Archive pour mai, 2012

Vérités

21 mai, 2012

Le géomètre parle carrément.

Le franchisé s’exprime en toute franchise.

Le banquier se confie à découvert.

Le chirurgien discute à cœur ouvert.

Le trublion s’explique clairement.

L’amateur de steak tartare  dit sa vérité toute crue.

Le bridgeur joue cartes sur table.

L’internaute lui, va chercher sa vérité sur le Net.

Bonnes nouvelles ?

21 mai, 2012

« Je déteste les gens d’humeur belliqueuse ! Je hais les donneurs de leçons ! »

« Vous ne devez pas aimer beaucoup de monde. »

« Si, j’aime bien les gens qui sourient. Voltaire disait : il est poli d’être gai. »

« Certes, mais enfin, on ne peut pas passer son temps à rigoler. Vous avez vu les nouvelles de ce matin. Elles vous font rire ? »

« Non, justement, il faut s’ouvrir à d’autres choses qu’au journal. Ils rendent les gens maussades. Ensuite, ils deviennent agressifs. C’est un enchaînement infernal. »

« On ne peut pas inventer de bonnes nouvelles rien que pour se faire plaisir. »

« Et pourquoi pas ? On pourrait dire que le gouvernement a décidé de m’augmenter de 25 % ou alors que je peux partir en vacances sans payer le péage de l’autoroute. »

« Oui, enfin… tout ça n’est pas vraiment d’actualité… »

« C’est bien ce que je disais. Pour être bon citoyen maintenant, il faut souffrir. »

« Absolument. Par exemple, vous usez trop d’eau pour vous laver. Il serait bon que vous soyez un peu malpropre. »

« Ça me dérange un peu, tout de même… »

« Et puis arrêtez de prendre votre voiture. Vous pourriez mener votre gamin à l’école à pied ! »

« C’est-à-dire qu’il y a dix-huit kilomètres… »

« Et voilà, c’est de l’inconscience. On veut s’installer à la campagne loin du bruit et de la pollution, tout en gardant son petit confort… »

« On ne peut pas penser à tout. Je suis pourtant bien dans la verdure… »

« Comment ? Vous n’avez rien compris ! Vous n’avez pas à vous sentir bien. Il faut absolument  pâtir de quelque chose. Par exemple, vous n’avez sûrement pas de cinéma dans votre coin perdu. Qu’est-ce que vous le regrettez !… »

« Non, pas du tout. Je n’aime pas le cinéma. »

« Vous n’êtes pas un très bon citoyen. Moi par exemple, je n’en peux plus. Je passe mon temps à trier les poubelles, à m’abstenir de fumer ou de boire, je m’endette pour soutenir la consommation, je paie mon impôt honnêtement et intégralement.  Bref, je me sacrifie pour le bien de la collectivité.  Et, comme vous pouvez le remarquer, je souffre en silence. »

« Vous n’avez pas envie d’une bonne nouvelle ? »

« Chut, vous allez nous faire remarquer ! »

Encore un mauvais poème !

19 mai, 2012

Les pillards ont caché leur butin.

Dans une grotte, près d’une butte à Tain.

L’un d’entre eux doit le garder en lisant de la paroisse son bulletin.

Ou alors un livre d’histoire sur Louis X, dit le Hutin.

Ce voleur n’est pas un joyeux lutin.

Il ne va jamais voir les putains.

Qui ont le nez mutin.

Car il est d’un tempérament hautain.

C’est un artiste du pinceau dès le matin.

Mais il peint en état d’ivresse: son butin est, quand il a bu, teint.

Table d’orientation

18 mai, 2012

Sa direction lui a fait savoir

Qu’il prenait la mauvaise.

Il avait fait un contre-sens

En se rendant à Sens.

Il doit mieux suivre les orientations stratégiques.

Dans les circonstances actuelles, il ne faut pas perdre le nord.

Il faut repartir de la gare de l’Est.

Puis se diriger vers le sud.

Pour rencontrer non points les cardinaux,

Mais les principaux dirigeants occidentaux.

 

Un bruit qui court

17 mai, 2012

Le vent gémissait dans les arbres.

La porte vermoulue de l’écurie couinait sur ses gonds.

La charpente du toit craquelait.

L’eau de la pluie murmurait dans le caniveau.

Le tonnerre grommelait au loin.

Les corbeaux s’envolaient en criaillant de faim.

Un veau vagissait dans une étable.

Le moteur  d’une  voiture rugit dans la nuit.

