Archive pour mai, 2012
Pour une bonne compréhension
8 mai, 2012« Il faudrait savoir ce qu’on veut. »
« Si vous croyez que je sais, moi. Pourquoi est-ce aussi important de savoir ce que l’on veut ? »
« Ça donne une ligne directrice, un sens à la vie. Si vous ne savez pas ce que vous voulez, vous redescendez au rang de végétal ! »
« Moi, je suis un peu déjanté. J’aime bien les trucs qui n’ont pas de sens. »
« Alors là, évidemment… Je ne peux pas grand-chose pour vous. Vous devriez consulter. »
« Consulter qui ? »
« Quand on dit consulter, c’est consulter un médecin.»
« Pourquoi ne finissez-vous pas la phrase ? »
« C’est un raccourci qu’on emploie dans les milieux chics. C’est comme quand on dit qu’on va partir quelques jours. On ne dit pas où l’on va, ni d’où l’on part. Sauf que tout le monde comprend qu’il s’agit de vacances et que la personne quitte son domicile pour un autre lieu de villégiature. »
« Si je comprends bien, on réussit à se comprendre en ne prononçant pas tous les mots. Ça commence à devenir compliqué pour moi. »
« Oui, mais il y a mieux. Il peut exister des silences éloquents ou évocateurs. C’est-à-dire que je me tais comme ça, par exemple : …silence…………………. Et vous, vous comprenez tout de suite ce que je veux dire, rien qu’en m’écoutant me taire. »
« Je n’ai rien compris à votre silence. »
« On voit bien que vous n’êtes pas très fin. Mon silence était particulièrement agacé. Il vous disait que vous ne comprenez rien. »
« C’est bien ce que je vous ai dit, non ? »
« Oui, mais vous ne l’avez pas déduit de mon silence qui était pourtant très explicite. Je me suis tu d’un air excédé qui signifiait mon impatience devant votre incompréhension ! C’était pourtant simple ! »
« Bon, alors là, je commence à avoir chaud ! ……silence…… »
« Bon, puisque c’est comme ça, je ne parle plus avec vous. On ne peut même pas avoir de communication silencieuse ! »
« C’est bien ce que je disais dans mon silence, mais vous ne l’avez même pas remarqué ! »
Bon appétit
7 mai, 2012Soirée mondaine
6 mai, 2012« Vous passez un bon moment ? »
« Bin…non, personne ne me parle. Les gens ont tous l’air d’avoir quelque chose de drôle à se raconter. Ils s’appellent « cher ami » et se tordent de rire. D’abord, pourquoi vous me parlez-vous ? »
« Bon, écoutez : essayez de me dire quelque chose de marrant et je vais me tordre de rire. »
« J’ai rempli ma feuille d’impôts aujourd’hui. »
« Non, ça ne va pas. Ce n’est pas amusant du tout. J’ai du mal à me plier. On est très mal parti pour une conversation mondaine. Vous devriez me parler plutôt de vos vacances au Sénégal. Vous savez… celle où vous avez connu de nombreuses aventures hilarantes. Vous vous êtes sûrement trouvé en tête-à-tête avec un lion ! »
« Bin… non, j’étais dans le Périgord, chez mon beau-père. »
« Bon, alors on va faire autrement. Il faut absolument que je m’écroule de rire en vous écoutant. Parlez-moi de moi. Dites-moi que vous avez beaucoup aimé mon dernier bouquin. »
« J’ai beaucoup aimé votre dernier bouquin. »
« Ah ! Ah ! Alors là, cher ami, vous me flattez ! »
« … »
« Là on est bon, tapez moi sur le ventre comme si nous étions amis… Je n’ai pas dis des coups de poing… C’est bien, nous commençons à attirer des regards ! »
« Mais je n’ai rien dis ! »
« Aucune importance. Il faut que nous nous comportions comme si nous étions amis depuis longtemps. L’amitié ça attire. Tapez-moi sur l’épaule, pour voir… Je n’ai pas dit de vous avachir sur moi ! »
« Tiens voilà Duranton… Comment allez-vous cher ami ? »
« Vous connaissez Duranton, vous ? »
« Bin oui, depuis très longtemps. Pourquoi, c’est bizarre que je connaisse Duranton ? »
« Bin oui, car vous n’êtes pas très connu… »
Duranton :
« Je suis son percepteur. Je suis bien obligé de le connaître. Mais ça ne me fait pas spécialement plaisir. »
Double jeu
5 mai, 2012Pour Riri,
Il n’y avait pas que le métro-boulot-dodo dans la vie.
Il aimait lire Tintin
En écoutant le ronron de son chat.
Il n’était pas gaga
Contrairement à son ami Jojo
Qu’il appelait : « Mon coco ».
C’était un vrai titi parisien.
Comme son tonton Jean.
Il aimait voir sa cousine Berthe danser en tutu.
Qu’il trouvait mimi.
Puis il retournait à ses joujoux.
Notre leçon d’astronomie
4 mai, 2012Ses paroles sont nébuleuses.
Ce sont des mots en l’air
Prononcés à la vitesse d’un météorite
Par quelqu’un qui a la tête dans les nuages.
Ou alors qui est dans la lune.
Pour l’instant, doté d’une fortune astronomique
Il brille au firmament,
Entourés de satellites,
Mais un jour, il tombera du ciel.
Puisqu’il vit sur une autre planète.
