Archive pour août, 2011

Batterie de cuisine

3 août, 2011

Johny faisait cuire la marmite du foyer comme il pouvait.

Sa femme Bertille était née avec une cuiller en argent dans la bouche.

Johny s’encanaillait dans des affaires louches : il trainait de nombreuses casseroles derrière lui.

Pour maintenir son train de vie, elle vendait l’argenterie du ménage.

Johny lui disait parfois : « Minute ! Cocotte ! »

Ou alors : « C’est moi qui fait tout, ici ! »

Ou encore : « Je ne peux pas être au four et au moulin ! »

Bertille n’était pas une cruche.

Elle se mit à pratiquer le tennis en espérant remporter le saladier d’argent.

Chantons sous le soleil!

2 août, 2011

« Meunier, tu dors ? » 

« Oui, enfin, je dormais jusqu’à ce que tu te mettes à chanter à tue-tête ! » 

« Et toi, mon ami Pierrot, tu as trouvé une plume ? Non ? Tiens, un feutre rouge, ça fera l’affaire ? Ça me fait penser qu’il faut que j’écrive à la mère Michel qui vient de perdre son chat pour lui présenter mes condoléances ! 

Oh ! J’aperçois la bergère qui rentre ses blancs moutons. Le temps va se mettre à la pluie. 

Depuis que Marlborough est parti à la guerre, on ne voit plus beaucoup Janeton. Dans le temps, elle se promenait avec sa faucille pour couper les joncs, mais maintenant, elle reste devant sa télé … Ce n’est pas comme ma fille. Elle veut sortir. Mais je lui interdis d’aller au bal danser, même si, sur le pont de Nantes, un bal y est donné ! » 

« Et sur le pont d’Avignon, vous autorisez ? Il y a des messieurs qui font comme çi et des dames qui font comme ça ! » 

« Faut voir ! En attendant, il faut qu’elle aille voir sa grand-mère et lui dire « bonne année, grand-mère ! », tout en lui présentant ses vœux les plus sincères. 

Bon, ce n’est pas tout ça, il parait que tu es allé au ski, Meunier. Et que tu as fait une rencontre ? » 

« Oui, et justement,  je lui ai dis que c’était une étoile des neiges et que mon cœur amoureux s’était pris au piège de ses grands yeux ! » 

« C’est très romantique ! Moi, je me suis contenté de dire à Josiane «  Mignonne, allons voir si la rose qui ce matin avait déclose… » » 

« C’est pas mal non plus ! » 

« Ah ! Les femmes ! On ne sait jamais comment leur parler ! En attendant venez voir chez moi.  J’ai du bon tabac dans ma tabatière, je vais vous en donner un peu. » 

« Et vous, il parait que vous êtes parti quelques jours sur la Côte ? Çà s’est bien passé ? » 

« Bof ! La mer roulait ses galets, comme d’habitude. Et puis lorsqu’elle avait fini, c’était comme si tout recommençait.  

Après, je suis parti à la montagne, dans la vallée. Je n’ai rencontré que des cloches… » 

 

Asseyons-nous !

1 août, 2011

Jeanne sortit en pleurant du cimetière du père Lachaise.

Elle devrait surement retourner sur le divan du docteur Julius.

Dans les bals, elle faisait toujours banquette.

Pourtant Martin faisait son siège depuis des mois.

C’était un homme envié qui occupait un fauteuil important dans son entreprise.

Mais trop chagriné par la mort de son père, elle refusait de s’asseoir à ses cotés.

Elle préférait aller seule au cinéma, même si elle devait occuper un strapontin.

Elle avait l’impression d’être au ban de la société.

Quand elle allait dans les réceptions, elle s’empiffrait de canapés au saumon pour oublier.

Martin devra la prendre en tête-à-tête pour la convaincre.

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