Archive pour juin, 2011

La comtesse est toujours là, et bien là.

20 juin, 2011

Etonnez-moi dit la Comtesse.

Ne faites pas cette tête d’ahuri, Riri.

Pendez-vous par les pieds !  Vous êtes assommant, Armand !

Jetez vous dans la rivière du haut du pont, Dupont !

Imitez le cri du renard ! Ne soyez pas ennuyeux, Mathieu !

Parlez-moi d’Istanbul, Raoul !

Soyez spirituel, Emmanuel !

Raillez le Comte avec des remarques perfides et acide, Alcide !

Pliez-moi de rire et vous…  restez sérieux, mon vieux !

Les conseils du grand Jacot (9)

19 juin, 2011

« Le Président est au courant ! » 

« Au courant de quoi ? » 

« J’en sais rien, mais il est au courant, sinon il ne serait pas Président ! Alors, faites attention ! » 

« Attention à quoi ? » 

« Ben, j’en sais rien ! Mais il faut être sur vos gardes… Avec tout ce qui se passe en ce moment ! » 

« Qu’est-ce qui se passe ? » 

« Vous n’êtes pas au courant ? Lisez un peu les journaux. Il y a beaucoup de tension. Moi, je serais à votre place, je regarderais où je mets les pieds ! Marchez sur des œufs, mon vieux ! » 

« Bon, posons la question autrement : quel est le problème ? » 

« Le problème, c’est qu’il faut prendre des précautions, sinon on se fait taper sur les doigts à chaque coup ! Regardez ce pauvre Dumortier ! » 

« Qu’est-ce qu’il a Dumortier ? Il est mort ? » 

« Non, mais c’est tout comme. Il a subi les foudres de la direction. Dans l’ambiance actuelle, il est quasiment mort ! » 

« Qu’est-ce qu’elle a l’ambiance actuelle ? » 

« C’est dur, c’est très dur ! On ne sait pas pourquoi, mais ça se sent ! ! Il n’y a qu’à regarder la tête de ce pauvre Dumortier ! Ce que je vous en dis, c’est pour vous, hein… mais moi, à votre place, je serais prudent ! Il n’y a plus d’argent dans les caisses ? Il est urgent d’attendre ! » 

« Attendre quoi ? » 

« J’en sais rien, mais moi, si j’étais vous, je ne prendrais pas de risques inutiles ! Vous comprenez ?» 

« Ben… non, rien du tout ! » 

« C’est pourtant pas compliqué ! Si les mecs du siège faisaient leur boulot, on n’en serait pas là ! C’est toujours pareil, il y a les penseurs, et les pauvres manards comme nous, chargés d’exécuter des ordres idiots ! Donc prudence ! Wait and see ! Comme disent les anglais ! Moi, de toute façon, je fais ce que les chefs me disent ! Ils sont au courant de tout ! Ne vous en faites pas ! » 

« Mais, je ne m’en fais pas, moi ! » 

Chef-d’oeuvre en péril

18 juin, 2011

Il y a belle lurette que je ne fais plus rien.

Aussi, suis-je dans de beaux draps.

Tout le quartier fait preuve d’un élan magnifique envers moi.

Le boucher me nourrit gracieusement.

Marcelle, la postière est aguichante à son guichet.

Julius, le coiffeur me rase gratis.

Noémie, la boulangère me donne des éclairs alléchants.

Le pasteur est bon, c’est son job.

Je suis un admirable paresseux

On tourne en rond

17 juin, 2011

Je vais vous faire une niche.

Fiscale ? Non, une niche c’est une farce.

Une farce qu’on met dans la tomate ?

Non, pas vraiment. Dans la tomate, on met du steak haché.

Pourquoi  faut-il  cacher le steak ?

Non, on ne dissimule rien. Dans la tomate farcie, tout se passe à découvert.

Vous avez un découvert bancaire ? Vous devriez faire plus attention.

Non, mes comptes sont créditeurs, je vous parlais de gastronomie.

Moi aussi, j’ai eu une gastro récemment. C’est très déplaisant.  Vous avez vu, votre médecin ?

Oui, mais plutôt pour mon arthrose.

Moi c’est mon chien qui ne va pas bien. Il est SDF.  A propos, vous ne pourriez pas lui faire une niche ?

Un et un font deux

16 juin, 2011

Le problème de Gérard Dubertin commença, pour être précis, le lundi 22 mai à 9 heures 23 lorsqu’il pénétra dans la boutique de Monsieur Bouchon, le charcutier de son quartier. Planté devant l’étal du commerçant, Gérard Dubertin se trouva pétrifié non pas par la vue des boudins, des jambonneaux ou autres rosettes de Monsieur Bouchon, mais par un tout autre phénomène. 

