Archive pour février, 2012

La souris danse

29 février, 2012

Sa sœur est une grande gigue.

Elle se prénomme Madison.

C’est une sacrée gaillarde.

Elle est danseuse dans un cabaret

Elle fait valser les hommes.

Parfois elle rentre de son travail bourrée

Et leur dit : « Du ballet ! »

Le jour, c’est aussi policière qui quadrille son quartier.

Et distribue des contredanses.

Qu’elle sort de sa musette.

Sa sœur est solide comme un rock.

 

Rumeurs

28 février, 2012

« Si je disais tout ce que je sais ça ferait du bruit. »

« Eh bien, allez-y ça pourrait être amusant. »

« Il y en a qui le regretteraient ! Je ne veux pas être un fauteur de troubles. Ce n’est pas mon genre. Mais enfin, prenez l’exemple de Dumolard. Il y aurait beaucoup à dire, si vous voyez où je veux en venir… »

« Non, pas vraiment. Il est sympa Dumolard »

« Bon, si vous le trouvez sympa, ça vous regarde. Chacun son truc. Il ne faut pas compter sur moi pour colporter des ragots. Je ne suis pas comme Moulin. »

« Qu’est-ce qu’il a Moulin ? »

« Il colporte. En plus, si j’en crois ce que je sais, il est mal placé pour se moquer des autres. »

« Vous savez des trucs sur Moulin ? »

« Oui, mais chut ! Moi je rappelle que je ne colporte pas. Surtout des trucs concernant sa femme. »

« Ah bon ? Elle regarde ailleurs ? »

« Je ne dirais rien, mais faites attention à vos. »

« Vous croyez qu’elle me regarde ? »

« Je ne suis pas une balance moi. Mais il parait que la femme à Moulin vous espionne toute la journée. La mère Veuillot la surprise. Elle a tout raconté à Josiane qui est venu me le dire ! Heureusement qu’il y a des gens sérieux à qui on peut faire confiance. Ce n’est pas comme Bourgeois. Si vous saviez ce qu’il raconte. »

« Qu’est-ce qu’il dit Bourgeois ? »

« Je ne peux pas vous le dire. C’est sous le sceau du secret. Mais vous devriez interroger Garcin. Je crois qu’il est très au courant. »

« Vous croyez que Garcin va tout balancer ? »

« J’en sais rien, mais moi je ne dénonce pas, même ceux qui racontent que vous passez votre temps à fayoter auprès de la direction. La mère Veuillot, par exemple, qui  dit à qui veut l’entendre que Dumolard lui aurait dit que vous faites votre jogging avec Lebreton et son staff…. Euh ! Je ne vous ai rien dit, hein ? Moi, les racontars de la boite, ça ne m’intéresse pas. J’ai d’ailleurs été obligé de calmer Lemarchand qui ne peut plus supporter vos basses manœuvres pour devenir chef du service Communication. Il est mal placé Lemarchand, hein ! Selon Josiane qui le tient de la mère Veuillot, Bourgeois l’aurait surpris à apporter un café à Lebreton avec un air sournois et servile ! »

« Je vois que l’on peut compter sur votre discrétion. Je vais dire deux mots à Lemarchand en ayant l’air de ne pas être au courant de cette histoire de café ! »

Sainteté

27 février, 2012

J’ai été à Saint-Etienne

Avec une sainte-nitouche.

Qui m’avait promis beaucoup pour la saint-glin-glin.

Je lui aurais tout donné : ma maison, ma télé et tout le saint-frusquin.

Je ne suis pas un petit saint.

Mais je ne fêterai pas la Saint-Valentin.

A moins d’une opération du Saint-Esprit.

J’aurais mieux fait d’aller à Saint-Pierre–de-Rome.

J’aurais peut-être été admis dans le saint des saints.

 

Boulot-dodo

26 février, 2012

«Vous avez vu ce pauvre Blanchin ?  Cette oisiveté doit commencer à lui peser. Je ne comprends pas les gens qui ne font rien de leurs journées. »

« Ah, parce que vous vous êtes un homme actif ? »

« Moi, Madame je travaille. Et le soir, je suis fatigué. Vous ne vous rendez pas compte de ma charge mentale. Je dois me reposer  de temps à autre. Je ne suis pas une machine ! »

« Un petit ciné de temps en temps, ça vous détendrait. Il n’y a pas que le boulot dans la vie. Il faut savoir se divertir et se remettre en cause. » »

« Oui, mais moi, je ne peux pas me permettre de relâchement. Allez dire ça à Blanchin. Je suis extrêmement important dans mon entreprise. Avec les responsabilités que j’ai, je ne vois pas bien comment je pourrais aller au cinéma ! »