L’art de la conversation
3 mai, 2012« Je n’aime pas les gens qui bavardent. »
« Moi non plus. Mais enfin ça fait du bien de dire n’importe quoi de temps en temps. Il faut que chacun s’exprime. N’importe comment, mais enfin qu’on s’exprime. C’est une détente de l’esprit qui fonctionne comme un ressort comprimé.»
« Moi, je suis sain d’esprit. Je ne dis pas n’importe quoi, je tiens des raisonnements construits. Je sais me faire comprendre. Quand je n’ai rien à dire, je me tais. »
« Mon pauvre, on ne peut pas être rationnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il y a forcément un moment où il faut ouvrir les vannes. Et dire des vannes, si j’ose ce jeu de mots. »
« Alors, vous ça vous gêne pas tous ces babillages infantiles… Gna…gna… et il va faire beau ce week-end… et vous m’attendez pour aller au café… et vous avez vu Dumoulin, eh bien il ne dit jamais bonjour quand on le croise ! Après vingt siècles de civilisation, vous vous rendez compte ! »
« Oui un peu, mais ça crée de la convivialité, c’est dans les petites choses que se fondent la solidarité entre être humains. »
« On pourrait être solidaires et plus constructifs dans de grandes choses. Elevons le niveau. »
« Vous êtes marrant : moi je n’ai pas quelque chose d’intelligent à dire vingt quatre heures sur vingt quatre ! »
« Je reconnais que c’est compliqué. D’ailleurs même moi, je n’y arrive pas. Tenez, en ce moment je ne sais même pas quoi vous dire qui ne soit pas complètement niais tout en restant à votre portée. »
« Ah, vous voyez ! Demandez moi si j’ai vu le match hier soir… ça nous permettra d’embrayer sur autre chose et on aura peut-être la possibilité d’arriver à une discussion intelligente »
« Je ne peux pas, il n’y avait pas de match, hier soir. On ne pourrait pas démarrer d’emblée par quelque chose de plus intéressant. Par exemple, l’influence des marchés boursiers sur l’économie. Tous nos maux viennent de là : la financiarisation de l’économie. Vous y avez réfléchi ? »
« Pas vraiment, je n’ai pas beaucoup d’économies. »
« Ce n’est pas ce que je voulais dire… Vous voyez, c’est compliqué de vous entraîner sur des sommets un peu plus élevés que d’habitude. »
« A propos de sommets élevés, vous avez vu Dumoulin aujourd’hui ? On a rendez-vous pour une réunion dans son bureau. »
« Oh ! Celui-là ! Je le hais ! Figurez-vous qu’il ne me gratifie même pas d’un bonjour lorsque je le croise dans les couloirs. »
Pompette
2 mai, 2012Le temps était gris.
Le pare-brise de Dorothée était givré.
Sylvain avait bourré sa pipe.
Louis chantait de tout son soûl.
Pierre était déjà parti.
Les tartines de Marthe étaient beurrées.
Louisette tordait son éponge trop imbibée d’eau
Tandis que Gus ouvrait des yeux ronds.
Sur le boulevard, plein de gens pressés.
Assaut de modestie
1 mai, 2012« Je me démène comme un beau diable. »
« Vous êtes peut-être diabolique, mais pas vraiment beau. »
« C’est vous qui le dites. Moi, je trouve que j’ai les traits assez fins. Le visage régulier. La silhouette sportive. »
« Peut-être. Mais regardez-moi. C’est tout de même une autre classe. Vous n’avez pas dans le regard ce petit quelque chose qui me rend si attirant. Ni même ce sourire à la fois subtil et avenant : on pressent tout de suite un homme d’une grande qualité. »
« Vous voulez rire ! J’ai un charme extraordinaire. Je ne sens pas chez vous cette espèce de magnétisme instinctif qui assure mon succès. »
« C’est que vous n’avez pas observé convenablement ma façon d’être à l’écoute des autres ou mon talent pour prêter attention à leur discours. »
« Peut-être, mais moi je transcende la conversation dès que j’apparais dans une assemblée. Tout le monde s’arrête de parler et on m’écoute. »
« Ah ! Je n’ai pas remarqué. Moi je me contente d’élever le niveau des échanges par la profondeur de mes remarques. Quand je m’exprime, je vois de l’admiration dans les yeux de mes interlocuteurs. Vous devriez venir voir. »
« Il ne faudrait quand même pas trop vous poussez du col. Moi, je suis un véritable centre d’intérêt. Je ne me contente pas de faire le malin. »
« J’en étais sûr : vous n’avez pas ma modestie intellectuelle. Je suis d’autant plus brillant que j’associe brio et humilité. »
« Alors là, je me gausse ! Me dire ça ! A moi ! On voit bien que vous ne connaissez pas mon élévation d’esprit et le recul que je sais prendre sur moi-même ! Dans le domaine de la discrétion, vous ne m’arrivez pas au bord de la chaussette ! Parfois, je me dis que je ne devrais pas autant hésiter à me mettre en avant. »
« Ce qu’on peut dire, c’est que vous ne manquez pas d’humour, mon cher ! Moi, quand on me connait un peu, ce qui n’est pas votre cas, on est confondu par ma grandeur d’âme à nul autre pareil. »
« Non ! Pour être grand, il faut être extrêmement intelligent. Moi, j’y arrive tout juste. Alors vous… Si vous étiez intelligent, ça se saurait. Vous n’avez pas cet équilibre que j’atteins entre ma beauté extérieure et ma sérénité interne. »