Archive pour mars, 2012

Controverse scientifique

11 mars, 2012

« Les savants ont démontré qu’il y a un rapport entre le temps qu’il fait et l’humeur des gens. »

« C’est bien vrai. Moi quand il pleut ou qu’il fait froid, je suis ravi. »

« Non, ça marche dans l’autre sens. Quand il fait mauvais, vous devez être morose. Enfin, si vous êtes normal. »

« Non, non : quand il fait mauvais, j’ai une bonne raison de rester chez moi. Bien au chaud. Je me sens protéger comme dans le sein maternel. Je suis casanier. »

« Vous êtes bizarre. Vous ne pensez jamais aux pauvres sans abri ? Ça ne vous abat pas le moral ? »

« Bin… si un peu. Mais j’apprécie d’autant plus d’avoir un toit au-dessus de la tête. »

« Et quand il fait beau, vous ne vous sentez pas un petit peu ragaillardi ? »

« Bin… non. Je me dis qu’il va falloir que je sorte ou alors que j’ai une activité de plein air. Sinon, je vais encore me faire dire que je suis casanier. »

« Ça ne va pas du tout, vous vous opposez à la loi établie par des savants. Je pense que vous êtes anormal. »

« Peut-être mais enfin si la loi des savants est juste, nous aurions tous intérêt à vivre au Pôle Nord ou au Sahara. »

« Ah bon, pourquoi ? »

« Parce que là où il fait toujours froid ou toujours chaud, il ne pourrait pas y avoir de changement de moral. Nous serions entre gens d’une grande égalité d’humeur. Ce serait très agréable. Vous ne trouvez pas déstabilisant d’aller à la rencontre de gens sans savoir dans quel état d’esprit ils se trouvent ? »

« Si je comprends bien, vous contestez les études scientifiques. Ce n’est pas avec ce genre de mentalité que le monde va progresser. »

« « Vous ne voudriez tout de même pas que je me mette à pleurer chaque fois qu’il pleut pour faire plaisir à vos scientifiques ! Ou alors sortir avec l’air hilare au moindre rayon de soleil ?  Et lorsque le temps est mitigé, quelle tête dois-je faire ? Hmmm ? »

« Certes la science n’explique pas tout. Mais si vous vouliez bien arrêter de jouer les esprits forts, nous progresserions plus vite. Au moins, soyez  maussade par mauvais temps, et prenez une mine légèrement avenante dès que l’atmosphère se réchauffe.  Ce serait un bon début pour retrouver un fonctionnement conforme à la science.»

« Bon, je vais essayer, mais c’est bien parce que c’est vous. »

Nos mauvais poèmes

10 mars, 2012

Jules a réussi son master.

Sur la suite de sa carrière, il entretient le mystère.

Tout en mangeant du Munster

Il part acheter un poster austère.

Puis, il vend son toaster

A son ami Prosper

Avant de se retirer dans un monastère

Où il va partager sa vie avec un hamster.

C’était ça où un ministère.

Jules n’est pas un gangster.

Découpages

9 mars, 2012

Paul était un charcutier qui tranchait du jambon tout le jour.

Mais il aimait briser les tabous.

Un jour, il débita son compte en banque.

Cassa sa tirelire.

Et acheta un coupé Grand Sport

Il écrasa l’accélérateur

Et se fractura la jambe contre un mur.

Dans sa chambre d’hôpital, il découpa son plâtre.

Et tailla la route.

