La géométrie d’Anatole
8 décembre, 2011Il y a la géométrie d’Euclide et il y a la géométrie d’Anatole.
C’est pareil.
Par exemple, il n’a pas grossi malgré ses trois séances de gym par
semaine. C’est comme ça. C’est toi qui le regarde mal.
Ou alors, son poste est important. C’est obligatoire de voir les
choses comme ça. C’est quasiment légal.
Quant à sa bagnole, elle est
plus puissante et plus économe que la tienne. On ne sait pas qu’elle est
la marque de ta voiture, mais ça n’a pas d’importance, c’est forcément Anatole
qui a la plus belle voiture. C’est un postulat qui n’a pas à être démontré.
Deux droites parallèles ne se coupent jamais. Anatole non plus. Il
ne se trompe jamais. Si l’on admet à la rigueur que les deux parallèles se
coupent à l’infini, lui, Anatole, se trompe dans un nombre de cas infinitésimal.
Dans un triangle rectangle, la somme des carrés des cotés est égal
au carré de l’hypoténuse. Dans le cas d’Anatole, l’addition de ses facultés
élevées au carré, ajoutée au brio de son imagination atteint la perfection
multipliée par elle-même.
A coté de lui, je suis tout juste un petit triangle isocèle avec
mes petits cotés bien comme il faut, mon aspect un peu obtus et mon égalité
d’humeur.
Son périmètre d’intervention et son rayon d’action impressionnent
par leur ampleur. Il ne se contente pas de son secteur d’activité dans sa
profession. Il a de remarquables facilités d’adaptation et sait se retourner à
180 degrés.
De plus, il a de la culture. Il utilise souvent des paraboles de la
Bible pour s’exprimer. En plus, il est beau. L’ovoïde parfait de son visage et
la rectitude ne son nez le propulsent en ligne droite vers les plus hautes
destinées cinématographiques.
C’est un homme carré alors que les autres s’échinent dans des
attitudes sinusoïdales parfaitement incompréhensibles. Mais il sait aussi être
souple et adopter des attitudes à géométrie variable.
C’est aussi un grand sportif. Son jeu en triangle est connu sur
tous les terrains de foot. Son salon est un point de rencontre entre les plus
grands. Il ne prend jamais la tangente devant l’adversité et ne cache jamais
ses coordonnées. Si on le cherche, on le trouve. Entre son bureau et son logis,
il passe une droite et une seule dont il ne s’écarte jamais.
Sa femme est parfois un peu primitive. Lui est constamment positif,
sur une pente croissante. Il lit son journal en diagonale, mais sait en résumer
les nouvelles essentielles.
Tout le reste lui est équilatéral.