Archive pour août, 2011

Une histoire très, très… vous voyez ce que je veux dire…

13 août, 2011

Les deux parties se sont traitées de tous les noms.

Notamment de traitres à la cause.

Puis elles sont arrivées à signer un traité de paix.

Elles ont tiré un trait sur le passé

Qui était très conflictuel.

L’une est retournée traire ses vaches

L’autre traine ici et là.

A la recherche du trèfle à quatre feuilles.

Qui lui offrira la chance de se trémousser  dans le luxe.

Nous trépignons dans l’attente de la fin de cette histoire !

Nos Mauvais poèmes

12 août, 2011

Il y avait entre Jean et Pierre une évidente collusion.

Bien qu’ils se soient rencontrés à l’occasion d’une collision.

Mais ils ne se faisaient pas d’illusions.

Jean faisait souvent à son départ allusion.

C’était un géologue qui recherchait des alluvions.

En prenant souvent l’avion.

Pierre était un linguiste qui travaillait sur les élisions.

Ils décidèrent de partir ensemble à Lannion.

Un moment de vérité

11 août, 2011

 

« Hé bien, tu en as mis du temps ! » 

Quatorze ans exactement. Quatorze ans que nous sommes voisins de pallier. Quatorze ans de menus services : je te prête mon aspirateur, tu m’arroses mes géraniums pendant mes congés. Tu me passes ton hebdomadaire de télé, et je nourris ton chat quand tu pars en vacances. 

Gisèle me regarde d’un air mi-amusé, mi-fâché. Mais je sens déjà qu’elle est heureuse de ce moment. 

Nous sommes assis sur son divan au tissu fleuri. Un mètre nous sépare, peut-être un mètre cinquante. Je viens de lui avouer mes sentiments pour elle. 

J’ai pris cette décision après quatorze ans de voisinage. Je prends soudain conscience de la durée et de la vacuité de ma vie sentimentale. Quatorze années de conquêtes et de ruptures. Quatorze années de week-ends amoureux et de scènes vachardes. Quatorze années d’à-peu-près sentimentaux et de déclarations  approximatives. 

Gisèle les a toutes vues défiler sur mon palier : Juliette, Martine, Mariette, Louise, Ludivine et les autres… Elle les a entendues tambouriner contre ma porte après une rupture douloureuse. Elle les a rencontrées dès potron-minet quittant mon appartement sur la pointe des pieds pour ne pas me réveiller. Parfois, elle les a nourries lorsque je rentrais tard. 

Le comble, c’est que Gisèle m’a rendu service dans ces ballets incessants. Elle a été ma complice dans des moments périlleux. Grâce à elle, j’ai pu me débarrasser de Charlotte qui avait campé sur mon paillasson. Gisèle lui a juré que j’étais parti en stage au Etats-Unis pour trois ans. Grâce à elle, Jeanne a cru que j’étais marié et que je lui avais camouflé ce « détail ». 

Gisèle a observé mes divagations amoureuses d’un œil placide pendant deux septennats. Aujourd’hui je n’en peux plus, je le lui ai déclaré. Penaud, fatigué, affaibli. Je l’ai émue. Je me rends compte que ces aventures ne m’ont rien apporté. Elles m’ont probablement appauvri. 

Gisèle en est convaincue. Elle m’a attendu. Le temps qu’il fallait. Comme si elle savait avec certitude que j’en viendrai là un jour ou l’autre. Pour elle, il était nécessaire que j’aille au bout de mes errements pour me rendre compte par moi-même de leur médiocrité. 

Gisèle donne l’impression de maîtriser le temps. Elle fait les choses les unes après les autres. Ne rien entamer sans que l’occupation précédente n’ait été menée à terme. C’est reposant. Le souvenir de Charlotte me revient : elle réussissait à malaxer une purée au lait, tout en téléphonant, sans oublier de suivre son feuilleton préféré à la télé et d’apprendre ses leçons de droit. 

Gisèle ne m’a jamais rien offert d’autre que ses patisseries. Délicieuses, ses pâtisseries. Surtout ses cookies. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils ont pesé dans ma décision de m’épancher, mais enfin…

(suite…)

De l’ordre dans le bazar

10 août, 2011

Louis tenait un bazar.

Un vrai, pas un bordel.

Malgré ses cheveux en désordre.

Pendant ses vacances en Afrique, il aimait se rendre au souk.

Parfois, il faisait du canoë pour manier la pagaïe.

