Archive pour juillet, 2011

Il faut toujours se justifier

21 juillet, 2011

Pourquoi j’habite la campagne. C’est loin ! Il ne doit pas y avoir beaucoup de distractions ! Et puis l’hiver je dois sûrement être coincé par la neige. Sans parler des araignées et autres bestioles dévorantes. 

Pourquoi je vis en centre-ville ? C’est plein de pollutions olfactives et sonores ! Je vais certainement attraper des maladies. Les bandes de jeunes voyous pullulent ! On n’est jamais tranquille. Je devrais avoir deux portables, ils vont certainement m’en piquer au moins un. 

Pourquoi vais-je en vacances à Port-Barcarès ? C’est surfait. En plein mois d’août, en plus ? Il y a un monde fou sur la plage. C’est vraiment quand on n’a pas d’argent qu’on va à Port-Barcarès. 

Pourquoi j’aime le chocolat ? Je ne me rends pas compte, mais je vais devenir gros, malade, plein de cholestérol. 

« Ah, bon ? Je croyais que c’était fortifiant ? » 

« Vous voulez rire ! Mon beau-frère vient de mourir d’obésité. Il en était à deux tablettes par jour ! Alors, vous voyez ! » 

Pourquoi suis-je toujours employé de banque alors qu’il y a tant de manières intéressantes de gagner sa vie? Ce doit être très ennuyeux, monotone, en un mot morne. Je suis par conséquent un type ennuyeux, monotone et morne. 

Pourquoi je ne joue pas au tennis ? Je n’ai pas à détester le tennis ou alors c’est que je suis vraiment « peuple ». Enfin quoi ! Le tennis… Roland-Garros… Wimbledon… Comment ? Je préfère le ping-pong ? Ce n’est pas du tout le même standing ! Chacun ses goûts, bien sûr… Mais enfin, tout de même, le tennis… 

Pourquoi je ne vais jamais au cinéma ? Je ne suis au courant de rien, c’est très embêtant ! Comment çà, je n’aime pas le cinéma ! Mais tout le monde aime le cinéma, c’est réglementaire ! 

Pourquoi ne vais-je pas consulter souvent ? Je ne suis pas normal ? Je n’ai rien ? Et alors, ce n’est pas une raison. Voici l’adresse d’un bon cardiologue qui habite le quartier. Quoi ? Quel déficit de la Sécu ? 

Et ma voiture ? Est-ce que j’ai bien regardé ma voiture ? Certes elle roule, mais elle n’a pas de GPS ! C’est extrêmement pratique un GPS ! 

Oui, mais j’ai tout de même une carte Michelin… 

A notre rayon électrécité

20 juillet, 2011

Je suis au courant.

Il y a de l’électricité dans l’air.

Il faut faire la lumière.

Sinon quelqu’un va péter les plombs.

Il y a trop de tension.

Je n’ai aucune envie de passer pour le lampiste.

Il ne faut pas me faire prendre des vessies pour des lanternes.

J’irai jusqu’au bout du chemin, même si je dois attraper des ampoules.

C’est que j’ai une sacrée énergie, moi !

Le monde des décideurs

19 juillet, 2011

« Il faudrait quand même savoir ce que vous voulez, parce que moi, je ne vais pas vous attendre 107 ans ! C’est toujours pareil avec vous ! Il faut apprendre à vous décider ! Vous vous rendez compte si tout le monde faisait comme vous ! On passerait son temps à s’attendre les uns les autres ! » 

« …. » 

« Enfin quoi, vous avez sûrement envie de quelque chose dans la vie ! Je ne sais pas moi ! Envie de partir en vacances, de faire de la tapisserie, d’élever des chèvres ! Hmmm ! Moi, par exemple, j’aime bien flâner le long des rues. » 

« A quoi ça sert ? » 

« Aucune idée ! C’est obligé de faire des choses qui servent à quelque chose ? Je ne savais pas. J’ai toujours fais des choses qui ne servent à rien. Comme par exemple, parler tout seul. Ou alors ne rien faire. Paresser dans mon lit ça me va très bien ! » 

« …. » 