La tête de l’emploi

8 mars, 2012

« Mon banquier est un petit homme tout rond. »

« C’est vrai que dans la banque, on est plutôt rondouillard. D’ailleurs, je crois que les tailleurs fabriquent désormais des costumes standard, taille banquier »

« C’est vrai. C’est un peu comme les notaires qui ont tous la même allure. Ils sont tous chauves ou presque. Mon beau-frère chevelu a été retoqué à l’examen d’entrée à l’école notariale »

« Ah, bon ? Moi ma belle sœur a voulu faire charcutière, mais ça n’a pas marché du tout parce qu’elle est plutôt du genre filiforme et élégante. »

« C’est dommage, elle aurait pu être une très bonne charcutière. Ces préjugés tout de même, ça casse des vocations ! On ne peut plus être prêtre maintenant si on n’a pas la joue lisse et rose et le regard un peu translucide ! C’est quelque chose ! »

« Il y a des cas qui peuvent s’expliquer par exemple la situation de ce brave homme qui voulait faire présentateur du journal télévisé en ayant une dentition complètement avariée ! Ou alors cette jeune femme d’un mètre cinquante deux qui voulait faire basketteuse. Mais pourquoi a-t-on refuser ce jeune garçon dans la police pour insuffisance de férocité dans le regard ? Hmmm ? Ou alors cet apprenti-plombier parce qu’il est toujours à l’heure à ses rendez-vous professionnels ? »

« C’est vrai, on dirait qu’il faut avoir la tronche de l’emploi partout ! Ainsi avez-vous déjà vu un gardien de musée qui ne donne pas l’impression de sortir de sa sieste ? Ou alors un prof de philo qui soit un brin rigolard ? »

« Bon, tout ça ne me dit pas la carrière que je vais embrasser avec la tête que j’ai ? Jardinier municipal ?

« Euh… non, il faut avoir une tête à casquette.  Maitre-nageur ? Vous n’avez pas l’air de savoir nager plus que moi . »

« C’est que je n’aime pas beaucoup l’eau. Peut-être coach sportif ? »

« Non, là il faut avoir l’air rassurant à propos de la forme des gens que vous coachez même si ils sont complètement épuisés. Je ne pense pas que vous êtes assez hypocrite. »

« Alors écrivain ? J’ai cette allure complètement débraillée et cette mine ahurie qui colle assez bien à la profession. Il y a aussi un petit quelque chose de dérangé dans mon regard. Vous ne trouvez pas ? »

« Bin non, vous êtes un cas un petit peu compliqué. Ni trop grand, ni trop petit. Ni trop gros, ni trop maigre. Vous n’avez pas spécialement l’air hagard ou vicieux. Normal quoi. Il vous faudrait un emploi où les gens n’on rien d’extraordinaire : Président de la République ? hmmm ? »

 

Histoire de pilosités

7 mars, 2012

Gustave avait une barbe qu’on appelait la barbe à papa.

Il était très fier de son fils Louis. Il se frisait les moustaches en le regardant réussir sa vie.

Par contre, il était très mécontent de Gérard qui avait un poil dans la main.

Tout ce que Gérard faisait lui hérissait les cheveux.

Surtout quand il allait dormir à la belle étoile dans son duvet.

Son troisième fils, Maurice, était très ennuyeux : il le rasait.

Maurice ne faisait rien de ses journées : il ne bougeait pas d’un cil.

En plus, il avait un cheveu sur la langue.

Il n’était pas prêt de découvrir la Toison d’Or.

 

Orientation professionnelle

6 mars, 2012

« Un job qui ne sert à rien ? Ça va être compliqué… J’ai beaucoup de demandes pour ce genre de boulots. Il me reste beaucoup de plombiers ou de dentistes. J’ai un magnifique chef d’orchestre qui vient de rentrer. Mais un job qui ne sert à rien… Je suis un peu démuni.

Il me reste peut-être un  poète… La poésie, ça ne sert à rien, non ? C’est un très beau poste de poète : maudit, obscur, incompréhensible. Ça vous irait ? Vous ne trouverez pas mieux ! »

« Ce n’est pas tout à fait ce que je cherche. Vous comprenez : dès qu’un écrivain aligne deux vers complètement abscons, il y a toujours un critique pour dire que ça fait avancer la littérature. Moi, je ne veux pas faire progresser quoi que ce soit.