Derrière la charcutaille et un rideau de saucisson secs qui pendaient à hauteur de fronts, Monsieur Bouchon se tenait, les deux poings aux hanches en attendant patiemment la commande de Monsieur Dubertin. Nous devrions dire plutôt Messieurs Bouchon puisque ce qui provoquait la stupéfaction de Gérard Dubertin, c’était qu’il avait devant lui deux Monsieur Bouchon ! Strictement identiques. Ils portaient tous deux le même tablier blanc rougi de sang animal, ils arboraient le même teint rosâtre de tous ceux qui travaillent de leurs mains, ils lissaient la même moustache fine soigneusement entretenue et ils souriaient de la même fossette au milieu de sa joue gauche. En un mot, Monsieur Bouchon était en double exemplaire, l’un ressemblant exactement à l’autre. 

Gérard Dubertin, passé le moment qui le tint coi de stupeur, émit une réflexion d’anthologie : 

-          Mais… mais, vous êtes deux !

(suite…)

Les très mauvais conseils du grand Jacquot (8)

15 juin, 2011

Il faut prendre soin de ses orteils. Avec toutes les tensions de la vie courante, vous pouvez être rapidement noué de la voûte plantaire. Il faut donc résister au stress quotidien qui vous agresse dans toutes les circonstances. 

Par exemple, votre directeur Duchemin exige un rapport sur son bureau pour demain. Il faut dire : « Oui, oui, bien entendu Monsieur Duchemin », puis faire comme çà vous arrange ! Vous vous sentirez mieux ! Vous n’allez tout de même pas vous sentir obligé de tenir vos promesses, ce n’est pas très prudent ! 

Un autre exemple. Ne traversez pas dans les clous. Ne regardez pas à droite et à gauche d’un air inquiet. Allez-y tête haute. Personne n’osera vous renverser. C’est aux autres à faire attention. 

Quand elles vous embarrassent, ne répondez pas aux questions qui vous sont posées. Surtout quand vous ne connaissez pas les réponses. Répondez à coté ou alors feignez de ne pas les avoir entendues. 

Donnez tranquillement des conseils que personne ne vous demande. Même dans des domaines où vous ne connaissez rien. Dites bien que vous dites ça, mais que vous ne vous permettrez pas de donner des conseils. Vous prendrez de l’importance dans les conversations. 

En voiture, garez-vous en double ou triple file. Vous pourrez toujours faire remarquer que vous économisez beaucoup de CO 2 en ne passant pas un temps infini à trouver une place libre. Vous vous épargnerez aussi une bonne séance d’énervement. 

Au restaurant, faites remporter le vin systématiquement, en insistant sur le fait qu’il est trop bouchonné. C’est une manière d’énerver les autres qui vous détendra. 

Sur la plage, amusez-vous ! Jouez au ballon en criant joyeusement dans les oreilles des vacanciers ou aspergez-les de sable en secouant votre serviette ! Quelle rigolade ! 

Dans le train, les sièges sont trop étroits ? Vos articulations courent le risque d’être ankylosées ! Etalez-vous sur les genoux du voisin ! N’hésitez pas à mâcher votre sandwich au saucisson en faisant du bruit. Pour une bonne digestion, il faut bien mastiquer ! 

En compagnie, n’hésitez pas à couper la parole aux autres. C’est très désagréable pour les nerfs de devoir subir toutes leurs inepties alors que vous avez tant de choses intéressantes à dire ! 

Dans les grands magasins, payez en espèces même si vous êtes à la caisse où l’on ne prend que les cartes bleues. Les commerçants sont obligés d’accepter. Ce n’est pas à vous de prendre sur votre dos tous leurs soucis, quand même ! 

En général, pour éviter tous les désagréments de vie courante qui génèrent des excès d’agression mentale, un bon conseil : à la moindre contrariété, dites que vous connaissez quelqu‘un qui connait quelqu’un à la Préfecture ! Ou mieux au Ministère ! N’importe lequel ! 

 

Verdure

14 juin, 2011

Il faudrait arrêter de faire du foin.

Sinon, nous allons nous expliquer entre hommes sur le pré !

Et sur le champ !

Et puis cessez également de fumer de l’herbe !

Allez donc vous promener dans les alpages pour respirer le grand air !

Vous y rencontrerez le berger et ses moutons dans le vert pâturage.

Vous pourrez déguster leurs  fromages, cela fera du bien à votre flore intestinale.

Puis  vous faire opérer des végétations.

C’est votre feuille de route !

Scène de rue

13 juin, 2011

« Çà m’agace !… » 

« Qu’est-ce qui vous agace ?» 

