Le temps des soldes
17 décembre, 2011« Madame Duraton mène le peloton. Avec Jeanne Poulard à ses côtés qui essaie de jouer des coudes. Prête à surgir, Amélie Rosier se démène sur la droite, surveillée de près par Louise Potiron qui ne s’en laissera pas compter.
Derrière elles, c’est la bousculade, Marcelle Dunois semble se dégager. Mais la robe à fleurs de Lucie Pignon se glisse à l’intérieur tandis que le bermuda vert de Simone Verglas prend tout le monde à revers ! »
« Vous avez fini ? Ce n’est pas très beau de se moquer des gens qui se jettent sur les soldes ! Ils n’ont pas beaucoup d’argent ! »
« Si on ne peut plus rire… »
« Il ne faut pas se moquer des autres ! D’ailleurs, vous, avec votre cynisme, vous êtes à plaindre mon pauvre ami. On voit bien que vous avez une revanche à prendre sur la vie ! »
« Bon d’accord ! Je vais faire un effort : je suis très content de vivre, je me sens stimulé, je vais mordre dans la vie à pleine dents ! »
« Vous voyez ! Vous voyez ! Vous ne pouvez pas vous empêcher d’être sarcastique ! Vous devez avoir un sérieux problème. »
« Je vois ce que c’est : pour vous, il ne faut surtout pas se poser de questions existentielles. On se fait exploiter de tous les cotés, mais c’est normal ! Circulez, il n’y a rien à voir comme disait l’autre ! »
« Vous me faites dire ce que je n’ai pas dit, comme d’habitude. J’ai dit qu’il n’est pas bien de se moquer des gens aux revenus modestes qui se battent comme des chiens dans les grands magasins au moment des soldes. »
« Je dis ça pour mieux stigmatiser les dérives de la société de consommation, vous comprenez ? »
« On pourrait faire autrement ! Par exemple, on pourrait expliquer que si un commerçant solde un produit à 70%, c’est, qu’en temps normal, il fait 80% de bénéfice dessus. Vous trouvez ça bien? Au bout du compte, celui qui en pâtit c’est le pauvre paysan, producteur de matières premières, pressuré par les grandes marques de distribution, vivotant péniblement dans la misère épouvantable d’un pays sous-développé, dénué de tout, et qui bientôt ne pourra plus travailler et mourra abandonné de tous ! »
« Ah, bin oui, vu comme ça…. Je ne vais plus me moquer ! Vous avez une belle veste ! Vous l’avez acheté où ? »
« En solde… »