Archive pour le 27 mars, 2012

Les conseils électoraux du grand Jacot

27 mars, 2012

«Persuadez-moi de voter pour vous. A priori vous n’avez pas beaucoup de charisme. Dans votre œil gauche,  on lit l’impression que vous doutez de votre propre discours. On se demande toujours si vous êtes convaincu de ce que vous dites. On a même l’impression que vous vous demandez si vous connaissez le sujet dont vous parlez.

Donnez-moi un peu d’espoir dans des lendemains enchanteurs. Votre réforme fiscale ne me fait pas rêver. Votre conception de l’éducation et de la culture m’endort. Parlez-moi de moi. Autrement qu’en me rappelant que j’ai des dettes, c’est assez enquiquinant comme ça. Trouvez quelque chose qui me donne confiance en moi-même. Donnez un élan à ma créativité. Ayez l’air au-dessus des contingences matérielles.

Ne faites pas de grands moulinets avec vos bras, c’est agaçant. Ne vous pincez pas le nez en parlant, vous donnez l’impression de mentir comme Pinocchio. Ayez la voix rauque et puissante, pas ce petit filet que l’on n’entend pas. Parlez devant le micro comme vous parleriez sur le zinc d’un bistrot. Faites des confidences, même si tout le monde les connait. Ou alors dites des blagues, mais des bonnes. Pas celles qui ne font rire que vous.

Le mieux ce serait un mot d’esprit. Ayez le sens de la formule. Celui de la synthèse aussi.

Donnez l’impression de vous adresser à chacune et à chacun.  Donnez-vous de l’élan comme si vous alliez passer par-dessus l’estrade. Transpirez du front, vous aurez l’air de vous donner à fond. Ne citez pas le nom de vos adversaires ce serait leur faire trop d’honneur.  Ils ne le méritent pas.  Moquez-vous d’eux sans en parler. Raillez-les.

Mettez vous à la place de celui qui vous écoute. Que va-t-il raconter autour de lui, le soir à la veillée ?

Citez des hommes célèbres. Ne vous mélangez pas les pinceaux en citant leurs phrases.

Parlez de vous. Ne dites pas que vous sortez d’un milieu modeste et que vous vous êtes fait à la force du poignet. Tout le monde s’en fout. Chantez la Marseillaise, un peu faux, pour avoir l’air ému. Laisser le temps aux gens d’applaudir entre les paragraphes. Déchainez-vous de temps à autre pour faire passer un vent d’émotion.

Ne répondez pas aux questions. Ne donnez la parole à personne.

Dites-moi quelque chose.