de le simplifier tout en lui gardant son caractère tellement convaincant que les frontières entre le mensonge et la vérité s’estompent.

Prenons un exemple. Je vous dis que j’ai passé cinq heures à écrire ce texte. Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de fois où j’ai recommencé. C’est complètement faux.

Alors à quoi me servirait ce mensonge. Réponse : à valoriser mon travail parce qu’il en aurait sérieusement besoin vu le peu de temps que j’ai passé à écrire ces lignes.

Des esprits prétendument rigoureux disent que, finalement, les choses son très simples. On dit la vérité ou on dit un mensonge. Il n’y a pas d’autres solutions. Erreur. Je le démontre en reprenant l’exemple précédent.

Dans cette situation, il ya au moins quatre possibilités.

Ou bien vous croyez que j’ai réellement passé cinq heures sur ce texte : l’intensité et la durée de mon travail vous émeut au point d’abandonner tout sens critique et de me couvrir de louanges.

Ou bien, vous croyez toujours que j’ai passé cinq heures à produire cet article et vous vous demandez comment on peut sacrifier autant de temps à émettre des inepties.

La troisième solution est que vous croyez que je mens et que, du coup, la qualité de mon travail vous apparait extraordinaire ; comment écrire aussi bien en peu de temps.

La dernière hypothèse est que je n’ai pas passé plus de dix minutes sur ce texte et que ça ne vous surprend pas, vu sa nullité.

Barrez les mentions inutiles.

Stratosphérique

21 juin, 2012

Pendant sa lune de miel

Au mois de mars

Elle avait des étoiles dans les yeux

En regardant son ciel de lit.

Elle avait trouvé le soleil de son existence.

Aucun nuage n’existait entre eux.

Elle l’avait rencontré un soir de concert au Zénith.

Et fut immédiatement séduite par ses yeux bleus d’azur.

Bref, elle était sur une autre planète.

Mais il fallut retourner sur Terre.

Elle pensa soudain qu’elle devait faire changer son cumulus.

 

La vraie vie

20 juin, 2012

« Y a-t-il une vie après les courses au supermarché du samedi ? »

« C’est à moi que vous parlez ? »

« Bin… oui. Vous ne vous êtes jamais posé ce genre de questions ? Moi, je me demande s’il existe d’autres occasions de se frotter à la vraie vie ? »

« Quand même… le samedi soir vous pouvez sortir en boite, c’est nettement plus intéressant. »

« Il y a beaucoup trop de bruit, je ne comprends rien à ce que l’on me dit. »

« Les boites, ce n’est pas fait pour faire la conversation, c’est fait pour se déchaîner. »

« Ce n’est pas passionnant. Au supermarché, j’ai l’impression qu’on s’occupe de moi. Vous vous rendez compte : tous ces producteurs et tous ces fournisseurs qui apportent leurs marchandises en provenance des 4 coins du monde, rien que pour vous ! C’est bien simple moi quand je prends mon paquet de café dans le rayon, j’ai l’impression de serrer la main du paysan de Colombie. »

« C’est curieux, moi je n’ai pas du tout cette impression.  Il y a quand même mieux à faire le week-end. Par exemple, je vais diner chez ma belle-mère avec Ginette et les enfants et on passe une bonne soirée ! »

« Bof, moi la belle-famille…  je l’ai assez vue. Tandis que dans les allées de l’hyper, vous avez devant vous un concentré d’humanité, c’est autre chose que le poulet rôti de belle-maman. »

« Il y a surtout un concentré de chariots. Je ne comprends jamais pourquoi les gens plantent leurs caddies en travers des allées pour m’empêcher de passer. »

« Vous voyez les choses par le petit bout. Regardez plutôt comme ils se comportent, les yeux hagards, les mains avides à la recherche de leur compote préférée ou regardant d’un air suspicieux les bottes de poireaux sagement alignées sur leur étal. C’est profondément humain.  Dérisoire, mais humain. D’où ma question ; y a-t-il encore une vie possible après un tel spectacle ? »

« Bin oui, on peut aller à la messe. Moi, j’y vais pas, mais en principe, c’est fait pour élever l’âme au-dessus des contingences du quotidien. »

« Oui, bof ! La religion, ça me culpabilise un peu. Il faut toujours se repentir d’exister. « 

« Ou alors, vous pouvez aller au foot. C’est une vraie dramaturgie. C’est exaltant. On ne sait jamais comment ça va se finir. Tandis qu’au supermarché, ça se finit toujours devant une caissière ensommeillée qui attend avidement sa prochaine pause tout en vous regardant benoitement  essayer de vous souvenir de votre code de carte bancaire. »

« Vous pouvez choisir votre caissière. Moi, je passe toujours devant les caissières qui me plaisent. Même s’il y a trois kilomètres de queue. Je plaisante avec  elles, nous pouvons établir un contact humain. Ce n’est pas avec le curé de la paroisse en prières ou un supporter hurlant frénétiquement  que vous obtiendrez cette richesse de dialogue. »

« Alors là, vu comme ça …évidemment… »

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