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Assaut de modestie

1 mai, 2012

« Je me démène comme un beau diable.  »

« Vous êtes peut-être diabolique, mais pas vraiment beau. »

« C’est vous qui le dites. Moi, je trouve que j’ai les traits assez fins. Le visage régulier. La silhouette sportive. »

« Peut-être. Mais regardez-moi. C’est tout de même une autre classe. Vous n’avez pas dans le regard ce petit quelque chose qui me rend si attirant. Ni même ce sourire à la fois subtil et avenant : on pressent tout de suite un homme d’une grande qualité. »

« Vous voulez rire ! J’ai un charme extraordinaire. Je ne sens pas chez vous cette espèce de magnétisme instinctif qui assure mon succès. »

« C’est que vous n’avez pas observé convenablement ma façon d’être à l’écoute des autres  ou mon talent pour prêter attention à leur discours. »

« Peut-être, mais moi je transcende la conversation dès que j’apparais dans une assemblée. Tout le monde s’arrête de parler et on m’écoute. »

« Ah ! Je n’ai pas remarqué. Moi je me contente d’élever le niveau des échanges par la profondeur de mes remarques. Quand je m’exprime, je vois de l’admiration dans les yeux de mes interlocuteurs. Vous devriez venir voir. »

« Il ne faudrait quand même pas trop vous poussez du col. Moi, je suis un véritable centre d’intérêt. Je ne me contente pas de faire le malin. »

« J’en étais sûr : vous n’avez pas ma modestie intellectuelle. Je suis d’autant plus brillant que j’associe brio et humilité. »

« Alors là, je me gausse ! Me dire ça ! A moi ! On voit bien que vous ne connaissez pas mon élévation d’esprit et le recul que je sais prendre sur moi-même ! Dans le domaine de la discrétion, vous ne m’arrivez pas au bord de la chaussette ! Parfois, je me dis que je ne devrais pas autant hésiter à me mettre en avant. »

« Ce qu’on peut dire, c’est que vous ne manquez pas d’humour, mon cher ! Moi, quand on me connait un peu, ce qui n’est pas votre cas, on est confondu par ma grandeur d’âme à nul autre pareil. »

« Non ! Pour être grand, il faut être extrêmement intelligent. Moi, j’y arrive tout juste. Alors vous… Si vous étiez intelligent, ça se saurait. Vous n’avez pas cet équilibre que j’atteins  entre ma beauté extérieure et ma sérénité interne. »