Il faut savoir suivre le cycle des saisons.
La roue tourne pour tout le monde.
L’engrenage du temps est irrémédiable.
Il nous ballote tels des boules de flippers.
Ne nous enfermons pas dans le cercle de nos amis.
Sachons changer de sphère.
Ne marchons pas en rond.
En ressassant le même disque.
Restons au volant de notre vie !
J’ai pris trois kilos. Je ne sais pas à qui. Je les ai pris tout simplement. Ils traînaient par là et je les ai embarqués.
J’ai également pris mes congés. C’étaient les miens. Il valait mieux ne pas les laisser traîner. Des mals- intentionnés auraient pu s’en emparer. Subrepticement.
Ensuite, j’ai pris mes cliques et mes claques Là, je n’étais pas très sur qu’ils m’appartiennent. D’ailleurs, tout compte fait, je vais peut-être rendre les claques, je n’ai pas envie d’en prendre.
Je vais plutôt me saisir d’un sujet de réflexion. Ça me permettra de m’élever au-dessus des contingences matérielles, il serait temps.
Après, j’empoignerai ma vie à pleines mains. Halte au laisser-aller ! Je programmerai mes prochaines vacances à Vesoul, ça c’est un acte positif et énergique !
Lorsque je quitterai mon appartement, il faudra que j’évite le concierge qui cherche à me harponner pour une obscure affaire de tapage nocturne. En rampant devant sa loge, ça devrait être bon.
Demain, je récolterai le fruit de mon labeur. Dumontier m’a convoqué dans son bureau pour me parler de mes brillantes initiatives. Il va m’attraper c’est sûr !
Ça ne fait rien. Moi, je saisirai les prudhommes.qui, eux, sauront appréhender le bien-fondé de mon attitude.
Le froid me happera. La bise me rattrapera. La grippe m’agrippera. C’est l’hiver.
Il faudra que je m’empare de mon dictionnaire pour renouveler mon vocabulaire descriptif et décrocher la timbale. Lorsque j’aurai acquis plus de mots, j’investirai enfin l’Académie.
Je fréquente le gratin de ce monde.
En général, il y a de belles brochettes de stars.
Ou alors des grosses légumes.
C’est un plaisir suprême.
J’y vais un peu au flan.
Je raconte des salades.
Je mets la sauce.
Si on ne m’aime pas, je distribue des tartes.
On ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs.
« Bon ! Organisons la journée ! Il faut aller faire des courses ! »
« T’as pas l’impression qu’on fait la même chose qu’à la maison ? »
« Si, mais je vais mettre un bermuda et chausser des tongues, comme ça j’aurais l’air d’être en vacances. J’achèterai du poisson. Parce qu’on va manger du poisson, on ne vient pas à la mer pour diner d’une choucroute. Et puis je discuterai avec le poissonnier qui me répondra avec son accent et sa faconde du midi. Voilà les vacances ! »
« J’espère que ton poissonnier n’a pas été muté d’une succursale du nord. Il ne manquerait plus que ça ! »
« Ensuite, j’irai à la plage pendant que tu feras la cuisine. Après diner, j’aurai surement envie de faire la sieste. C’est embêtant, il va falloir décaler notre visite touristique de l’église du coin. Parce qu’après la sieste, j’ai la pétanque et l’apéro. Tu pourrais aller à l’église avec les enfants, vous me raconterez plus tard.
On pourrait se retrouver pour le diner. N’oublie pas de faire des frites pour les enfants.
Puis, nous pourrions aller marcher sur la plage pour réfléchir aux repas de demain et peut-être manger une glace. J’espère qu’il y aura de la fraise, l’an dernier ça manquait. J’ai aussi l’intention d’aller regarder les bateaux sur le port.
Comment ça, je ferai mieux d’en faire ?
De toute façon, je ne sais pas nager, alors c’est vite réglé. A la piscine, les maîtres nageurs ont déclaré forfait.
Bon ! Tu as raison, il nous faudrait un peu plus de temps pour se retrouver, nous deux. On pourrait mettre Jean et Marie au club Mickey. Comment ça, ils ont 16 et 17 ans ? Déjà ? Personne ne m’a prévenu !
Bon, hé bien ! Ils n’ont qu’à aller au cinéma pendant que nous irons sur la jetée pour regarder les pêcheurs et les artistes peintres.
Euh ! Ça va bien nous prendre une bonne demi-heure ! Tant pis, je décalerai la pétanque et l’apéro. On est en vacances tout de même, ne nous laissons pas enfermer dans le carcan d’horaires trop rigides ! Que diable ! »
Elise déguise ses sentiments.
En travestissant la réalité.
Elle se farde le visage,
Puis elle avance masquée,
En se dissimulant derrière les autres.
Elise se cache les difficultés.
Elle escamote les problèmes,
Tout en celant ses émois, pour ne pas se découvrir.
Elise ne se dévoile pas
Car elle est enrobée.
Elle dérobe ses robes à mon regard.
Elise déguise ses sentiments.
En travestissant la réalité.