La dernière fois, vous m’avez refilé un emploi de ramasseur de feuilles mortes, ça ne me convient pas non plus. C’est très utile de  ramasser les feuilles mortes, ça évite de glisser sur les trottoirs mouillés ! Supposez que ce métier n’existe pas, il ya aurait des tonnes de feuilles dans les rues, une vraie catastrophe ! »

« Ah, vous avez de la chance, il me reste un skieur ! C’est simple : vous vous mettez en haut de la montagne et vous arrivez en bas par la seule force de la gravité. C’est d’une inanité totale. Et en plus, il y aura des gens pour venir vous regarder. Ça n’a aucune utilité connue. »

« Mais c’est très risqué ! »

« Ecoutez, vous m’êtes sympathique. Je peux vous proposer mieux qu’un job qui ne sert à rien : un travail jugé utile alors qu’il ne sert à rien ! Par exemple, laveur de salade en sachet ! Chacun sait que dès que la salade est sortie de son emballage, elle est relavée ! Figurez-vous que c’est un emploi très demandé. Il y a même des options : mâche, frisée, feuille de chêne… C’est très pointu et ça ne sert à reine ! »

« Vous me tentez. Il y a de l’embauche ? »

« Il y a même une vraie carrière professionnelle. Vous pourriez enchaîner directement avec de la fabrication de sacs pour sandwichs vendus en gare, immédiatement jetables dès que le voyageur à ingurgiter sa baguette ! »

« Bof !… »

«A propos, vous avez fait quoi comme études ? Doctorat en sciences économiques ?… Evidemment, ça complique un peu le problème… »

 

 

Miaou !

5 mars, 2012

Boniface est greffier au Tribunal.

Il a une allure de félin

Lorsqu’il traverse la cour de l’école où les enfants jouent à chat perché.

Dès potron-minet, il est en route.

A sa retraite, il achètera un estaminet qu’il a déjà visité.

Lorsqu’on demande si ce bistrot fait envie à quelqu’un, il répond : « Si, à moi ».

Il y sera heureux avec Anaïs qu’il présente en disant : « Ma toute belle… »

Et en ronronnant de plaisir.

Ils s’installeront bientôt : à la mi-août !

Catégories

4 mars, 2012

« Il a toujours été très démonstratif, c’est peut-être à cause de ses origines méridionales. Ces gens du midi sont toujours très expansifs. C’est comme les anglais : ils sont très flegmatiques les anglais, c’est bien connu.  Les chinois avec leur air mystérieux… sont décidemment très mystérieux. Quant aux suédoises, elles sont en général bien balancées.

« Vous n’en avez pas fini avec tous ces lieux communs ? Il y a sûrement des anglais exubérants, par exemple les supporters d’un match de rugby. Ou alors des suédoises très moches, comme ma belle-sœur. »

« Si on ne peut plus mettre les gens dans des catégories toutes faites, ça va devenir très compliqué !! »…

« Et vous si je vous mettais dans une catégorie, ne vous sentiriez-vous contrarié dans l’expression de vos particularismes ou de votre individualité? Vous voudriez être réduit à la taille d’une étiquette ? Hein ? »

« Ah, bin non ! Moi, ce n’est pas pareil. J’ai une personnalité beaucoup plus riche.  Je suis le produit de la diversité. Il ne faut pas me réduire. »

« Bon… alors mettez-vous à la place d’un méridional qui ne serait pas exubérant. Il est très mal à l’aise. Vous le culpabilisez avec vos préjugés. Quant à la suédoise moche, qui se trouve déjà très frustrée, vous finissez de lui démolir le moral en parlant toujours de belles blondes suédoises ! Vous comprenez ? »

« Bon d’accord. Et si je dis que les renards sont rusés et les ours mal léchés, c’est bon ? »