Ou de la boxe : personne ne pouvait le mettre KO.

Mais il n’était pas du genre à faire la révolution.

Il n’était pas pour l’anarchie.

Il avait les pieds sur terre, il ne prenait pas l’avion pour ne pas se mettre en l’air.

Rien ne le troublait.

Rumeur

9 août, 2011

« Je vais faire courir un bruit sur vous. Ça ne vous gène pas ? «  

« Pas du tout, je vous en prie ! » 

« Quelle genre de rumeur vous arrangerait ? » 

« Je ne sais pas moi ! Qu’est-ce qui passe bien en ce moment ? Il faudrait que j’ai une rumeur crédible sur le dos. Tant qu’à faire ! » 

« On pourrait dire que vous sortez avec Janine ! » 

« Je ne la connais pas ! » 

« Ou alors avec Marylin ! » 

« Bof ! Ce n’est pas mon genre ! Personne n’y croira ! Vous n’auriez pas autre chose ? Une rumeur un peu plus avantageuse pour moi. Par exemple que je suis un homme généreux. Je donne de mon temps au Resto du Cœur !» 

« C’est vrai, çà ? » 

« Bin… non ! » 

« Autrement dit, vous me demandez de faire un courir un faux bruit à seul fin de vous valoriser ! C’est du joli ! » 

« Bof ! C’est plus cher ? » 

« Non, mais c’est plus compliqué ! Çà court moins vite. Il y a toujours des gens qui veulent vérifier, qui cherchent la petite bête ! Vous comprenez ? » 

« Vous vous y prenez comment ? » 

« Je prends un air sérieux, concentré, mystérieux et puis je déclare : « Vous me connaissez, je ne suis pas du genre à faire courir des ragots sur le dos des autres, mais figurez vous que… » » 

« Finalement, vous êtes un vieil hypocrite ! Je pourrais faire courir le bruit que vous faites courir des bruits et qu’en plus, vous êtes très content de vous ! » 

« Dans ce cas, je ferai courir le bruit que vous faîtes courir le bruit que je fais courir des bruits ! Vous passerez pour un homme qui cherche à créer la zizanie partout où il passe ! Vous voyez ce que je veux dire ? » 

« Oui c’est très embêtant ! On va peut-être éviter de faire courir des trucs. Et si on s’en tenait à quelques insinuations malveillantes ? Hmm ? » 

Plein de gens

8 août, 2011

Romeo monte dans son Alfa du même nom.

Léandre se perd dans des méandres.

Mustapha prend une petite mousse affalé sur le divan.

Helmut lui, préfère du vermouth.

Marika ricane.

Chloé reste clouée.

Pendant qu’Achille chine en Chine.

Nathan n’attend pas la suite de l’histoire.

Sa  femme Carmela met la table.

Eléonore l’honore.

Mais c’est Laura qui l’aura.

A l’attaque !

7 août, 2011

« Bon, alors qu’est-ce qu’on fait, chef ? On monte à l’assaut ? » 

« Tout est prêt ? Pas comme la dernière fois ? » 

« Pas de problème, on a mené les catapultes à la révision. On a récupéré des flèches pour les arcs. Les massues ont été nettoyées. 

 Les soldats ont été payés, enfin sauf les morts, bien entendu. 

Le temps est au beau fixe, ça nous évitera de patauger dans la boue. 

On a piqué deux de leurs espions. Leurs tortures se sont bien passées. 

A l’intérieur, ils sont tous en train de mourir de faim. 

Bref, tout devrait aller comme sur des roulettes ! » 

« Qui est-ce qui monte aux créneaux en premier, cette fois-ci ? » 

« J’ai tiré au sort quelques volontaires. Ils sont ravis ! » 

« Il faudrait faire une diversion avant l’assaut. Par exemple, faire semblant de ne rien faire. Ou alors tenter de les convaincre de nous laisser entrer gentiment. » 

« On a tenté ! » 

« Et alors ? » 

« Ils ont ri, mais alors ri ! Et puis, ils ont dit qu’ils résisteraient jusqu’au dernier. » 

« C’est courageux ! Et pour franchir les douves, on fait comment ? » 

« J’ai prévu un petit pont ! » 

« Et après qu’est-ce qu’on en fait ? On les massacre tous ? Non, on les réduit en esclavage, ça nous ferait peut-être plus de profit !  On pourrait fixer une rançon élevée pour les rendre ! » 

« Oui, mais on ne voit pas bien qui viendra les réclamer ! Et puis, ils pourraient nous reprocher de les prendre pour de la marchandise ! Il pourrait y avoir des remarques teintées d’amertume ! » 

« Alors, on y va ? » 

« Je vais encore avoir des histoires avec le pape ! Il va surement m’appeler dans mon bureau ! On ne pourrait pas se contenter d’en capturer un seul ? Un petit ? Histoire de montrer notre détermination sans ravager le pays ! Hmmm ? » 

Délires graves

6 août, 2011

Mon discours est comme mon pantalon, décousu. 

