Archive pour août, 2011

Une manif’

22 août, 2011

Tous ensembles ! Tous ensembles !

Agissons conjointement !

A plusieurs, on est plus intelligent !

Jouons collectifs !

L’union fait la force !

Restons groupés !

Unissons-nous !

L’union fait la force !

Et mettez vous en rangs, je ne veux voir qu’une tête !

C’est moi le chef !

Notre critique littéraire

21 août, 2011

« Vous avez lu mon dernier bouquin ? » 

« Je suis en train. Je peine un peu. C’est dur de dépasser la page 10. Vous faites des phrases trop longues : arrivé à la fin, j’ai oublié le début. Et puis j’ai une dent contre les participes présents ! » 

« Qu’est-ce qu’ils ont mes participes présents ? » 

« Il y en a beaucoup trop ! Ils sont trop présents ! Et ces pronoms relatifs ! Quand on additionne participes présents et pronoms relatifs, ça en fait du matériel superflus !  Vous ne pourriez pas enlever les adverbes pendant qu’on y est ?  

Quant à l’histoire, il faut la simplifier. Le garçon de café par exemple, on se fiche complètement qu’il aime jouer aux petits chevaux ou que sa sœur soit bonne sœur ! D’ailleurs il n’est pas très sympathique. On dirait que c’est un truand. Qu’est-ce que c’est que ces manières de braquer des casinos la nuit et de servir des apéros le jour ? Quand dort-il cet homme ? On ne sait pas quand il dort, ce n’est pas très vraisemblable. Ce n’est pourtant pas très difficile de décrire un homme qui dort ! 

Et puis cette tante qui vient le voir depuis le Poitou ! Pourquoi fait-elle tout le temps du pâté aux olives, ce n’est pas bien expliqué. On aurait plutôt vu du pâté de campagne à l’Armagnac !  

A la page 150 on voit apparaitre le diable à cheval sur un balai pendant que le Commissaire en chemise de nuit se rend aux toilettes. Est-ce bien réaliste ? Une chemise nuit pour un cadre supérieur de la police !!! 

Quant à la fin, parlons-en de la fin ! La tante du Poitou qui part aux Bahamas avec le magot déterré dans le jardin du curé ! Ce n’est pas du tout original. On s’attendait plutôt à ce qu’elle tombe amoureuse du Commissaire de Police et qu’ils partent en voyage de noces à Melun tandis que la sœur du garçon de café aurait dévalisé la caisse du bistrot de son frère accompagnée d’une horde de bonnes sœurs en cornettes ! » 

Religieusement

20 août, 2011

La troupe progressait dans la forêt vierge.

Ils allaient Dieu sait où.

Le chef était ceint de ses pistolets pour chasser les importuns.

Derrière lui,  Louis commençait à faire ses prières.

Maurice mangeait son dernier saucisson : un Jésus de Lyon.

Jean buvait un Saint-Joseph au goulot de la bouteille.

Juliette essayait de se curer les ongles.

Marcel faisait office de médecin.

Les porteurs suivaient en poussant les bagages sur des diables.

L’expédition se dirigeait vers Sainte-Foy.

Religieusement

20 août, 2011

La troupe progressait dans la forêt vierge.

Ils allaient Dieu sait où.

Le chef était ceint de ses pistolets pour chasser les importuns.

Derrière lui,  Louis commençait à faire ses prières.

Maurice mangeait son dernier saucisson : un Jésus de Lyon.

Jean buvait un Saint-Joseph au goulot de la bouteille.

Juliette essayait de se curer les ongles.

Marcel faisait office de médecin.

Les porteurs suivaient en poussant les bagages sur des diables.

L’expédition se dirigeait vers Sainte-Foy.

A notrerayon poissonnerie, un arrivage tout en fraîcheur

19 août, 2011

Jean se fait fort de sortir du moule habituel.

Il ne fait pas partie du menu fretin.

