Archive pour décembre, 2011

Sylviculture

31 décembre, 2011

Olivier joue au foot.

Il a marqué un but en shootant à travers une forêt de jambes. 

Il a retrouvé la forme après son opération des végétations.

Son entraineur lui tresse des lauriers.

De tout son être, il veut épouser Julie.

Bientôt, il se mariera : son équipe formera une haie d’honneur à la sortie de l’église.

Au bureau, il abat un boulot gigantesque.

Parfois, il freine son ardeur pour ne pas effrayer ses collègues.

Où qu’il aille il est très entouré.

Il a beaucoup de charme.

Condamné

30 décembre, 2011

Après avoir enterré sa vie de garçon,

Jean va pendre  la crémaillère avec Marie.

Feu son grand-père lui dressait un tableau d’apocalypse de la vie en couple.

Il en mourrait de rire.

C’est vrai qu’au début, le manque d’argent est un goulot d’étranglement.

Mais Jean n’a pas envie de se torturer l’esprit.

Il n’est pas du genre à se tourmenter avec des questions inutiles.

Parfois Marie le fusille du regard,

Lorsqu’il joue encore au bourreau des cœurs.

Il doit exécuter les quatre volontés de Marie.

Discussion politique

29 décembre, 2011

« Il est temps de passer à autre chose, mon vieux ! Le monde évolue ! Les temps changent ! Il faut savoir s’adapter ! »

« Moi, ça fait des dizaines d’années que je m’adapte, ça commence à faire. Il ya 30 ans, je n’aurais jamais cru que j’y arriverai et pourtant je suis là ! Toujours là !

Je me demande qui c’est qui fait évoluer le monde. Le type qui s’en charge devrait tout de même me demander mon avis avant de passer à l’action. Ça simplifierait les choses. Il me décrirait son projet et comme ça, je pourrais anticiper… m’adapter plus facilement. Vous comprenez ?

Par exemple, s’il me dit qu’à l’avenir tout le monde se déplacera en trottinette, je file m’en acheter une pour m’entraîner. Ce n’est pas compliqué ! Le problème c’est que ce monsieur se croit autorisé à tout changer sans prévenir personne.

Tiens ! Quand il a décidé que tout le monde devait trier ses poubelles ! Vous avez été prévenu vous ? D’ailleurs quelle est la légitimité démocratique de cet homme ? Après tout je ne l’ai pas élu ! Au contraire ! Habituellement, je vote pour des conservateurs, des gens qui ne veulent rien changer.

Mais en fait ça change quand même lorsqu’ils sont au pouvoir. Ça prouve bien que le pouvoir est ailleurs. Que d’autres tirent les ficelles ! »

« Oui, finalement, vous avez peut-être bien raison ! »

« Ecoutez, j’ai une idée ! On va dire qu’à partir d’aujourd’hui, je suis le Maître du Monde !  Puisque celui qui décide de tout ne se montre jamais, je prends sa place ! Comme ça, je saurai où l’on va puisque c’est moi qui en déciderai. Il faut être pratico-pratique. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« Vous n’êtes pas vraiment un être supérieur ! Je vous trouve un peu juste pour exercer cette haute fonction, mon vieux ! »

« Oui, mais enfin j’ai des capacités. Je me débrouille. Partout, des générations émerveillées se reconnaitront dans ma personne et mon action. Ce sera plutôt sympa, non ? Et puis si vous pouviez éviter de m’appeler mon vieux … »

Tours et détours

28 décembre, 2011

Jeanne a préparé une tourte aux poireaux.

Elle a un bon tour de main.

Puis elle dansera avec Louis, le temps d’un tour de piste.

Ensuite, Louis voudra regarder l’arrivée du Tour de France.

Mais elle lui jouera peut-être un tour à sa façon.

En revêtant ses plus beaux atours,

Elle mettra en valeur son tour de taille.

Le sang de Louis ne fera qu’un tour.

Et ils partiront faire un tour, main dans la main,

Jusqu’à Tours.

Nouvelle leçon de grammaire

27 décembre, 2011

Au début était le verbe : marcher, jouer, parler. C’était bien. Mais on ne savait pas qui marchait, jouait ou parlait. Georges et Louis se disputaient pour savoir qui commandaient. On inventa donc le sujet pour savoir qui faisait quoi. Le sujet décida que Georges parlait, Louis jouait et Anna parlait.

