Le soupirant de Souad était aspirant dans la marine. Souad inspirait l’aspirant.
Héroïque il l’était, car l’aspirant avait mal à la tête : l’aspirant prenait souvent de l’aspirine. Parfois, en montagne, le soupirant respirait. Le soupirant aspirant aspirait à la tranquillité.
Un jour, l’aspirateur de l’aspirant vint à se détraquer. Pour trouver un réparateur d’aspirateur, c’était de pire en pire. Il réveilla Souad qui s’était assoupie, remplie de rêves de mariage et de maternité. Souad prit part à l’exaspération de l’aspirant.
En cuisine, Souad n’était pas un as ; pis, renseignement pris, elle ne savait pas se servir d’une soupière en porcelaine. La situation allait donc en empirant pour le soupirant. Souad ne savait faire que des aspics rembourrés de jambon et de mayonnaise.
Là se situe un coup de théâtre dans le texte.
Prisant l’aspirant, Souad promit de s’améliorer. Elle allait faire un stage sérieux à l’étranger. Elle avait en tête le nom d’un pays où l’on ne passait pas le temps à manger de la soupe : Iran.
L’aspirant soupirant, soupira de ce départ, mais sourit bientôt de son retour.
L’aspirant aspira à un gratin d’asperges. Souad, voulant plaire à l’aspirant, aspergea les asperges du soupirant avec de la soupe rance.
Pour qu’elle parte, le soupirant soupirant, soutirant de l’argent à sa banque, lui donna des sous. Munie de son argent, il lui ordonna d’aller cuisiner à Caracas, ou pire en Roumanie, ou ailleurs.
Elle resta.
Souad, en portant l’aspirateur de l’aspirant à la casse, rencontra un homme qui revenait du Vallespir, dans les Pyrénées comme chacun sait.
L’amour de l’aspirant expira. Mais on put dire que le soupirant respira.
Souvent, sous le vent, se soulevant de son siège, Souad soupirait au souvenir de son amant aspirant soupirant.