Archive pour juin, 2011

Bande d’affamés

10 juin, 2011

Vous me gavez avec vos histoires.

Vous partez en Grèce ?

Vous êtes gonflé ! Et moi ?

Nous pourrions nous empiffrer.

Ou alors nous goinfrer, comme vous voulez.

Il faut dévorer le temps qui passe si vite, ça lui apprendra !

Nous avalerons des milliers de kilomètres.

Et ingurgiterons des centaines de paysages.

Nous mangerons toutes nos économies.

Consumons notre jeunesse, que diable !

Laisser sa marque

9 juin, 2011

Sous le sceau du secret, je vais vous mettre dans la confidence.

Je suis dans le sillage des grands de ce monde.

Je distribue des marques de sympathie dans tous les milieux.

Je laisse l’empreinte de mon passage.

Sans aucune trace d’amertume ou de jalousie.

Mes remarques sont frappées au coing du bon sens.

Mon visage est estampillé d’un sourire carnassier.

Ma signature et mon allure ont du cachet.

Non, je ne suis pas timbré.

Les mémoires d’outre-tombe d’une cellule dermique

8 juin, 2011

Mon nom était  X92543, une cellule de  la peau de la poitrine de Jean. Nous avions toutes reçu un matricule, mais pour les copines, j’étais Zézette. J’avais un emplacement envié, juste sous le menton.  C’était un endroit important sans être trop exposé aux blessures. 

Le problème principal de la peau, c’est que c’est un organe vital. En témoigne l’expression humaine bien connu : « Sauver sa peau ». Il nous fallait donc être particulièrement vigilantes contre les agressions auxquelles notre propriétaire, un grand sportif, se soumettait régulièrement avec imprudence et témérité. Il arriva que Jean se blesse à la main et que l’une de nos cousines se trouva coupée en deux, ce qui nous fit toutes frémir d’horreur. 

C’est particulier d’être une cellule cutanée. D’abord ça ne dure que 28 jours.  Avec une durée de vie aussi courte, il s’agit de profiter de l’existence. Et de faire en sorte que Jean soit bien dans sa peau. 

Dès le premier instant, j’ai sympathisé avec ma voisine, X92542, très douce, que nous appelions Marie-Claude. Nous fûmes très solidaires. Pour des cellules de peau contigües, c’est préférable. Au premier réveil, nous avions compris que Jean avait l’habitude de se gratter longuement la poitrine. Nous nous tordions de rire chaque matin sous ce chatouillis qui durait jusqu’au moment de la douche. 

Notre fonction n’étant pas de s’esclaffer, nous passâmes aux choses sérieuses. Nous, les cellules dermiques, nous sommes les terrains de jeux préférés d’un monde spécial : les bactéries. Plusieurs millions, parfois. Il fallut rapidement organiser la défense du corps grâce à des dispositifs sol-sol. Nous faisions appel à des cellules spéciales, chargées de la défense immunitaire. Nos CRS à nous, pour ainsi dire, qui chassaient ces micro-organismes et parfois des microbes voyous assaillant notre pauvre Jean.

(suite…)

Notre consultation médicale

7 juin, 2011

On ne rigole pas avec la rougeole

La scarlatine n’est pas bonne pour la version latine

Il faut manger du sel pour guérir la varicelle

Le rhume n’autorise pas le rhum

L’ulcère ne sert à rien

Une opération des amygdales  coûte que dalle.

La bière pression entraîne la dépression.

La jaunisse fait crier : « Oh ! Hisse ! »

Une arrestation mouvementée

6 juin, 2011

« O combien de marins ! Combien de capitaines… «  

« Il ne faut pas me crier dessus, monsieur ! Quand on me hurle après, je ne comprends rien ! Oui, peut-être, cher gendarme, je traversais en dehors des clous en déclamant un poème.  Et alors ? D’ailleurs, il n’y a plus de clous comme de mon temps. Comment ça, vous êtes de la police et non pas de la gendarmerie ? Ah, bon ? Çà a encore changé ? 

En plus, j’ai jeté un papier parterre ? Oui, peut-être mais le vent fripon l’a emporté au loin, je n’ai pas pu le rattraper. Vous vous rendez compte, j’ai fauté et je n’ai même pas pu récupérer mon erreur. Vous imaginez un peu ma frustration ? 

Vous êtes sur que je n’ai rien fait d’autre. Vous devriez consulter le fichier du grand banditisme. Je suis tête en l’air parfois, je fais des choses sans vraiment le vouloir ! 

Non, je ne me moque pas ! Comment ça, le fichier est en panne ? Ils ont encore changé de logiciel ? Vous n’êtes vraiment pas aidé dans votre tâche pourtant ingrate. Çà ne m’étonne pas, ils n’arrêtent pas de vous couper des crédits là-haut ! 