« Tous ces gens dans la rue. Mais où vont-ils donc ? Et ces bagnoles… Çà fait du bruit, de la pollution. Sans compter les bus et les tramways ! Mais où vont-ils tous ? » 

« Je sais pas. Au boulot, à l’école, chez leur maîtresse ! Il y en a des bons motifs pour ne pas rester tranquillement chez soi !… » 

« Çà va durer jusqu’à quand ? Il n’y a pas de raison que ça s’arrête ! Il parait qu’on est les champions de la natalité. Vous vous rendez compte. Bientôt, il faudra marcher en rangs serrés dans la rue… et encore, en jouant des coudes ! Il faudrait réfléchir. Est-ce que les gens sont heureux au moins d’être si nombreux ? » 

« Vous exagérez, mon cher ! » 

« Il y aura bientôt tellement de voitures qu’on ne pourra plus bouger. Quel paradoxe ? La mobilité entraîne l’immobilité ! Le lobby des constructeurs automobiles a encore frappé !» 

« Donc il n’y a plus qu’à rester chez soi. Supprimons le travail comme ça le problème sera réglé ! Ou alors mettons en place un système d’alternance : tous les gens dont le nom commence par A restent à la maison les jours pairs, par exemple ! »  

« Et le lien social ? Qu’est-ce que vous en faites du lien social ? » 

« Alors on fait quoi ? » 

« On pourrait limiter la vitesse des piétons, ça obligerait déjà les gens à étaler leurs déplacements. Ou bien les forcer à prendre un vélo. Tout individu n’ayant pas pédalé dix kilomètres par jour serait condamné ! »  

« Vous en avez beaucoup des idées comme çà ? » 

« Ou alors on pourrait leur interdire de parler dans la rue, pour diminuer le vacarme !» 

« Bon, hé bien, on va peut-être commencer par vous. Faites attention avant de traverser au lieu de bavarder ! » 

Notre rubrique astrologique

12 juin, 2011

Vous êtes un auteur qui a l’angoisse de la feuille vierge.

Commencez par regarder le verso pour voir si ça continue.

Ça continue ? Alors  il faut savoir prendre le taureau par les cornes.

Comme un assaillant qui défonce la porte à coups de bélier.

Ou alors le scorpion qui pique sournoisement son adversaire.

Si vous n’arrivez pas à vos fins, faites des queues de poisson à vos ennemis !

Dénoncez-les à la presse pour n’importe quoi : transformez-vous en balance !

Soyez comme ces mauvaises langues qui s’agitent impunément dans toutes les affaires à scandale !

Battez-vous comme un lion !

J’ai mauvaise conscience, direz-vous ?

N’attrapez pas le cancer pour si peu !

Allez vous reposer à Capri, corne de bique !

Un voisinage suspect

11 juin, 2011

Le lotissement des Lauriers Roses serpentait en pente douce le long de la colline qui dominait les faubourgs de la ville. Pour tirer sur les coûts immobiliers, les maisons étaient construites toutes pareilles. Enfin presque. Un décroché ici et pas là. Un garage de plus d’un coté de la rue et pas de l’autre. En contrepartie d’un solide endettement d’une trentaine d’années, les ménages de cadres moyens qui s’étaient laissés séduire par cet endroit, avaient droit à un peu de diversité, mais pas trop. Avec leurs façades blanches et leurs volets bleus, les villas avaient un air provençal, ce qui avait sans doute permis au promoteur de trouver le nom de l’ensemble bien que je n’ai jamais remarqué de lauriers ni roses, ni d’aucune couleur, au milieu de la cinquantaine de logis dont celui que je partageais avec Mauricette, ma compagne, faisait partie. 

Madeleine et Georges Barbichet étaient nos voisins de gauche. La sympathie s’était tout de suite installée entre nous. Couple de retraités d’un certain âge, ils disaient avoir longuement économisé pour le plaisir de tondre cent mètres carrés de gazon le week-end et de faire sécher le linge de Madeleine Barbichet au grand air, presque pur. A condition que le temps s’y prête, bien entendu. 

En face de nos deux maisons, était sise celle de Monsieur Robert. Au début, nous ignorions son nom. Et nous aurions continué à ne pas le connaître si, par nuit noire, Georges Barbichet n’avait pas traversé subrepticement la rue pour aller se renseigner sur la boite aux lettres de l’individu. 

Sans cet acte de bravoure de Monsieur Barbichet, le patronyme de Monsieur Robert aurait pu rester mystérieux. Nous aurions pu aussi ne jamais connaître l’homme puisqu’il sortait rarement de chez lui. Pour apercevoir sa silhouette, il fallait que Georges Barbichet et moi-même organisions des tours de garde. Ce stratagème réussit à plusieurs reprises puisque Monsieur Robert était dans la nécessité comme tout le monde de faire ses courses à certains moments de la semaine. 

(suite…)

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