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Nouvelle leçon de grammaire

27 décembre, 2011

Au début était le verbe : marcher, jouer, parler. C’était bien. Mais on ne savait pas qui marchait, jouait ou parlait. Georges et Louis se disputaient pour savoir qui commandaient. On inventa donc le sujet pour savoir qui faisait quoi. Le sujet décida que Georges parlait, Louis jouait et Anna parlait.

Un jour, Georges, fatigué d’avancer sans but précis, exigea de pouvoir qualifier son mouvement. Comment marchait-il ? Vivement, lentement, allégrement ? Pour contenter les caprices de Georges, il fallut inventer l’adverbe, dont Louis s’empara d’ailleurs sans vergogne. Louis put ainsi jouer tranquillement, alors qu’auparavant il se demandait dans quelle condition il le faisait. De même Anna put enfin parler longuement au lieu de se demander si elle pouvait le faire.

Un jour Anna fit une remarque de bon sens : « Très bien, je parle. Mais avec qui je parle ? ». C’était vrai ! On ne pouvait pas dire avec qui elle parlait. Cela entrainait des erreurs ou des quiproquos. Georges pensait qu’elle s’intéressait à lui, tandis que Louis pensait plutôt qu’elle l’assommait avec ses babillages. On trouva donc le complément du verbe pour simplifier ce problème.

Georges sut enfin dans quelle direction il marchait, puisqu’on put dire que Georges marchait en direction de l’église. Louis connut le sens de son jeu : il jouait avec un ballon. Quant à Anna, elle sut qu’elle parlait avec un interlocuteur.

Mais Louis qui tenta de raconter son histoire, s’aperçut vite  qu’on ne pouvait pas écrire : Georges marchait vers l’église Louis jouait au ballon Anna parlait avec un interlocuteur.  On ne pouvait pas tout mettre dans le même sac, il fallait séparer chaque activité. Il inventa le point. Chacun put enfin accomplir son action dans son coin, qu’on appela une phrase, sans empiéter sur le périmètre du voisin.

Pendant ce temps, Georges continuait à cheminer. Après avoir atteint l’église il chemina en direction du stade puis du cimetière. Pour décrire son itinéraire correctement, il pensa qu’on ne pouvait pas mettre tous ces mots à la queue-leu-leu. On ne comprendrait pas grand-chose. Ainsi naquit la virgule dont Louis et Anna firent grand usage puisqu’ils pouvaient enchaîner leurs gestes tout en les décrivant à l’aise, en respirant entre les verbes.

C’est alors que surgit l’arrobase. Personne n’y avait songé et personne ne put dire à quoi il servait.