Archive pour avril, 2012
Ils
29 avril, 2012« Vous avez vu : ils ont annoncé le mauvais temps. »
« Qui ça ‘ils’ ? »
« J’en sais rien : ceux qui disent ce qu’il va se passer et qu’on ne voit jamais. Par exemple ceux qui ont décidé qu’il allait faire froid la semaine prochaine ou qui ont fixé le nouveau prix du pétrole. C’est un peu comme notre PDG et sa cour, si vous voulez. Ils ont fixé le nouveau tarif de la cantine à cinq euros, mais ils n’y vont jamais. On ne les voit pas, mais on les sent. Ils sont là, tout prêts de nous »
« Je vois ce que vous voulez dire. C’est la secte des gens qu’on ne voit jamais. Mais qui sont toujours là. Prêts à tout pour nous pourrir la vie. Ce sont eux qui ont mis un nouveau sens interdit sur mon parcours quotidien. Ce sont eux aussi qui sont partis en même temps que moi en vacances pour encombrer mon espace sur la plage. Ou alors ceux qui se précipitent tous en voiture sur l’autoroute, le 15 juillet, alors que j’aurais tellement besoin de place et de liberté. Ceux qui font tout à l’envers de mes envies. »
« Mon pauvre ! Je ne vous parlerai pas de ceux qui ont décidé de faire des travaux devant chez moi, marteaux-piqueurs en mains. Et ils sont encore là, tapis dans l’ombre, lorsqu’il s’agit de programmer des émissions débiles à la télé lorsque je rentre éreinté d’une journée de boulot, et avide de distractions culturelles. »
« Je parie que ce sont les mêmes qui font jouer Duchemin en défense centrale de l’équipe de France. On voit bien qu’ils n’ont rien compris au foot. D’ailleurs, ils n’ont rien compris à grand-chose. Mais ils profitent du fait qu’on ne les voit pas pour décider de tout »
« C’est une bande de sournois. Ce sont eux qui ont inventé la pause-cigarette qui s’ajoute à la pause-déjeuner, la pause-café, la pause-syndicale pour désorganiser le travail dans les entreprises. Et c’est sans doute les mêmes qui ont mis le lundi de Pentecôte un autre jour que le lundi de Pentecôte, pour que les salariés oublient de le prendre en congés. Vous savez aussi qu’ils ont décidé de ce qu’il faut voter au prochain référendum.»
« Oui. Et en plus, vous ne connaissez pas leur dernier coup ? « Ils » viennent d’augmenter le prix du timbre ! Et comme si ça ne suffisait pas, ils ont modifié la recette du poulet aux morilles ! »
« Vous avez raison ! »
« Finalement, il reste une question centrale : pourquoi n’en fais-je pas partie ? Pourquoi ne suis-je pas un ‘ils’ ? Ce doit être grisant d’entendre parler les autres lorsqu’ils disent « ils » en me désignant ! Je voudrais être le « ils » des autres ! »
« Ce n’est pas possible : vous on vous voit partout. Pour faire partie de leur bande, il faut se cacher, tout en étant là. Vous comprenez ? »
« Pas trop. »
Le salon des métiers
28 avril, 2012Il faut lutter contre la délinquance des mineurs.
Et ne pas laisser jurer les charretiers.
Mentir comme un arracheur de dents n’est pas bien.
Ce n’est pas mieux que jouer la comédie.
Il ne faut pas non plus se sauver comme un voleur.
Fumer comme un pompier est mauvais pour la santé.
Arrêtez aussi de faire des comptes d’apothicaire !
Et d’être chaussé comme un cordonnier.
Par contre, vous pouvez être un bon petit soldat.
50 %
27 avril, 2012Il fait demi-tour.
Après avoir bu son demi.
Ce n’est pas la moitié d’un cachet d’aspirine.
Il joue demi dans son équipe.
Mais pas pour un demi-salaire.
Il joue parfois en demi-teinte.
Lorsqu’il sort avec une demi-mondaine,
Il est rarement au lit avant minuit et demi.
Surtout lorsqu’il boit du champagne demi-sec.