« Vous n’êtes pas très amusant. »

« Vous n’avez qu’à me parler de mon job. J’en connais un rayon. Je me tape quand même quatre-vingt-dix heures de travail par semaine. »

« Oui, mais moi, je préfère parler littérature, voyage… Vous voyez … D’aventures humaines, quoi ! Vous partez bien un peu pendant vos vacances ? »

« Mes…  quoi ? Si vous croyez que j’ai le temps de partir en congés ! Peut-être un jour ou deux pour aller voir belle-maman. Mais je ne peux pas rester longtemps d’abord parce que elle me rase ensuite parce que aucun réseau ne passe dans son coin perdu ! »

« Bon, alors, vous lisez ? Quelle est votre dernière lecture ? »

« Euh… Peut-être les Trois Mousquetaires, le jour de mes treize ans. »

« On progresse, on progresse. C’est intéressant les Trois Mousquetaire. Mais dans le genre un peu plus moderne, vous n’avez rien ? »

« Puisque je vous dis que je n’ai pas le temps ! Regardez donc mon agenda, je suis pris jusqu’à la Toussaint. D’ailleurs, je me demande pourquoi je parle avec vous, j’ai déjà perdu dix minutes. J’enchaîne réunions sur réunions. Je déjeune sur le pouce. Ce soir, je serai obligé de partir à 22 heures ! »

« Je vois ! Mais vous pourriez au moins suivre le foot à la télé. Ce n’est pas compliqué, vous vous avachissez sur votre fauteuil avec une canette de bière et ça se passe tout seul. Intellectuellement, c’est nul, mais ça vous sortirait de votre quotidien. »

« Alors si je comprends bien, selon vous, je suis un être complètement inculte, juste bon à se démener comme un imbécile sur son canapé ? »

« Euh… bin… oui ! oui ! »

Maçonnerie

25 février, 2012

Il y avait de quoi se taper la tête contre les murs.

Ou alors monter au créneau.

Jules n’avait plus une brique.

Il était temps d’envisager sa séparation avec Maria.

Mais elle se trouvait enceinte.

Il ne pouvait pas préfabriquer un bon motif de divorce.

Elle aurait pu avoir des idées de meurtrière.

Jules se heurtait à une muraille de silence.

Toutes sortes d’obstacles menaçaient sa carrière.

En droite ligne

24 février, 2012

Max était un homme politique de droite.

Il suivait fidèlement la ligne politique du parti.

Il tirait sa légitimité de son élection.

Il connaissait tous les segments socioprofessionnels de son électorat.

Il était aussi à la barre dans la mairie de sa commune.

Mais il était en pointillé dans sa circonscription.

Ce point était fortement souligné par son adversaire.

Ainsi que les traits de son caractère

Qu’on trouvait beaucoup trop directs.

Voisinage

23 février, 2012

« Le vent d’automne a entraîné les feuilles mortes jusque dans la piscine. »

« C’est très romantique. »

« Peut-être, mais comment je nettoie tout ça, maintenant ? »

« J’en sais rien. Moi, je n’ai pas de piscine. Je me méfie. Plus vous investissez, plus vous êtes obligé d’entretenir. Je préfère venir chez vous pour me baigner quand l’eau est propre. Enfin ne vous en faites pas, vous avez onze mois devant vous ! »

« Ça vous ennuierait de m’aider un peu ? »

« Oui, moi j’ai mon aspirateur à nettoyer. Bertille a horreur qu’il s’encrasse. Chacun sa croix ! Je ne vais quand même pas vous emprunter aussi le vôtre. »

« Comme je vous connais, ça ne vous dérangerait pas beaucoup. Vous êtes un voisin très encombrant. Votre télé est-elle bientôt réparée ? Parce que moi, je ne suis pas tellement amateur de foot le dimanche soir. »

« Je presse le réparateur. Ce n’est pas très intéressant de suivre le foot avec vous car vous n’êtes pas très porté sur la bière. Le foot, ça se regarde avec des canettes sous la main. Sinon, ce n’est plus du foot à la télé. Et puis, il n’est guère possible de hurler chez vous, votre femme fait des tas d’histoires ! »

« Je confirme ! Elle me demande souvent de vos nouvelles et des mille euros que nous vous avons prêtés. »

« Pour ce qui est de mes nouvelles, vous pouvez la rassurer. Je viens d’attraper un petit rhume, mais ce n’est rien du tout. Quant à votre prêt, il était un peu juste pour m’acheter la machine à laver de mes rêves, il faudrait vous forcer un peu. Avec mille euros, on n’achète plus grand-chose. Enfin, pour vous faire plaisir, on a décidé de s’offrir un gueuleton avec votre prêt. Je vous rapporterai le menu.»

