Un et un font deux
16 juin, 2011Le problème de Gérard Dubertin commença, pour être précis, le lundi 22 mai à 9 heures 23 lorsqu’il pénétra dans la boutique de Monsieur Bouchon, le charcutier de son quartier. Planté devant l’étal du commerçant, Gérard Dubertin se trouva pétrifié non pas par la vue des boudins, des jambonneaux ou autres rosettes de Monsieur Bouchon, mais par un tout autre phénomène.
Derrière la charcutaille et un rideau de saucisson secs qui pendaient à hauteur de fronts, Monsieur Bouchon se tenait, les deux poings aux hanches en attendant patiemment la commande de Monsieur Dubertin. Nous devrions dire plutôt Messieurs Bouchon puisque ce qui provoquait la stupéfaction de Gérard Dubertin, c’était qu’il avait devant lui deux Monsieur Bouchon ! Strictement identiques. Ils portaient tous deux le même tablier blanc rougi de sang animal, ils arboraient le même teint rosâtre de tous ceux qui travaillent de leurs mains, ils lissaient la même moustache fine soigneusement entretenue et ils souriaient de la même fossette au milieu de sa joue gauche. En un mot, Monsieur Bouchon était en double exemplaire, l’un ressemblant exactement à l’autre.
Gérard Dubertin, passé le moment qui le tint coi de stupeur, émit une réflexion d’anthologie :
- Mais… mais, vous êtes deux !