Un jour, Georges, fatigué d’avancer sans but précis, exigea de pouvoir qualifier son mouvement. Comment marchait-il ? Vivement, lentement, allégrement ? Pour contenter les caprices de Georges, il fallut inventer l’adverbe, dont Louis s’empara d’ailleurs sans vergogne. Louis put ainsi jouer tranquillement, alors qu’auparavant il se demandait dans quelle condition il le faisait. De même Anna put enfin parler longuement au lieu de se demander si elle pouvait le faire.

Un jour Anna fit une remarque de bon sens : « Très bien, je parle. Mais avec qui je parle ? ». C’était vrai ! On ne pouvait pas dire avec qui elle parlait. Cela entrainait des erreurs ou des quiproquos. Georges pensait qu’elle s’intéressait à lui, tandis que Louis pensait plutôt qu’elle l’assommait avec ses babillages. On trouva donc le complément du verbe pour simplifier ce problème.

Georges sut enfin dans quelle direction il marchait, puisqu’on put dire que Georges marchait en direction de l’église. Louis connut le sens de son jeu : il jouait avec un ballon. Quant à Anna, elle sut qu’elle parlait avec un interlocuteur.

Mais Louis qui tenta de raconter son histoire, s’aperçut vite  qu’on ne pouvait pas écrire : Georges marchait vers l’église Louis jouait au ballon Anna parlait avec un interlocuteur.  On ne pouvait pas tout mettre dans le même sac, il fallait séparer chaque activité. Il inventa le point. Chacun put enfin accomplir son action dans son coin, qu’on appela une phrase, sans empiéter sur le périmètre du voisin.

Pendant ce temps, Georges continuait à cheminer. Après avoir atteint l’église il chemina en direction du stade puis du cimetière. Pour décrire son itinéraire correctement, il pensa qu’on ne pouvait pas mettre tous ces mots à la queue-leu-leu. On ne comprendrait pas grand-chose. Ainsi naquit la virgule dont Louis et Anna firent grand usage puisqu’ils pouvaient enchaîner leurs gestes tout en les décrivant à l’aise, en respirant entre les verbes.

C’est alors que surgit l’arrobase. Personne n’y avait songé et personne ne put dire à quoi il servait.

Sauve-qui-peut !

26 décembre, 2011

Marius a mis la clé des champs dans sa poche.

Tandis que sa femme file du coton.

Un géomètre arpente le pré de Marius puis  prend la tangente.

Au loin un chasseur à cour se cavale sur son cheval.

Tandis que Louisette s’élève dans le ciel dans sa montgolfière : c’est la fille de l’air.

Le cirque s’est installé avec un magicien qui jette de la poudre d’escampette.

Tandis que le contorsionniste pend les jambes à son cou.

Une rumeur fuit dans les journaux :

Un voleur se serait dérobé lui-même.

Tandis qu’un anglais se rapprocherait  de sa femme : il s’en va à l’anglaise.

Nouvelle controverse philosophique

25 décembre, 2011

« Etes-vous croyant ? »

« J’en sais rien. C’est obligatoire de savoir si on est croyant ? J’ai déjà du mal à savoir qui je suis ! »

« Non, ce n’est pas obligé, mais enfin ce serait bien de vous décider avant qu’il ne soit trop tard ! »

« Bof ! Que l’au-delà existe ou n’existe pas, ce n’est pas le fait que j’y crois ou que je n’y crois pas qui va changer quelque chose ! »

« Certes, mais supposez que quelqu’un se tienne à la porte de l’Au-delà et ne laisse entrer que les gens qui y ont cru ! Vous serez bien embêté ! »

« D’accord, mais comment votre portier saura si j’y ai cru ou pas cru à l’Au-delà ? »

« Vous n’avez aucune spiritualité. Mon portier comme vous dites, est un être divin qui sait tout même ce que vous pensez ! »

« Le problème, c’est que je ne pense rien ! Il doit être consterné. »

« Non, mais il doit être au courant de la platitude de votre réflexion. Ce n’est pas très bon pour vous. Parce que si on ne sait pas si on croit, c’est comme si on ne croit pas. Il va être furieux. »

« C’est très binaire comme raisonnement. Je suis un individu beaucoup plus subtil que ça, moi. Vous n’auriez pas une divinité qui comprenne ma complexité ? »

« Bin… non ! Il y a un moment où il faut être un coté ou de l’autre ! Sinon, ce serait trop facile, il suffirait de dire qu’on ne sait pas. On ne se mouille pas et au bout du compte, on est sauvé comme ceux qui se sont donné la peine de croire ! »

« Mais enfin, c’est humain le doute. Le contraire du doute, c’est le fanatisme. Vous êtes un être dangereux, finalement ! Un intégriste probablement. Je le vois dans votre regard d’illuminé ! Il faut toujours que je tombe sur des gens bizarres !»

