Archive pour novembre, 2011

Une vie bien dissolue!

30 novembre, 2011

Je suis viré : mon entreprise a débauché.

Moi ! Un vice-président !

J’ai pourtant une licence.

Je vais aller faire un tour à la foire.

Ensuite, j’irai à la campagne pour pêcher

Et  pour m’enivrer des senteurs de la nature.

C’est le seul endroit qui ne soit pas encore corrompu.

Et puis après je ferai la bombe.

Les gens commencent à me soûler.

Une histoire en spirale

29 novembre, 2011

Le soupirant de Souad était aspirant dans la marine. Souad inspirait l’aspirant. 

Héroïque il l’était, car l’aspirant avait mal à la tête : l’aspirant prenait souvent de l’aspirine. Parfois, en montagne, le soupirant respirait. Le soupirant aspirant aspirait à la tranquillité. 

Un jour, l’aspirateur de l’aspirant vint à se détraquer. Pour trouver un réparateur d’aspirateur, c’était de pire en pire. Il réveilla Souad qui s’était assoupie, remplie de rêves de mariage et de maternité. Souad  prit part à l’exaspération de l’aspirant. 

En cuisine, Souad n’était pas un as ; pis, renseignement pris, elle ne savait pas se servir d’une soupière en porcelaine. La situation allait donc en empirant pour le soupirant. Souad ne savait faire que des aspics rembourrés de jambon et de mayonnaise. 

Là se situe un coup de théâtre dans le texte. 

Prisant l’aspirant, Souad promit de s’améliorer. Elle allait faire un stage sérieux à l’étranger. Elle avait en tête le nom d’un pays où l’on ne passait pas le temps à manger de la soupe : Iran. 

L’aspirant soupirant, soupira de ce départ, mais sourit bientôt de son retour. 

L’aspirant aspira à un gratin d’asperges. Souad, voulant plaire à l’aspirant, aspergea les asperges du soupirant avec de la soupe rance. 

Pour qu’elle parte, le soupirant soupirant, soutirant de l’argent à sa banque, lui donna des sous. Munie de son argent, il lui ordonna d’aller cuisiner à Caracas, ou pire en Roumanie, ou ailleurs. 

Elle resta. 

Souad, en portant l’aspirateur de l’aspirant à la casse, rencontra un homme qui revenait du Vallespir, dans les Pyrénées comme chacun sait. 

L’amour de l’aspirant expira. Mais on put dire que le soupirant respira. 

Souvent, sous le vent, se soulevant de son siège, Souad soupirait au souvenir de son amant aspirant soupirant. 

 

 

Fâcheries

28 novembre, 2011

.Je me sens indisposé.

J’ai la gorge irritée.

Tiens ! Je vais me faire des œufs brouillés.

Je plonge dans le frigo : je suis en froid.

Je vais aller manger dans le boudoir.

Avec le chat qui se met en boule

Près de la cheminée qui s’enflamme.

Je vais me faire aussi une soupe au lait.

Il faudra que je n’oublie pas de l’emporter.

Moi, je

27 novembre, 2011

Je m’interroge. Je ne me réponds pas. Je le savais : je ne sais rien. Je vais me mettre au piquet si ça continue. Il faut que j’apprenne mes leçons, sinon je vais faire un mot à mes parents. 

C’est pour mon bien que je me surveille, sinon je vais perdre mes points de repère. Je dois faire ce que je me dis au lieu de n’en faire qu’à ma tête ! 

Il faudrait que je sois plus attentif à mes leçons. J’ai tendance à ne pas m’écouter. Pourtant, je suis intéressant. 

Je ne m’aime pas, mais le problème n’est pas là. Je suis là pour m’inculquer des valeurs morales et républicaines auxquelles je crois profondément. 

Je vais me prendre en mains avant que je ne sorte du droit chemin. C’est un service que je me rends. Je me remercierai plus tard. Pour le moment, je dois me contenter de faire ce que je me dis. Et si je ne suis pas content, je peux prendre la porte ! 