« Je vois que nous nous comprenons. »

« Entre voisins, c’est la moindre des choses. Pour cette semaine, je vous demanderais simplement le prêt de votre grille-pain. Bertille dit que le nôtre ne dore pas assez ses tranches de pain de mie sur les deux cotés. Ses petits déjeuners passent mal et elle est contrariée pour le restant de la journée. »

« C’est navrant en effet. Mais j’en ai besoin chaque matin aussi ! »

« Vous pourriez venir griller vos pains chez nous puis les rapporter chez vous pour prendre votre café tranquillement. Mais venez avant six heures, Bertille n’aime pas être dérangée à l’heure du petit déjeuner. »

Figures libres

22 février, 2012

Henri ne voit pas plus loin que le bout de son nez

Mais il a l’oreille de Benjamin

A qui il en met plein les yeux.

Lorsque Benjamin fronce les sourcils

Ou bien relève le menton

Henri se  fait des cheveux blancs.

Il a une dent contre Louis

Qui fait bonne figure à Benjamin depuis quelques temps.

Mais Henri fait front.

Même si Benjamin lui accorde ce qu’il veut du bout des lèvres.

Négociation commerciale

21 février, 2012

« Je suis à la recherche d’émotions. »

« Vous tombez mal. En ce moment, je suis dévalisé. Je ne sais pas ce qui se passe mais tout le monde veut s’émouvoir. Bon, enfin… C’est bien parce que c’est vous. Je vais voir ce qui me reste dans mon stock. … Je pourrais peut-être vous chanter « L’envie d’aimer ». C’est en solde. Je suis très émouvant dans cette interprétation. »

« Euh… non ! Moi, je ne ressens rien du tout. Surtout si c’est vous qui chantez. On ne pourrait pas voir autre chose ? Je voudrais frissonner de plaisir ou alors m’étourdir… »

« Bon alors, on pourrait faire un tour sur la Grande Roue. C’est renversant ! »

« Non, j’ai le vertige. J’aurais besoin de quelque chose de beaucoup plus mental. Vous voyez ? »

« Je peux vous conter le récit de mon dernier séjour au Tibet chez les moines bouddhistes. Je raconte très bien. C’est mystérieux et mystique. Vous m’en direz des nouvelles. C’est un article très demandé. En plus, je peux vous faire peur, si vous voulez. Un appel de votre belle-mère en pleine nuit, par exemple. Ou alors un tableau abstrait dans vos toilettes. J’en ai une série absolument horrible. Je peux vous consentir une remise importante. »

« Vous n’auriez pas quelque chose de plus doux ? Quelque chose de sensuel ? »

« Vous ne voudriez tout de même pas que je vous procure une jeune fille prête à toutes les perversions ! Vous vous trompez de magasin, monsieur ! »

« Non, ce n’est pas ce que je recherche. Mais plutôt le toucher de la douceur du velours qui me procure une grande satisfaction. Vous comprenez ? »

« Alors là, il y a un délai de livraison. Pour le moment, j’ai un doudou en coton, mais c’est pour les moins de trois ans. Vous êtes compliqué ! Enfin, j’ai peut-être un truc qui vient d’arriver : un match de foot perdu d’avance par une petite équipe, mais qui retourne la situation à son avantage à cinq minutes de la fin. Quelle émotion ! »

« Euh… J’aurais plutôt vue une soirée au cours de la quelle je gagnerais 100 millions au Loto. »

« Je vois ce que c’est ! Monsieur vise le haut de gamme ! Monsieur est un client exigeant ! Vous avez raison ! A titre exceptionnel, je vais faire un effort : un article très rare ! Une pièce unique ! Une émotion qui va bouleverser  votre vie : l’arrivée du Printemps en multicolore. Livraison le 21 mars ! »

Micro

20 février, 2012

Gisèle, on l’appelait « la grande sauterelle »

Sa sœur Marthe, c’était plutôt « microbe ».

Cette dernière travaillait beaucoup, comme une fourmi.

Gisèle passait son temps à cafarder les bêtises des autres.

« Punaise ! » disait Marthe,

« Arrête de jouer à la mouche du coche ! »

Gisèle épousa Luc qui était plein de tics déplaisants.

Il faisait des sauts de puces sans arrêts.

Et collectionnait des nœuds papillons ridicules.

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