Elle se farde le visage,
Puis elle avance masquée,
En se dissimulant derrière les autres.
Elise se cache les difficultés.
Elle escamote les problèmes,
Tout en celant ses émois, pour ne pas se découvrir.
Elise ne se dévoile pas
Car elle est enrobée.
Elle dérobe ses robes à mon regard.
Le maitre lui a passé un savon.
Il n’a pas passé l’éponge.
Il se faisait mousser
Mais il a pris une douche froide.
Il n’était pas dans le bain.
Ces exposés étaient rasoirs.
Il peut toujours s’acheter de belles toilettes.
Ou fréquenter du beau linge.
Ce n’est pas comme ça qu’il fera couler de l’argent à flots.
Il peut toujours se brosser.
Finalement, moi, je m’en lave les mains, hein !
« Je n’ai pas de temps à perdre ! »
Elle a l’impudence de celles qui séduiront qui elles veulent quand elles le voudront. Avec sa figure ronde, ses yeux bleus, sa frange brune et sa bouche bien dessinée, elle a tout ce qu’il faut pour plaire. Tous les mâles ont envie de la dévorer. Elle le sait. Une allure de gazelle comme la sienne, c’est un vrai supplice pour les hommes qui croisent son chemin.
Je l’ai regardée. Souvent. Sans doute avec envie mais sans objectif précisément libidineux. Comme tout ce que la société Lornex compte de paires d’yeux masculins.
Elle m’a littéralement convoqué dans son bar habituel. J’ai eu l’imprudence d’accepter son rendez-vous. Sans illusion, poussé par une sorte de curiosité.
Je viens de me jeter dans un combat sanglant pour l’égalité des sexes. L’homme a dominé la femme pendant des siècles à cause d’une série absolument incompréhensible d’égarements de l’Histoire. Ces affronts doivent cesser et se laver. Elle fait partie du bataillon avancé de la révolte revancharde. Armée de son seul charme, elle va me faire payer plusieurs siècles d’humiliation.
Je suis coupable de l’avoir convoitée. D’une manière muette, mais ce n’est pas une circonstance atténuante. Au contraire, c’set une attitude sournoise. Et puis de toute façon, puisqu’elle tient à portée de charme un individu isolé de l’armée ennemi, il va payer pour les autres.
Maurice morigène André.
Mais ou il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.
Il vaudrait mieux qu’il le gourmande.
Oui, mais la gourmandise est un vilain défaut.
Alors, il faut qu’il l’admoneste.
Ça tombe mal, je n’ai plus de monnaie, juste un gros billet.
Et bien alors qu’il le rabroue !
Non, il ne doit quand même pas le trainer dans la boue !
Pourquoi ne pas le tancer ?
Vous voyez Maurice danser avec André ? Allons, allons !
Bon, et s’il le chapitrait ?
Moi, je ne lui dis rien. D’ailleurs, je n’ai jamais voix au chapitre ! Alors !
« Techniquement, il fait froid… » « Pourquoi dites-vous toujours « techniquement » ? C’est agaçant ! »
« Parce que ça fait savant. On a l’impression que je sais ce que je dis. C’est important d’avoir l’air de connaitre son sujet. » « Bof !Ça dépend ! Parfois je parle de ce que j’ignore. Ça ne me dérange pas particulièrement. »
« Tout le monde le fait. Il n’y a pas de honte. Mais il y a mieux à faire. C’est pas compliqué, si vous voulez avoir une opinion autorisée sur quelque chose, il suffit de regarder le Journal Télévisé, on vous dira ce qu’il faut penser. Une fois que vous avez une opinion, c’est pas tout. Il faut la proférer en ayant l’air de réfléchir ou en donnant l’impression d’être compétent sur tout. C’est pour ça qu’en disant « techniquement », vous prenez la pose avantageuse de celui qui a étudié le sujet en profondeur. Vous comprenez ? » « Vous êtes sur ? »
« Absolument ! Mettez vous dans la tête qu’il y a ceux qui ont étudié les problèmes et qui savent et puis les autres, qui n’ont plus qu’à regarder et écouter ! Autrement dit, en disant « techniquement », vous prenez le pouvoir ! » « Qu’est-ce que vous en faites du pouvoir ? »
« Ça me flatte ! Ça me valorise, quoi ! Ça ne vous intéresse pas un peu de pouvoir ? Un morceau ? » « Non, mais par contre un petit bout de considération avec un zeste de respect, je ne dis pas non !» « C’est compliqué votre affaire ! Tout le monde a faim de pouvoir ! Et puis d’abord, je ne peux pas vous considérer si vous n’avez pas de pouvoir. Comment voulez-vous que je fasse ? Un peu de sérieux tout de même ! Commencez par dire « techniquement » à tout bout de champ ou alors « sur un plan technique » ou bien –si vous préférez- « d’après les dernières études » ! Et vous verrez, on ne vous croira pas mais vous commencerez à prendre du pouvoir pour la bonne raison que vous serez le seul à comprendre ce que vous dites. Vous obtiendrez aussi de la considération parce que vous aurez l’air de connaitre votre sujet ! »