Non mais qu’est-ce que c’est que ça ? Allons ! Allons ! 

Allez, je suis sûr que je vais y arriver. Il suffit que je fasse un effort. Je vais me mettre au travail sérieusement. Je vais m’y aider. 

Pour commencer, il faut que je me lève tôt. Il y a un bout de temps que je me le répète. Ensuite il faut que je soigne mon apparence. 

Je me ferai un bilan toutes les semaines de mes progrès. 

Ah ! Je vois que je commence à me convaincre. Non ! Non ! Ce n’est pas la peine de me remercier, c’est tout naturel. Je suis là pour ne pas me laisser tomber. Les anciens doivent savoir transmettre leur expérience aux plus jeunes. 

Je suis mon tuteur. Mon phare dans la nuit. Je me conduis vers un avenir radieux. 

Nos très mauvais poèmes

26 novembre, 2011

Sur le bout de son nez, Jean posa ses lorgnons.

Puis se mit à éplucher des oignons,

A la lueur d’un lumignon.

Il avait pris un gnon,

Donné par un manant, sur le pont d’Avignon.

Parce qu’il lui avait dit non.

Il ne voulait pas en faire un compagnon.

Pour aller cueillir des champignons.

Jean lui avait répondu ironiquement « Vous êtes mignon !»

« Mais mon logis, nous regagnons ! »

 

Nos bons mots

25 novembre, 2011

Tu abuse, triple buse !

L’épicier me leurre sur le beurre.

Le cheval harnaché est harassé et arraché à son écurie.

Depuis un quart d’heure, l’harder est plein d’ardeur dans son débardeur.

Il me trompe, Eustache !

L’ogre croque l’escroc de ses crocs.

Il achète un badigeon et dix joncs à Dijon.

Il est assis sur un ramassis de cassis.

Le témoin se gratte le bord du nez, on dit qu’il est suborné.

Sur la barricade, il ricane avec sa canne et son jerricane.

La haine

24 novembre, 2011

« J’ai la haine !»

« Vous avez la haine ? Ce n’est pas très gratifiant. Il faut savoir pardonner de temps en temps. »

« Je m’en fous. Ils ne m’ont rien fait, mais je les hais quand même ! »

« Qui ça, « ils » ? »

« Tous ceux qui ne pensent pas comme moi ! »

« Vous êtes très intolérant !

« Peut-être, mais eux ne m’aiment pas non plus ! »

« Il faut tirer tout ça au clair ! »

« Bin, non ! J’ai pas envie. Si je commence à me demander pourquoi je ne les aime pas, je me connais… je vais finir par me dire que j’ai tort, je vais culpabiliser, et finalement ça va me retomber dessus. J’ai besoin d’avoir des ennemis pour polariser mon énergie. Vous comprenez ?

D’ailleurs, il faudrait que je fasse le recensement de tous ceux que je pourrais haïr tranquillement. Peut-être les riches ?  Vous allez me dire que j’ai du pognon et que je ne peux tout de même pas me détester. Il n’empêche qu’il y a sûrement plus fortuné que moi.

Dugenou, mon chef de service. Il n’est pas plus épouvantable qu’un autre, mais c’est un chef, donc il est forcément l’objet de ma répulsion.

Les supporters du PSG. Depuis que leur équipe gagne et que la nôtre perd, quelle arrogance !

Morissot, mon voisin. Il ne m’a rien fait. Mais, enfin, il a une drôle de façon de me regarder !

Bon ! Ça commence à faire du monde, hein ? Je me sens mieux. Décidemment, je suis le centre de beaucoup de ressentiments alors que je suis un type sympa, gentil, affable. Enfin… quand on me connait bien !