Il aime organiser des grandes opérations en sifflotant « La truite » de Schubert.

Il sait sa faufiler comme une anguille entre les pièges de ses adversaires.

Il noue comme un porte-bonheur sa célèbre cravate de couleur saumon.

Sa démarche en crabe est célèbre sur toutes les places boursières.

Les petits épargnants le font rire comme une baleine.

C’est un vrai requin de la finance.

A l’aise dans les milieux bancaires, comme un poisson dans l’eau.

Mais, il sait se retirer des affaires douteuses en disant : « C’est assez ! »

Encore moi

18 août, 2011

Je suis parfait ! 

Je prends mes vacances en août pou bien m’entasser avec tout le monde. 

J’ai six poubelles pour pouvoir passer mes soirées à trier mes déchets. 

Je travaille dur pour entretenir une atmosphère de combativité dans mon entreprise. 

Je vais chez le toubib régulièrement pour être sur de faire constater la progression de mes maladies. 

Je donne au téléthon sans me préoccuper de l’état de mon compte en banque. 

Je mange des fruits pour faire augmenter les prix à la production. 

Je m’insurge contre les guerres et les calamités. 

Je lis tous les hebdomadaires pour être sûr qu’ils racontent la même chose. 

Je regarde fiévreusement mon portable toutes les cinq minutes  avec l’air préoccupé. 

Je passe devant le bureau du chef quand je pars, tout en remarquant à haute voix qu’il travaille tard. 

Je m’endette assidument pour faire fonctionner l’économie en crise depuis trente ans. 

J’attends que tout le monde parle pour parler en même temps et ne pas prendre le risque qu’on m’écoute. 

Je tiens un blog et je ne sais pas quoi mettre dessus. 

Problèmes de bouche

18 août, 2011

Devant un hôpital, il faut faire silence.

Au sommet de la montagne, il faut respirer

A la cantine, il faut manger même quand on n’aime pas.

Au Commissariat, il faut parler.

Lorsque le gendarme tend le ballon, il faut souffler.

Chez le dentiste, il faut l’ouvrir.

Quand on vous embête, il faut mordre.

Au boulot, il faut mettre les bouchées doubles.

Quand je sors un jeu de mots, il faut rire.

Révolutionnaire

16 août, 2011

« Je vais tout foutre en l’air ! » 

« Attendez un peu avant de vous énerver ! » 

« Je ne m’énerve pas, je vais faire la révolution. Bien tranquillement. Il faut savoir tourner la page. Pour commencer, je vais manger bio. Et peut-être changer de coiffeur ! » 

« C’est ça votre révolution ? Il faut des changements beaucoup plus profonds ! Remettez-vous en cause sur le plan personnel ! » 

« Mais je suis très bien comme je suis ! Ce sont les autres qui ne vont pas du tout ! Ils exercent une dictature intolérable sur ma personne ! Par exemple, je ne peux plus fumer où je veux ! Ou alors boire un coup avant de prendre le volant ! Bon, laissez-moi passer, il faut que j’aille dans la rue pour manifester mon courroux ! » 

« Mais il n’y a personne dans la rue, il est six heures du matin ! » 

« Peut-être, mais après il faut que j’aille bosser ! » 

« Vous n’allez tout de même pas élever une barricade dans votre rue et aller au bureau après comme si  rien n’était ? » 

« Vous en avez de bonnes ! Il faut bien que je marque mon ire, tout en assurant mon déjeuner ! » 

« Vous pourriez plutôt défiler autour du rond-point qui est au bout de la rue, ça embêtera moins de monde. » 

« Vous n’auriez pas une banderole à me prêter ? » 

« Non, une banderole, c’est personnel. Il ne faut pas se moquer de la mobilisation populaire ! » 

« Bon, alors pour ma révolution, je fais comment finalement ? Je me la mets dans ma poche ? » 

« Non, mais pour faire une révolution, il faut que le peuple vous suive.  Exprimez votre mal-être sur Internet, ça déclenchera sûrement un mouvement de fond ! » 

Nouvelle leçon de grammaire – Chapitre ponctuation

15 août, 2011

Le cow-boy tirait en l’air

Entre parenthèses, c’était dangereux pour la population.