Nouveau dialogue philosophique
26 avril, 2012« Et vous quel est le but de votre vie ? »
«Il faut déjà que j’atteigne dimanche prochain pour aller déjeuner chez belle-maman. Après on verra ! »
« Ce n’est pas un but ça. C’est un agenda. Je parlais d’une ambition beaucoup plus élevée que votre belle-mère. Par exemple, donner un avenir radieux à la planète pour que vos enfants vivent mieux que vous et qu’à leur tour ils améliorent les conditions de vie de leur progéniture. »
« Alors là, c’est mal barré. Ils ne veulent pas se marier ni avoir de gamins. Ils disent que c’est beaucoup trop de soucis et qu’ils ont du mal à s’éduquer eux-mêmes. Alors vous pensez des enfants… »
« Bon alors…. Quelles sont leurs ambitions ? »
« Le grand veut aller au ski pour Noël et ma fille veut aller au concert de Yan Justin ? »
« C’est faible, c’est très faible. Je ne vous demanderai pas qui est Yan Justin… »
« Vous faites bien parce que, de toute façon, je n’en sais rien. .. »
« Et vous alors. Si nous dépassions un peu les contingences du quotidien, qu’est-ce que vous avez à dire de votre vie ? »
« Pas grand-chose. D’ailleurs est-ce bien nécessaire d’en dire quelque chose. C’est comme la pluie ou le soleil, on existe : c’est une raison suffisante pour continuer. »
« Oui, mais enfin ce n’est guère stimulant. Certains vouent leur vie à la religion, à la gastronomie, au sport… Vous voyez ce que je veux dire… »
«Je ne suis pas très pieux, je m’ennuyais à mourir au catéchisme. En gastronomie, je ne dépasse pas le stade des pâtes à l’eau. Quant aux sports, j’oubliais toujours mes affaires les jours de gym au collège… alors vous voyez… »
« Je vois que ça ne nous avance pas beaucoup. Prenez exemple sur moi, je lis beaucoup et je réfléchis profondément. »
« Moi, je lis le journal, mais ça ne me fait pas beaucoup réfléchir. »
«Bon, prenons le problème autrement. Que croyez vous qu’il se passe après le décès d’une personne ? »
« On va manger. Après l’enterrement du cousin Victor le mois dernier, on a été au resto. On a bu à sa santé et puis on s’est tapé la cloche. »
« Ce n’est pas tout à fait ce que je voulais dire… »
A nous les petit français
25 avril, 2012Encore la crise
24 avril, 2012« Je sais me satisfaire de peu. Par les temps qui courent, il vaut mieux faire preuve de sobriété. Il n’y a plus d’argent dans les caisses. Il faut aussi rembourser la dette. Sans oublier de préserver les ressources naturelles. »
« Ce n’est pas très gai. Je ne me sens pas soulevé par une espérance quelconque. »
« C’est comme ça. Nous avons vécu au-dessus de nos moyens. »
« C’est-à-dire que vu mes moyens, je ne vois pas bien comment j’aurais pu vivre en –dessous ! »
« Je fais de la macro-économie, là. Si on commence à ses préoccuper des cas particuliers, la vie va devenir impossible. »
« En même temps, elle l’est déjà un petit peu… Bon, je vois que je vous dérange avec mes problèmes. Revenons à la macro-économie. Qu’est-ce que vous préconisez ? »
« Réduire… réduire tout… Par exemple, vous partez en vacances ? Eh bien, disons que vous partirez dix jours au lieu de quinze… De toute façon, vous vous ennuyez dès les premiers jours. »
« C’est-à-dire que je n’arrive même pas à partir une semaine… »
« Bon… alors on va dire que vous allez vous rendre au travail en transports en commun au lieu de prendre votre voiture… on économisera de l’essence et ce sera bon pour combattre la pollution. »
« J’ai plus de travail depuis longtemps, mon pauvre… Quand à ma voiture, elle reste au garage. Vu le prix de l’essence… »
« C’est compliqué avec vous. Il faudrait quand même que vous fassiez des économies quelque part pour participer à l’effort de redressement national. Par exemple, vous pourriez arrêter d’être malade… »
« J’ai une idée : je vais éviter de fêter Noel. De toute façon, ça me casse les pieds. C’est surfait. Et puis moi les fêtes de famille… »
« Non, ça ne va pas. Il faut réduire son train de vie, mais sauvegarder les traditions familiales. Celles qui resserrent les liens, qui rythment la vie… Vous voyez ce que je veux dire. Parce que si tout le monde se dispense de Noël, alors là… tout part à vau-l’eau… Le petit commerce mourra. Sous prétexte que vous n’avez pas de moyens, vous donneriez un très mauvais exemple ! Quand tout va mal il faut se serrer les coudes autour des symboles de la vie collective. »
« Si je comprends bien, il faudrait que j’économise sur des dépenses que je ne fais pas sans porter atteinte aux traditions d’un milieu que je ne fréquente pas ? »
« Il y a un peu de mauvais esprit dans ce que vous dites, mais en gros c’est ça… »
Nos mauvais poèmes
23 avril, 2012Vous pouvez garder pour vous vos quolibets.