En tous cas, dès que c’est possible, il faudrait mettre votre base de données à jour. Je ne voudrais surtout pas qu’on oublie mon braquage de jeudi dernier. Ni le fourgon blindé que j’ai attaqué au mois de février. Oui ! Oui ! C’est moi aussi ! Vous ne le saviez pas ? Décidemment, il faut changer toute votre informatique ! On se donne la peine de monter de jolis coups et personne ne les connait ! 

Et pour le papier de bonbon que j’ai jeté imprudemment parterre, on fait comment ? Je ne voudrais surtout pas vous mettre en difficultés ! On pourrait passer un avis de recherche en urgence pour le cas où quelqu’un le trouverait sous ses pas ! Çà pourrait être dangereux, je ne veux pas me sentir responsable d’un accident ! » 

Un homme de décision

5 juin, 2011

« Moi, je sais prendre des décisions énergiques. Je ne suis pas du genre à rester dans le flou. » 

« Pourtant c’est bien le flou. C’est moins risqué, moins dangereux. Ça peut même être artistique. » 

« Oui, mais enfin, c’est mou, çà n’est pas très viril tout çà ! Allons ! Allons ! Un peu de courage que diable ! » 

« Peut-être, mais enfin, moi, je n’ai pas envie de me tromper en décidant n’importe quoi pour le plaisir de décider ! Çà, ce n’est pas du courage, c’est de l’inconscience ! » 

« Ecoutez, on n’est pas là pour ratiociner. Décidez-vous ! » 

« Je ne peux pas, il faut que je consulte ! » 

« Mais ça va prendre du temps. Et puis après, vous ne serez pas très avancé. Prenez exemple sur moi ! J’ai pris mes responsabilités ! » 

« Avez-vous analysé toute les conséquences des diverses options possibles ? Ah ! Vous voyez bien ! Heureusement que je suis là pour tempérer votre fougue ! Remarquez, c’est bien comme çà. Dans une équipe, il faut de tout : de l’impétuosité et de la sagesse. Nous nous complétons à merveille ! » 

« Ecoutez, oui peut-être, mais moi, je n’ai pas de temps à perdre, je suis un homme d’action ! J’aime que ça aille vite ! Je vis à cent à l’heure ! Bon, on pourrait peut-être y aller maintenant ! » 

« Ta ! Ta ! Ta ! Ta ! Ta ! Je ne suis pas sûr de mon coup. Il y a des risques que je voudrais examiner en détail. » 

« Quel lambin ! Si vous ne prenez jamais de risque, vous ne vivrez pas ! Plongez ! Vous raisonnerez après ! » 

« Moi, j’aime mieux prévenir que guérir comme dit le proverbe populaire. Ce n’est pas quand on est dans la panade qu’il faut réfléchir. » 

« Ecoutez : moi, chaque fois que je suis tombé, je me suis relevé et j’ai foncé ! » 

« Jusqu’à la prochaine chute. C’est un comportement un peu primaire, vous ne trouvez pas ? L’homme civilisé réfléchit avant d’agir. Une fois qu’il a tous les éléments en mains, il peut élaborer sa stratégie. Alors –et je dis bien : alors seulement – il peut commencer à envisager de passer à une phase active ! » 

« Oui, bon, on va faire bref parce que, là, ça commence à durer : qu’est-ce que vous prenez comme dessert ? » 

Un guerrier du repos

4 juin, 2011

Max était natif du Havre.

Il travaillait sans arrêt.

Il voyageait d’escale en escale.

Dans la vie, Max n’était pas du genre à rester en rade.

Sa camionnette, c’était son seul refuge.

En conduisant, il bavardait avec lui-même sans répit.

Son métier était de s’occuper de la détente des autres.

C’était un spécialiste du nettoyage des aires de repos de l’autoroute.

 

Très mauvais poème

3 juin, 2011

Jean possédait un appartement qu’il louait : c’était un bailleur.

Dans la journée, il avait fréquemment sommeil : c’était donc un double bailleur.

Ce qui ne l’empêchait pas d’être un bon travailleur.

Il aimait s’habiller chez un tailleur.

Avec lequel il s’amusait beaucoup, d’ailleurs.

Son tailleur persiflait sur ses clients : c’était un railleur.

Le samedi, Jean s’occupait de sa propriété avec un débroussailleur.

Ou alors, il faisait du vélo quand il n’avait pas d’ennui de dérailleur.

Parfois, il allait au marché pour rencontrer son ami le rempailleur.

Leur rencontre se terminait à table,  car c’était deux ripailleurs.

Ils ne se prenaient pas, comme certains, pour des rimailleurs !

Allons-z’y !

2 juin, 2011

Rendons nous à l’évidence :

Je reviens de loin,

Je suis enfin parvenu à mes fins.

Je n’ai pas oublié de partir du principe

Selon lequel il ne faut pas tourner autour du pot.

Je suis arrivé à la conclusion

Qu’il faut atteindre ses objectifs

En allant droit au but.

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