La mayonnaise prendra ou alors ne prendra pas. 

La soupe est chaude et le panier à fraises. 

Le bifteck se consomme au bar et la barbe à papa. 

Mignonne, allons voir le dernier film à la mode. 

Au lac, je surprends un vol… 

Demain, dès l’aube, je resterai au lit. 

Sur le flanc de la colline, le flan à la vanille. 

L’exploitation d’une mine de rien. 

Je suis dans la tranche des 30 pour cent et de jambon. 

La mousse qui roule n’amasse pas les pierres. 

C’est bientôt la quille, je vais jouer au bowling. 

Et que ça saute !

5 août, 2011

Veuillez monter par l’avant, ça m’arrange.

Ne parlez pas au conducteur, ça l’énerve.

Découper selon les pointillés. Débrouillez-vous pour faire ça proprement.

Changez votre mot de passe, celui-là ne me plait pas.

Tournez à gauche. Même si vous voulez aller à droite.

Essuyez-vous les pieds avant d’entrer. Les pieds j’ai dit, pas les chaussures.

Ne donner pas à manger aux animaux, sauf s’ils vous le réclament.

Cochez la case de votre choix, même s’il y en a qu’une.

Aimez-vous les uns les autres. Surtout moi.

Ne stationnez pas devant le portail. Même à pied.

Formez vos bataillons. Ce n’est pas à moi de m’en occuper.

Ne me regardez pas comme ça.

Un train de nuit

4 août, 2011

Fatigué de lutter contre les forces de l’inertie, nous roulions soudés vers la nuit, subissant l’odeur aigre des corps entremêlés. Le bruit sourd et saccadé de l’acier sur les rails étouffait les soupirs. 

Marco et moi-même avions respecté à la lettre le règlement. Deux paires de menottes liaient le prisonnier à nos poignets. Le poignet gauche pour Marco. Le droit pour moi. 

L’homme ne parlait presque pas. D’ailleurs ceux que nous emmenions au camp, n’étaient guère loquaces. Généralement, ils s’étaient défendus comme des damnés devant le Tribunal du Peuple, puis vaincus par l’inéluctable, leur discours s’éteignait peu à peu. Au moment où nous les récupérions pour les conduire à la gare, ils avaient accepté enfin leur sort. Muets et prostrés. 

En dépit de ses airs de gamin, il devait avoir mon âge. Vingt cinq ans, trente peut-être. De toute façon, ces gens-là n’avaient plus d’état-civil à partit du moment où nous les prenions en charge. Ses cheveux blonds et son visage have, fatigué par la détention, dévoré d’une barbe salie, lui donnaient l’air d’un poète maudit. J’imaginais que c’était suffisant pour le rendre suspect aux yeux des passants que nous croisions sur les quais et peut-être des autorités qui l’avaient jugé. D’autant plus qu’une espèce de lueur indocile dans son regard laissait penser qu’il n’avait en rien renoncé à sa rébellion. Contrairement aux autres. 

Il ne nous avait presque pas adressé la parole sauf pour demander une cigarette à Marco. Ce n’était pas interdit par le règlement. Marco s’était exécuté. 

Marco était un ancien des Forces du Peuple. Il portait l’uniforme vert olive depuis vingt ans. Il me conseillait souvent de ne pas faire de vagues, de dire « amen » à tout ce que me disait mon Commissaire Général et tout irait bien. Quant aux hommes que nous devions « accompagner » vers le Grand Nord, il valait mieux ne pas penser à leur sort. Ils n’avaient qu’à respecter l’ordre établi par les autorités gouvernementales et le Parti. Si les juges populaires les avaient condamnés, c’était sûrement parce qu’ils avaient commis un méfait quelconque : écrire un pamphlet, tenir une réunion secrète, organiser une manifestation ou un syndicat, enfin tout entreprise qui n’était pas contrôlable par les représentants de la Nation.

(suite…)

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