« Oui, je sais,, je sais, il faut bosser de temps en temps !Mais moi, j’ai décidé une bonne fois pour toutes que je n’ai pas un tempérament de bosseur. Vous voyez ce que c’est qu’un homme de décision ? Hmm ? C’est tout de même assez courageux comme décision de ne rien faire ! Alors que tout le monde croule sous le boulot, moi je ne croule sous rien du tout ! Je suis un homme libre ! » 

« … » 

« Allons ! Allons ! Courage ! Engagez-vous dans cette lutte quotidienne exaltante ! Je vous vois encore hésitant. Vous vous dites sans doute qu’l faudrait que vous consacriez plus de temps à votre famille, vos enfants, votre boulot, votre voiture ! Laissez tout ça de coté, consacrez vous à rien du tout ! Les autres sont là pour ça ! Moi, je vous dis çà, c’est pour vous ! J’essaie simplement de vous faire profiter de mon expérience. Il suffit de vous décider. » 

« … » 

« Prenez exemple sur moi. Entrez dans le monde des décideurs. Si possible dans le monde de ceux qui décident de tout et ne font rien ! » 

Au tableau!

18 juillet, 2011

Quelles sont les propriétés du triangle rectangle ?

Je ne savais pas qu’il était propriétaire.

Vous n’avez jamais entendu parler de Pythagore ?

Oh ! Moi, vous savez je ne parle à personne dans la rue.

Et le carré de l’hypoténuse, ça vous dit ?

C’est un nouveau groupe de hard-rock ?

Et la somme des carrés des cotés ?

Il a des cotés carrés le triangle rectangle ? Ça doit être bizarre.

Vous êtes un cancre !

On ne pourrait pas dire « élève en grande difficulté », mon père préfererait.

Navrant!

17 juillet, 2011

La pression monte. Je me sens sous pression. Comme une bière. Ou alors comme un bouton. 

Je plaisante. J’aime bien les jeux de mots. 

Je suis tranquille. Comme bar-tabac. Ah ! Ah ! C’est encore une contrepèterie. Je suis décidemment irrésistible. J’ai l’habitude de dire « comme bar-tabac » en référence à l’expression « fier comme Artaban ». Il faudrait d’ailleurs que je me documente pour savoir qui était Artaban. 

C’était un roi de Parthes, me glisse Google. Il ne devait pas se prendre pour n’importe quoi pour avoir laisser une telle maxime dans l’Histoire. 

Je dis aussi souvent « lycée de Versailles » au lieu de « vice-versa ». C’est très amusant. Tout le monde croit que j’ignore la signification de l’expression latine alors que je suis très fort en latin. Par exemple, je peux dire : « in medio stat virtus » ou alors « mutatis mutandis » ! Pas mal, hein ? Qu’est-ce que vous en pensez ? 

Pour rire encore un peu, je n’hésite pas à utiliser le célèbre « Comment vas-tu ‘au de poêle ? ». Dans mes grands jours, je vais jusqu’à : « Bonjour, ‘yau de poêle ! Comment ça va ? ». C’est hilarant. J’en ai encore mal aux côtes ! 

Je signale également l’excellent : « C’est la goutte d’eau qui met le feu aux poudres ». C’est complètement dézingué. On peut mettre beaucoup d’ambiance avec ça. 

Je suis un joyeux luron. Lorsque je détourne des expressions, par exemple « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle téléphone » ou alors « Pâques au tison, Noël en décembre », je deviens impayable, délirant, hallucinant ! 

Bon redevenons sérieux. Je ne suis pas de ces adolescents attardés qui ne peuvent s’empêcher de rire de tout d’un air débile. La preuve : 

« Bonne année, bonne santé, la goutte au nez !! » 

En direct de chez nous

16 juillet, 2011

Les pickpockets s’en donnent à cœur joie.

Pendant que d’autres jouent au beach-volley.

Ou dégustent un hamburger.

Il faudrait une task-force sur la plage.

Mais la police est surbookée avec les dealers.

Il y a de quoi faire un nervous break-down ou alors un burn out.

Si ça continue, je vais faire mon come-back.