« Vous faites dévier la conversation. Moi, j’en déduis que vous ne croyez pas ! C’est votre droit, hein ! Moi, je suis pour la liberté de conscience. Je ne juge personne  Mais ne venez pas vous plaindre après ! Je vous aurais prévenu ! »

« Après quoi ?… »

Comme le temps passe…

24 décembre, 2011

Quel est la date de la bataille de Marignan ?

Tu ne veux pas le jour et l’heure pendant qu’on y est ?

Minute ! C’est moi qui pose les questions !

Si tu veux passer en CM2, il va falloir passer la seconde !

Tu as payé le trimestre de la cantine ?

On ne paie pas à la fin de l’année ?

J’ai tout juste de quoi finir ma semaine !

Ils devraient nous mensualiser, comme les impôts !

Si nous revenions à Marignan… dis-moi au moins le siècle !

Qu’est-ce que c’est que ce b…?

23 décembre, 2011

Jean habitait à Fouilly-les-Oies

C’était un anarchiste, partisan de se révolter contre tout.

Il tenait un bazar. Le célèbre bazar de Fouilly-les-Oies.

Après avoir pris modèle sur le souk oriental.

Parfois, il travaillait sur un chantier voisin.

Sa vieille voiture roulait de manière chaotique.

Il vivait avec Maria la patronne du bordel.

La célèbre maison close de Fouily-les-Oies.

Un jour, Maria lui reprocha son désordre.

Il s’en trouva confus.

Banalité, ça commence comme banane.

22 décembre, 2011

C’est sans intérêt comme remarque, mais ça me permet d’occuper l’espace.  C’est comme dans un parking, je gare ma voiture et je m’approprie un morceau d’espace public sans demander l’avis de quiconque.

Pour justifier ma place dans le grand parking de l’existence, je vais faire comme tout le monde, je vais dire plein de trucs banals. Je vais être écœurant de banalité. Ce sera comme si je mangeais trop de bananes, ça finira par me faire vomir. Mais c’est comme ça.

Je ne vais pas me lancer dans des considérations météorologiques. Même ça, ce n’est pas assez banal. On pourrait même me contredire. Il ne faudrait pas que mes prestations deviennent un sujet à pugilat.

Il faudrait que je sois banal et consensuel. Je serai sûrement mieux admis en société. Je pourrais m’élever contre la famine dans le monde. Si jamais quelqu’un se prononce en faveur des ravages de la faim dans les populations déshéritées, je passerai pour un héros ! Banal, consensuel et héroïque !

Je pourrais également prendre la parole contre la guerre ! C’est vrai ça ! On pourrait discuter avant de se taper dessus. Nous avons vingt siècles de civilisation derrière nous, tout de même ! Avec une intervention comme ça, je vais me couvrir de gloire. Je montrerai que j’ai un certain sens de la perspective historique. Si je m’exprime avec une vivacité indignée, personne n’osera me demander  de développer ma pensée. Tant mieux parce que j’ai quelques lacunes en histoire. Banal, consensuel, héroïque et inculte.

Ensuite je pourrais dénoncer l’insécurité grandissante dans nos rues. Je dirai que j’ai failli me faire piquer mon porte-monnaie dans le tram. D’autres voudront surenchérir. L’un se sera fait voler son portefeuille ou sa carte bleue au supermarché, l’autre se sera fait tabasser à domicile pour donner le mot de passe de son coffre-fort. Il se trouvera toujours quelqu’un pour me dire que j’ai parfaitement raison d’en parler. D’ailleurs, ce quelqu’un aura certainement vu une grand-mère se faire arracher son sac dans la rue. J’aurais ainsi favorisé le développement du sentiment d’insécurité en parlant d’insécurité.

Banal, consensuel, héroïque, inculte et irresponsable.

Après ça, logiquement, on ne devrait parler que de moi.

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