Mais il n’y prêtait point attention.

Le sheriff l’apostropha en termes vigoureux.

Il ponctua son arrestation d’un vigoureux coup de poing.

Tout en mettant l’accent sur ses droits constitutionnels.

L’affaire se termina à Robas, petite ville de l’Ouest américain, devant le tribunal.

Le cow-boy s’excusa, puis les deux hommes se donnèrent l’accolade.

Bête et méchant…

14 août, 2011

Cher ami, 

J’apprends la nouvelle de la perte de ton emploi de chef de produit chez les yaourts Fraichy. 

Quelle aubaine ! Non, mais quelle aubaine ! 

Demain, tes voisins de bureau s’entasseront sans toi dans la puanteur nauséabonde des transports en commun. Demain tu n’auras plus les yeux rivés à ton écran d’ordinateur, béatement comme le pénitent contemple l’autel en espérant une révélation sublime et illusoire. Demain, tu échapperas à la réunion de service hebdomadaire au cours de laquelle Dumortier ou quel que soit le nom de ton chef de service stigmatisera méchamment la baisse de ton chiffre d’affaires. 

Bientôt tu les croiseras, tes anciens collègues, leurs visages hâves et leurs allures défaites, dont les seules conversations se limitent à  « T’as eu mon mail ? ». Alors  tu auras l’impression de revenir de l’enfer. Lorsqu’ils détourneront leurs regards pour ne pas rencontrer le tien, tu mesureras le chemin qui te sépare de l’insondable médiocrité de leurs existences. 

Sur nos bancs d’étudiants nous rêvions de connaître la vie. Les coutumes ancestrales des aborigènes d’Australie, les racines du haka des hommes de Polynésie, les contes des milles et une nuits sur les routes de Samarkand ! Hé bien, tu commenceras par arpenter les couloirs de Pôle Emploi et par connaître les files d’attentes aux guichets de la CAF. Sans dépasser la limite de confidentialité ! Bientôt peut-être la chaude ambiance des restos du cœur ! Bas les masques ! Finie la comédie ! Là, enfin, tu toucheras du doigt l’épaisseur de la nature humaine dans ce qu’elle a de plus authentique ! 

J’apprends également le départ de ta femme Marie-Josette ! 

Quelle belle opportunité ! 

Demain, les hommes mariés se prépareront pour le repas de Noel chez belle-maman, étreints par l’angoisse de ne plus rien avoir à lui raconter. Pendant ce temps là, tu riras ! Tu m’entends, tu mourras de rire. Demain, tu ne boucleras pas tes valises pour sa station de ski préférée. Tu ne risqueras pas mille fois l’entorse ou la fracture, toi qui n’as jamais pu tenir sur une piste enneigée. Demain des couples usés prendront place dans des restaurants démodés de stations surfaites et surpeuplées, pour contempler silencieusement un menu squelettique, en rêvant amèrement aux premières soirées d’un amour lointain. 

Dans la rue, tu pourras te laisser aller à un comportement abominablement sexiste. Ton regard gourmand glissera sans crainte de réprobation sur des silhouettes fraiches et fermes. Tu pourras ne plus faire semblant de ne pas voir des jambes fuselées ou la naissance d’un décolleté aventureux. Tu t’esclafferas devant l’hypocrite démarche des hommes marchant enchainés, tenus de regarder la pointe de leurs souliers afin d’échapper à la vindicte ménagère. 

Quant aux 5000 euros que je t’aurais –parait-il- emprunté, tu pourras t’enorgueillir de ne pas insister outre mesure pour recouvrer une créance supposée dont le montant te semblera si dérisoire au regard de l’immensité des dettes que tu vas accumuler. 

Ton ami. 

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