Au lieu de continuer à lire les news dans mon journal.

Bien tranquillement installé  dans mon rocking-chair,

Avec mon dry à portée de mains.

Disjonctions

15 juillet, 2011

La partition est nécessairement musicale.

La distinction est obligatoirement honorifique.

Le clivage des partis est bassement politique.

La séparation du couple est vraiment dramatique.

La rupture du catener arrête brutalement les trains.

La dispersion des efforts conduit inexorablement à l’échec.

La discrimination est punie sévèrement  par la loi.

Il n’y a que la division tombe juste.

Bonne journée

14 juillet, 2011

« Bonne journée ! » 

« C’est une affirmation ou une question ? Non, je dis ça parce que si c’est une affirmation, ça ne va pas du tout. Ma journée a très mal commencé. Le petit a vomi, je n’ai pas fermé l’œil, j’ai mal aux dents !  Vous trouvez que c’est une bonne journée ? » 

« … » 

« Et puis d’abord pourquoi vous sortez de l’ascenseur ? Restez avec moi, je me sentirai moins seul. Vous avez bien démarré votre journée, vous ?  Vous êtes sûr que vous n’avez pas d’ennui ? Le paquet de café, par exemple ! Vous vous levez vaillamment, vous vous trainez jusqu’à la cuisine et là, patatras vous vous apercevez qu’il n’y a plus de café ! Votre femme aurait pu penser à en racheter, tout de même ! » 

« … » 

« Ah ! Vous n’avez pas de femme ? C’est vraiment une bonne journée pour vous ! Ça vaut mieux que de ne pas avoir de café ! Restez encore dans l’ascenseur avec moi, je vais jusqu’au huitième. Sinon je serais obligé de regarder les chiffres qui défilent. Vous parlez d’une motivation pour passer une bonne journée ! » 

« … » 

« Vous voyez on arrive à mon étage ! N’oubliez pas de passer me prendre à midi, vous avez une conversation très agréable ! Allez, bonne journée ! » 

Que d’eau! Que d’eau!

13 juillet, 2011

Les banques ferment le robinet du crédit.

Certains boivent le bouillon.

Tandis que d’autres se la coulent douce.

Ils prennent leur thé

En se racontant des vannes

Et ne font pas de vagues.

De l’eau passera sous les ponts

Avant que l’avenir rigole pour chacun.

Pour le moment, il faut ouvrir le parapluie et bosser.

Ce sont les petits ruisseaux qui forment les grandes rivières.

Le sens de l’existence

12 juillet, 2011

J’entre souvent dans cette église. Une vieille habitude. J’aime la rumeur de la rue qui s’estompe, puis le silence de la prière qui s’installe, la pénombre qui m’engloutit et l’autel éclairé qui éblouit. Seul avec soi-même. Eventuellement avec Lui, au cas où il existe. Quelques bigotes sont là, courbées sur leurs prie-Dieu. Parfois une de leurs silhouettes sombres se détache et esquisse une génuflexion dans la nef centrale avant de s’enfuir à petits pas vers une vie de grisaille. Quelqu’un tousse, puis se racle la gorge. 

Et puis, je la vois, mi-cachée par un pilier. Elle porte un fichu aux couleurs chamarrées, un imperméable clair qui tranche sur les tenues habituelles en ces lieux. Son regard noir et brillant fixe la croix qui étend ses bras au-dessus du tabernacle. Ses lèvres roses balbutient. Une prière sans doute. Je m’installe à ses cotés. Ce n’est pas le moment de penser à la bagatelle, mais j’éprouve le besoin irrépressible d’en savoir plus long à propos d’une présence qui ne me regarde sans doute pas. Ma phrase d’introduction est d’une banalité affligeante, je m’en rends compte au moment même où je la prononce. 

« Vous venez souvent ici ? » 

Elle tourne vers moi un visage inquiet qui se rembrunit encore un peu plus au moment où elle rencontre mon regard. Je ne suis pas sûr qu’elle m’ait entendu ou qu’elle ait envie de répondre à un importun. J’insiste : 

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Je peux vous aider ? » 

« Je ne sais pas, mon père … »

(suite…)

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