Encore les relations humaines

16 mai, 2012

« Il ne faut pas trop spéculer sur la bêtise des autres. Prenez un exemple : moi. Je suis beaucoup moins bête qu’il n’y parait. »

« Moi, c’est pareil. J’ai un abord un peu pataud. Mais quand on me connait je suis très fin comme garçon. »

« C’est bien le problème. Il faut qu’on nous connaisse pour être appréciés. Moi aussi, je ne suis pas assez connu. Dans mon quartier, on me confond avec Monsieur Duchmol. Vous vous rendez compte, Monsieur Duchmol ! Celui qui n’a pas cassé trois pattes à un canard ! »

« Vous avez de la chance, moi on ne me confond avec personne. L’autre jour, la concierge de mon immeuble m’a demandé si j’y habitais. Elle me prenait pour un représentant ou quelque chose comme ça. »

« Pourtant, je pourrais apporter quelque chose à la société. Par exemple, ma collection de cigares ou les photos de mes vacances à Narbonne-Plage. Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’ils perdent en ne me connaissant pas. »

« Il faudrait mettre vos photos de vacances sur Internet. Grâce aux nouvelles technologies, nous pouvons aujourd’hui augmenter notre cercle de connaissances. Moi, par exemple, j’ai un blog. Je peux y déposer mes réflexions sur la vie, la société… Le mariage gay, la hausse des prix, la condition féminine,  Je m’exprime quoi … »

« Il est bien visité votre blog ? »

« Hier, j’ai eu trois visites. Temps moyen de connexion : deux secondes quarante six centième. »

« C’est un bon début. Moi, je préfère essayer de discuter avec Monsieur Duchmol. Il s’enfuyait dès qu’il me voyait. Mais je l’ai coincé au bureau de tabac. Il s’est engagé à ne plus me ressembler. Il m’a peut-être traité de cinglé et de bon à enfermer. Mais au moins, nous avons eu une longue discussion, c’est autre chose que les ‘chats’  virtuels. »

« Vous avez raison, je vais engager la discussion avec ma concierge. Comme ça, elle sera bien obligée de faire cas de ma présence dans l’immeuble. Qu’est-ce que je pourrais lui dire pour l’intéresser ? »

« Il faut être adroit. Mais vous ne manquez sûrement pas d’habileté. Il faut valoriser les gens pour qu’ils s’intéressent à ce que vous leur dites. Je ne sais pas… Louer sa dextérité à sortir les poubelles sur le trottoir sans réveiller tout le monde à six heures du matin. »

« C’est que ce n’est pas tout à fait vrai. J’ai du modifier l’heure de mon coucher pour me lever avant qu’elle ne me réveille en sursaut. »

« On s’en fiche. Soyez un peu sournois, que diable ! Sinon, vous ne vous ferez jamais remarquer !  C’est comme ça la relation humaine. C’est le plus culotté qui est le plus entouré. Si vous commencez à être honnête alors là, évidemment…. »

« Vous êtes un peu cynique… Vous devez souffrir…. »

Leçon de maths

15 mai, 2012

Il faut avancer dans la vie à pas comptés.

En mesurant ses propos.

Ils sont nombreux les imprudents qui ne l’ont pas fait.

Et qui ont agi sans calcul.

Si l’on ne veut pas additionner les échecs,

Il est préférable de calibrer ses interventions.

Vous faites comme vous voulez, mais moi je ne me soustrairai pas à cette nécessité.

J’ai assez de soucis  comme ça sans en ajouter.

Je ne peux même pas vous chiffrer mon déficit budgétaire.

 

Plaisirs de la vie

14 mai, 2012

« Il faudrait se rendre compte de la vanité des plaisirs terrestres. Finalement, je trouve qu’on se fait plaisir avec pas grand-chose.»

« Alors là, on ne doit pas beaucoup s’amuser avec vous ? »

« Vous vous rendez compte ? Vous allez en boite de nuit. Il y a du bruit, vous ne comprenez rien de ce qu’on vous raconte, vous criez comme un imbécile comme tout le monde, vous buvez pour avoir l’air de faire quelque chose et puis vous vous réveillez malade au fond de votre lit en supposant que vous ayez réussi à la rejoindre ! Quel intérêt ? Hein ? Je vous le demande un peu ? »

« Il y a des plaisirs moins hystériques. Par exemple, la belote ! »

« Laissez-moi rire. Vous vous installez sur une table de café avec trois retraités oisifs. Vous tapez le carton en vous exclamant fortement. Tout en n’oubliant pas de picoler le pastis du patron.  Et si par hasard vous gagnez, vous ne gagnez que le droit de recommencer ! »

« Moi, je prends du plaisir à aller au foot… »

« Alors là, c’est le pied. Vous avez vingt deux mecs, tous crottés qui courent après le même ballon. Et qui passent leur temps à s’embrasser comme des malades dès qu’ils marquent un but. Et ça vous fait tant plaisir que ça de les voir s’embrasser ? »

« Vous ne comprenez pas grand-chose au plaisirs de la vie… »

« Peut-être, mais moi au moins, je ne regretterai rien quand elle s’arrêtera. Ce n’est pas comme vous. A votre dernier souffle, je parie que vous pleurnicherez en regrettant le goût savoureux du gratin dauphinois de votre maman ou alors le souvenir de vos premiers patins à roulette.  »

« Euh… c’est-à-dire que ma mère faisait surtout du surgelé et qu’elle m’avait plutôt offert une trottinette… »

« C’est pas le problème… J’essaie de vous démontrer que tout ce que vous croyez important pour vous est sans intérêt au regard de l’immensité de l’éternité…  Par exemple, vos week-ends chez votre belle-mère, vous y tenez tant que ça ?»

