La comm’
18 mars, 2012« Vous n’êtes pas très communicatif ! »
« Vous croyez que c’est commode de vous parler. Au final, c’est toujours vous qui parlez. Vous remplissez de mots l’atmosphère qui vous entoure. On dirait que vous avez peur du vide. »
« Oui, mais enfin moi je m’exprime au moins. »
« Vous vous exprimez peut-être mais vous ne dites rien. Il faut faire une différence entre être communicatif et être bavard. Vous devriez améliorer votre qualité d’écoute. On dirait que la seule chose qui vous intéresse c’est votre opinion. »
« Bon… bin…allez-y …je vous écoute. »
« Je ne peux pas comme ça. Je sens que vous vous forcez. Et puis en plus, vous me jugez, c’est très déstabilisant. »
« Alors, on fait quoi ? »
« On échange. Par exemple, on pourrait parler politique. »
« Alors là, d’accord. Le gouvernement fait n’importe quoi. C’est toujours pareil, au moment des élections, on se fait tout gentil avec le peuple et après on fait ce qu’on veut entre copains. »
« Là, vous entonnez un refrain très populiste : tous pareils, tous pourris. En fait, vous qui vous dites féru de communication, vous êtes vous-même victime de l’hyper-communication. Vous avez les idées de tout le monde.»
« Arrêtez de manier le paradoxe. Si vous vous croyez intéressant ! »
« Vous voyez : dès qu’on ne dit pas comme vous, vous devenez arrogant. Autrement dit, vous aimez bien les gens communicants à condition qu’ils soient de votre avis sinon ils sont invités à la fermer et vous les classez dans les non-communicants. »
« Je comprends rien à votre truc. Les communicants, c’est ceux qui discutent avec moi. Alors évidemment, moi je ne discute pas avec les réac’ »
« Vous n’avez pas une large ouverture d’esprit. Ce n’est pas parce que l’on n’est pas de votre avis qu’on est réactionnaire. »
« Bon alors de quoi on parle pour ne pas s’énerver. Il reste le temps qu’il fait. On peut peut-être tomber d’accord sur le fait que la saison est anormalement pluvieuse. »
« C’est bien pour ça que j’ai pris mon parapluie ce matin. Mais ça ne va pas nous mener très loin sur le plan de l’échange d’idées. A partir du moment où nous avons la même appréciation sur la météo, il ne va plus se passer grand-chose entre nous. »
« Euh… tout compte fait, ça vaudrait peut-être mieux. Non ? »