Volatiles
20 octobre, 2011A moi tout seul, je suis un vrai nid d’ennuis. Tous les oiseaux de mauvais augure s’y sont posés. J’ai été volé. J’ai été plumé. Les huissiers tournent autour de moi, comme des charognards affamés.
Désormais, je ne mettrai plus tous mes œufs dans le même panier. Ce n’est pas que je manque d’envergure, mais tous ces évènements m’ont coupé les ailes. Dire qu’avant, j’étai gai comme un pinson au printemps.
Maintenant, je me prends le bec avec tout le monde. Certes, je ne suis pas un aigle. Je me suis laissé picorer la laine sur mon dos. Maintenant, je dois marcher sur des œufs.
Mais j’ai confiance : je vais de nouveau prendre mon envol. C’est que je suis un drôle d’oiseau. Je ne ferai plus le coucou. Je n’aurai plus le bec enfariné. Personne ne me prendra sous son aile. Je ne serai plus un perroquet qui cherche à imiter les autres.
C’est dit : je vais prendre ma plume pour écrire des mots. Peut-être que le ciel me tombera sur la tête. Je devrais faire attention aux éditeurs qui se conduisent comme des rapaces.
En attendant, j’écoute Piaf. Ses chansons me font planer. Où l’inspiration va-t-elle se nicher ?
Je repense à Emma qui m’aima. C’était chouette. L’été, nous faisions notre migration estivale vers le sud. L’hiver, on se caillait ensemble. Nous étions comme deux tourtereaux.
Mais elle m’a pris pour un pigeon. J’ai compris qu’une hirondelle ne fait pas le printemps.
Je baillais aux corneilles pendant nos tête-à-tête. Je lisais le canard pendant qu’elle parlait. Mais je reluquais les poules sur le trottoir.
J’ai été dénoncé par un corbeau qu’il faudrait mettre en cage. Je lui volerai dans les plumes. Je lui mettrai une volée.
J’en ai marre qu’on me serine toujours la même chose. Je ne suis pas une triple buse. Je ne serai pas le dindon de la farce. Un jour je dénicherai l’oiseau rare qui ne sera peut-être une oie blanche, mais qui n’aura pas une cervelle de moineau. Et, bien entendu, je serai fier comme un paon.