« Mais enfin, vous ! Il y a bien une chose à laquelle vous tenez ? Votre téléphone portable, par exemple. »

« Alors là, pardon ! Ce n’est pas la même chose ! Vous confondez tout ! Si vous croyez que ça me fait plaisir de téléphoner toute la journée… »

« Bon alors, votre petit bulletin de tiercé, tous les week-ends. Hmmm ? »

« Décidemment vous m’énervez. Le tiercé, ce n’est pas un plaisir non plus. J’essaie simplement d’équilibrer mon budget. Ce n’est pas avec mes allocations chômage que je vais survivre..  Pendant que j’y pense, vous pourriez m’inviter à vos parties de belote. Pour intéresser un peu le jeu, nous pourrions dire … dix euros le point ? Ça donnerait un peu de piment à la situation. »

Nos bons mots

11 mai, 2012

Ils sont tous timbrés à la poste.

Mon beau-frère n’est pas beau.

Tandis que mon grand-père est petit.

A l’arrière de l’arrière-boutique,

Sans rire, je pince le pince-sans-rire.

A la pause-café je pose mon café.

J’ai perdu mon tire-bouchon dans un bouchon.

Je suis parti à la chasse dans la neige avec mon
chasse-neige.

Tandis qu’un garde garde ma garde-robe

Et qu’un pompier éteint le pot-au-feu.

Enfin, je mets le pied à terre devant mon pied-à-terre.

Encore un débat philosophique

10 mai, 2012

« Vous êtes conscient des conséquences de vos actes ? »

« Pas tout le temps. Il y a des moments où je m’en fiche un peu. Il ne faut pas toujours se poser des questions. Sinon, on ne vit plus.

« Et vous me dites ça, comme ça. Sans rougir. »

« Si Christophe Colomb avait été conscient des conséquences de ses agissements, croyez-vous qu’il se serait embarqué vers l’occident ? »

« J’en sais rien. Mais de toute façon, quelqu’un aurait découvert l’Amérique, tôt ou tard. Ou alors ce sont les américains qui nous auraient découverts. »

« L’idée est plaisante : nous aurions été les sauvages des peaux rouges et à l’heure actuelle nous vivrions tous sous des tepees au lieu de jouer avec nos Smartphones. Finalement quand on y pense, la destinée tient à peu de choses. »

« Ne détournez pas la conversation, je vous parlais de vos actes. Ayez conscience que vous vivez en collectivité ! »

« Oui, bien sur. Mais je crois que personne n’est vraiment conscient des conséquences de ses actes. Tenez ! Vous par exemple ! Avec vos manières de me faire la morale à tout bout de champ, savez-vous bien ce que vous faites. Je pourrais en prendre ombrage. Je me vexerais et puis nous aurions une longue période de brouille. Vous avez pensé à ça ? Hmmm ? »

« Non, mais ça ne me dérangerait pas tellement. Et puis peu importe les conséquences sur nos rapports, je me dois de vous rappeler à vos responsabilités. »

« Alors, si je comprends bien le fait que vous me fassiez de la peine vous est complètement indifférent. Bravo ! »

« Vous mélangez tout. Si je vous dis de faire attention à ce que vous faites, c’est parce que je vous aime bien. C’est pour vous, ce n’est pas pour moi. »

« Qu’est-ce que vous êtes généreux ! Mais vous êtes sûr de ne pas projeter vos valeurs personnelles sur ma modeste personne. La liberté individuelle, ça existe. Pourquoi serais-je obligé de vivre comme vous pensez devoir vivre. Vous ne croyez pas qu’il y a là un danger pour les libertés ? » »

« Peut-être, mais convenez que j’ai vécu. Je peux me permettre de conseiller les autres en vertu du poids de l’expérience. »

« Si Christophe Colomb avait écouté tous les expérimentés de son époque, croyez-vous que… »

« Bon, écoutez. On va peut-être laisser Christophe Colomb là où il est. Pour le moment, je vous demande simplement de bien vouloir mettre vos déchets recyclables dans la poubelle jaune mise gracieusement à votre disposition par la régie de l’immeuble. »

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