« J’en sais rien, il faut voir avec les zoologistes. Il ya peut-être des renards idiots et des ours très conviviaux qui pourraient prendre vos remarques très mal. Si votre concierge vous catalogue dans la catégorie des locataires désagréables, vous êtes mal barré ! »

« Mais j’ai de très bons rapports avec Madame Lumignon. Je n’en dirais pas autant de ceux qui ne prennent même pas le temps de lui dire bonjour. »

« Vous voyez, vous continuez à catégoriser ! Selon vous, Dans tous les immeubles, il y aurait le clan des êtres sympas qui disent bonjour et ceux qui ne sont pas gentils du seul fait qu’ils oublient de dire bonjour. C’est grave. Nous frisons  la discrimination. »

« Bon, alors si je résume, il ne faut pas faire de catégories et quand on les fait, ne pas les caractériser d’un adjectif  réducteur… »

« On progresse, on progresse. »

« Donc, selon vous, il n’y a pas une catégorie de casse-pieds qui empêchent de faire des catégories… »

A notre rayon chaussures

3 mars, 2012

Jean était un pantouflard.

Il aimait les chaussons aux pommes.

Mais il était aussi un vrai lèche-bottes.

Il épousa une ballerine.

Née à Cognac : c’était une charentaise.

Elle n’avait pas les deux pieds dans le même sabot.

Et se sentait bien dans ses baskets.

Surtout lorsqu’elle jouait au tennis.

Elle était dotée d’une vraie tête de mule.

Elle n’avait pas une vie spartiate.

Jean restait sidéré devant les talons de son chéquier.

Rase campagne

2 mars, 2012

« J’ai un dossier contre vous, cher ami. Dans l’affaire de la construction du stade nautique. Vous savez, les fausses factures… »

« Peut-être mais moi, j’en ai un autre contre vous.  Votre appartement de 500 mètres carrés sur la Côte aux frais de la princesse ! Hmm ! Vous vous souvenez ! »

« Alors qu’est-ce qu’on fait ? »

« Rien comme d’habitude ! On parle ! Vous savez faire aussi bien que moi ! On fera ce qu’on voudra après les élections ! »

« C’est embêtant ces dossiers, je trouve que ça nuit au débat démocratique ! »

« Oui, mais d’un autre côté, c’est reposant. On peut se dispenser de chercher des arguments pour abattre son adversaire. Ce serait assez cruel de chercher à se torpiller les uns les autres. C’est que je ne vous veux aucun mal, moi ! »

« Moi, non plus, mais enfin tout de même… On pourrait essayer de parler de choses qui intéressent la vie des gens ! L’emploi, par exemple ! »

« Bon d’accord, vous avez des emplois à proposer vous ? »

« Bin, non ! Mais nous pourrions nous insurger contre le manque d’emplois ou alors la baisse du pouvoir d’achat. »

« Moi dans mon programme, je pense pousser un coup de gueule contre les tempêtes océaniques ! En voilà assez ! Vous avez vu les dégâts de la dernière ? »

« C’est pas mal ça ! Mais ne prenez pas tout, laissez moi quelques indignations ! Et puis j’oublie l’affaire du stade nautique ! »

« Bon d’accord, je vous laisse les jeunes ! »

« Qu’est-ce qu’ils ont encore fait les jeunes ? »

« Et la violence à l’école ?  Ce n’est pas un beau sujet ça ? Je ne vais tout de même pas vous faire votre discours. Vous pouvez aussi tenir deux heures sur la baisse du niveau scolaire. Ou alors la démission des parents dans le rôle si important d’éducateur. Il ya de quoi faire ! »

« Vous avez raison ! Je vais dire aussi qu’ils perdent leurs repères et qu’il serait dans leur intérêt qu’ils soient soumis à un peu plus d’autorité. Je vous laisse le terrain de la fraude fiscale, et on ne parle plus de votre appartement du Midi ! On est d’accord ? »

« Conclu ! »

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