Ce sont des plaisanteries au rabais.
Je ne voudrais même pas les acheter sur e-bay.
Je préfère rester sur mon balcon avec vue sur la baie.
Comme hier soir, quand le soleil dans la mer tombait.
Un jour j’irai voir le monde en commençant par Bombay.
Sur le bord du fleuve, je méditerai en dégustant un sorbet.
Enfin, je partirai, sac au dos, pour une retraite au Tibet.
Les vœux
22 avril, 2012« Je te souhaite une bonne année »
Pourquoi un simple souhait ? Maurice pourrait faire plus. Il pourrait entrer en prières pour que je passe une bonne année. Et puis qu’est-ce qu’une « bonne année » ? Quand j’ai rencontré Ginette, c’était une « bonne année ». C’est après que ça s’est gâté. Finalement, Maurice pourrait me souhaiter une bonne décennie, ce serait plus généreux et plus efficace. Une décennie « glissante », comme ça je serai couvert pour un bon moment.
« L’important c’est la santé, hein ? »
C’est sûr. Maurice a un certain talent pour les remarques pertinentes. Je n’aime pas trop être malade. Mais je voudrais éviter d’être malade au point de finir toutes mes phrases par « hein » comme Maurice. C’est assez inélégant.
« Qu’est-ce que je peux te souhaiter de plus, hein ? »
Je n’en sais rien. C’est à lui de me le dire s’il m’aime bien. Il est marrant, Maurice. Il te présente se vœux, mais il faudrait lui faire le texte. Si tout le monde en faisait autant, on ne serait pas près de se souhaiter la « bonne année » correctement. Et puis, finalement ce rite est-il bien nécessaire ? Cette année se passera comme elle se passera. Ce sont les évènements qui décident. Ce n’est pas Maurice. Moi peut-être, un peu.
« Espérons que l’année qui vient sera meilleure que la précédente, hein !. »
Je n’en sais rien non plus. Moi, j’évite d’espérer quoique ce soit pour ne pas être déçu. Pour bien comparer les années, il faudrait faire un bilan complet. Après tout, l’année qui s’est écoulé n’était pas mauvaise. Je me suis bien marré à son mariage. Lui, un peu moins. Je ne pense pas rigoler autant dans les douze prochains mois. Ce n’est pas forcément mon but. Peut-être que l’on peut éprouver du plaisir à réfléchir sérieusement.
« Et ce réveillon, c’était bien ? »
De pire en pire. J’ai mangé des huitres, j’ai été malade comme chaque année. A minuit, j’ai essayez de crier ma joie, en comptant à l’envers. Je me suis précipité au volant de ma voiture pour klaxonner et puis j’ai été me coucher.
« Tu pars au ski avec Jeannine, en février ? »
Non, pas plus que les années précédentes. D’abord cette année, elle s’appelle Louise. Ensuite, je n’aime pas le ski. Il fait froid. Les réservations sont chères. On met trois jours pour arriver sur des pentes enneigées. Autant pour revenir à cause des bouchons sur l’autoroute, quand on ne passe pas la nuit dans un centre d’hébergement ! Il faut se lever tôt pour être sur les pistes de bonne heure. Et puis à la fin, on se casse la figure. En riant, si possible.
De l’air!
21 avril, 2012Madeleine à mauvais haleine.
Elle se masse avec de la graisse de baleine.
Ludo ne manque pas de souffle.
Il court à la perdre, son haleine.
Hélène respire la santé.
Elle allaite son bébé quand il halète.
Maurice a des bouffées de chaleur.
Il ne faudrait pas qu’il expire !
Jeanne soupire pour Jean.
Mais elle aussi a mauvaise haleine !