Il faut savoir cultiver ses ennemis. Je vais fonder un club des gens qui me sont insupportables. Si ça vous intéresse, consultez www.mesennemis.fr. Tout le monde peut s’inscrire : un peu de morgue et d’arrogance suffisent.

Avec vous, j’ai du mal. Vous ne faites pas l’affaire. Il faudrait que vous me regardiez de travers ou alors que vous me coupiez la parole à tout bout de champ ou encore que vous ayez une plus belle voiture que moi….

Dur, dur

23 novembre, 2011

Entre Jeanne et Louis, il y avait anguille sous roche.

Ils étaient installés sur le rocher de Monaco.

Jeanne en voulant épouser Louis avait jeté un pavé dans la mare.

Louis  avait fait fortune dans le béton armé.

Il était solide comme un roc.

Il ne mourrait pas de faim : il n’avait pas la dalle.

Mais il avait caillassé un car de police.

En jetant des cailloux dans l’eau,

Il se disait souvent que rien n’est gravé dans le marbre

Et que pierre qui roule n’amasse pas mousse.

Les années 50

22 novembre, 2011

Il faudrait que j’appelle Sandra. Le problème c’est qu’elle ne s’appelle pas Sandra mais Alexandrine. Elle préfère Sandra parce que ça  fait américain et parce qu’au téléphone, on à l’impression d’une chanson de Claude François : « Allo Alexandrine ? ». 

Enfin… chacun porte sa croix ! Moi, mon prénom, c’est Jean-Noël !! Une vraie catastrophe ! Surtout quand les gens commencent à m’appeler Jean-No ! C’est d’un gnangnan ! 

Bon, c’est pas tout ça ! Je vais téléphoner à Bérénice. Un prénom comme ça, au moins ça a de la gueule ! A condition de ne pas tomber dans « Béré ». Pourtant, elle n’aime pas son prénom. Elle préfère Marie-Antoinette. Il parait que c’est plus rigolo. Personnellement, je ne me vois pas m’appeler Louis XVI ! 

Comment ça, Bérénice sort avec Titus ? Je n’étais pas au courant ! D’abord, Titus, c’est un nom de chat ! Ah, c’est pour donner un air majestueux et tragique à leur relation qu’elle l’appelle comme ça ? Grand bien leur fasse. Puisque c’est comme ça, je vais téléphoner avec Mariette. 

Avec un prénom aussi ringard, je ne risque pas grand chose. Mariette et Jean-Noël : c’est à pleurer de rire ! Et puis, elle est sympa Mariette. Un peu popote, mais c’est sympa. De toute façon, elle ne veut pas changer de prénom. C’est Mariette et puis c’est tout ! Elle trouve que Mariette et Jean-Noël, ça ne sonne pas si mal que ça. Et puis ça a l’air français, au moins ! 

Après tout, c’est vrai ! Pourquoi irais-je m’appeler Charlton ou Bobby pour faire anglo-saxon ? En outre, les prénoms des années 50 reviennent à la mode. Au grand galop ! C’est dit : je vais continuer à m’appeler Jean-Noël ! En plus, je n’ai pas un rond pour changer de prénom. Il parait que ce n’est pas donné. Pendant que j’y suis, je vais m’acheter une Dauphine, des tricots de corps et je me raserai au coupe-chou et au blaireau. J’aurai l’air d’époque. On va rire. 

Pendant ce temps-là, Mariette fera bouillir mon bleu de travail dans la vaste lessiveuse familiale et sera percluse d’arthrose dès quarante ans. 

Ce sera irrésistible. 

Ding, dong!

21 novembre, 2011

Assis, près de la rivière dont l’eau murmure à son oreille

Maurice a le bourdon.

Il essaie de se raisonner.

Il s’est fait sonner les cloches

Parce qu’en achetant des timbres au buraliste

Le son  de sa voix indiscrète et puissante

Avait répandu le bruit dans tout le quartier

Que le fils de Gérard était en prison pour tapage nocturne

A la suite d’un chahut étudiant.

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