Le destin inexorable de Marcus

            Marcus était un homme bon et généreux qui se faisait un devoir de ne jamais rien réclamer pour lui. De quel droit, lui, misérable créature humaine, aurait-il sollicité un avantage particulier ? Une faveur personnelle ? Avec un tel principe qui conduisait sa vie, Marcus ne s’était pas élevé très haut dans la hiérarchie des hommes de son village. Ce qui lui convenait puisqu’il ne tenait pas à être distingué par ses semblables. Il s’était enfermé dans une espèce d’orgueil qui lui interdisait toute allégeance aux conventions sociales, toute esquisse de soumission aux valeurs si pauvres véhiculées par la société humaine qui l’entourait. Marcus était un homme sage, mais austère. Dur avec les mesquineries des autres, impitoyable avec ses propres écarts à la morale. 

Son apparence physique était terne. D’une taille moyenne, son corps était déformé par le travail manuel : plutôt vouté, flasque sur les hanches et doté de membres disproportionnés. Son visage grave souriait très mal. Lorsqu’il essayait de rire devant sa glace, il avait l’impression de se lancer une grimace à lui-même. Seuls ses yeux noirs et luisants pouvaient laisser deviner la richesse de sa vie intérieure, au cas bien improbable où un observateur aurait marqué un intérêt pour cet homme. 

Pour Marcus, il était important de tout donner et de ne s’attendre à aucun retour. La nuit de l’incendie de la grange du père Louis, il se porta en première ligne pour lutter contre le feu malgré les dissensions qui l’opposaient à son voisin depuis si longtemps pour l’exploitation d’une parcelle de terrain. Grâce à son énergie et à sa prise de risque, le feu fut rapidement maîtrisé. Ses concitoyens admirèrent son courage et son sang-froid, puis retournèrent se coucher. Lorsque Louis, en essuyant l’émotion qui dégoulinait sur sa moustache gauloise, tendit sa main calleuse à Marcus, celui-ci sut trouver les quelques mots pleins de dignité virile pour dire que les petites querelles intestines devaient s’effacer devant l’exigence de la solidarité entre les hommes en cas de catastrophe imminente. Pour Marcus, si l’entraide de voisinage ne jouait pas, chacun devrait s’attendre au pire.

En temps ordinaire, Marcus agaçait ses semblables par son comportement sans faille. Nul n’avait jamais vu Marcus se laisser aller à gouter un plaisir, même innocent. 

 Le maire du village Alexis Garreaud ne l’aimait pas. Alexis Garreaud était un homme qui adorait, par contre, les honneurs et la considération de ses concitoyens. Le dimanche, on voyait sa bedaine proéminente parcourir les travées assiégées du bistrot de la mère Gisèle. Il serrait quelques mains, promettait des facilités à certains, de l’aide à d’autres, avec un sourire mielleux et un air bonhomme, tout en surveillant attentivement ses opposants du coin de l’œil, lesquels lui reprochaient son populisme exacerbé et sa démagogie cynique. Seul Marcus, par sa hauteur et son dédain de la flatterie intimidait Alexis Garreaud, qui ne comprenait pas qu’un homme de son village puisse ne pas se prosterner devant lui pour quémander quelques faveurs. Il était tout de même le premier magistrat de la commune et avait droit aux égards attachés à sa haute fonction ! 

Malgré sa physionomie peu attirante pour les femmes, Marcus avait été marié. Mauricette, épousée devant Alexis Garreaud et dans l’église du père Gérard, étant elle-même d’un visage peu gâté par la nature, avait cru judicieux de lier son destin à cet homme dont le physique disgracieux la rassurait. Mauricette pensait, d’une part qu’elle n’aurait pas d’autre occasion de convoler dans son village et d’autre part qu’aucune autre femme ne jetterait son dévolu sur un homme à l’aspect aussi peu attrayant. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que c’est la fidélité absolue et rigoureuse de Marcus à ses engagements qui mettait son couple à l’abri de toute tentative d’adultère. 

Pourtant Mauricette avait quitté le nid conjugal un beau matin. Non pas que Marcus se soit rendu coupable d’une aventure quelconque, mais l’idée qu’elle s’était faite de la vie en couple, largement inspirée par la vie glauque de ses parents s’était écroulée. Elle ne supportait plus la perfection de son époux. Dans son esprit, un paysan était un homme fruste et rustre, grossier et parfois violent. Au minimum, très mal élevé. Au contraire, Marcus s’était montré prévenant, galant, aidant et agréable avec son épouse. Ce fut très déstabilisant pour Mauricette qui en vint à se dire que son homme n’était pas comme les autres et qu’il convenait donc de s’en protéger en se retirant chez sa mère. 

Même s’il vécut durement cet épisode, Marcus décréta en lui-même que son honneur lui commandait de n’en laisser rien paraître. L’incompréhension de sa femme et plus généralement des êtres humains à son égard ne devait pas le toucher. Il y avait là une forme de bassesse dans laquelle se complaisait ses semblables et qui ne pouvait pas le concerner. Montrer quelque amertume que ce soit du départ de Mauricette eut été interprété par lui-même comme une compromission avec la petitesse des sentiments humains. Marcus montra donc un front imperturbable aux moqueries villageoises qui accueillirent son infortune conjugale. 

Cette année-là, il s’était agi d’organiser la fête nationale du 14 juillet dans sa commune. Une discussion agitée avait animé le conseil municipal à ce sujet.  Aucun volontaire ne s’était manifesté pour préparer les festivités et notamment le bal qui devait se tenir dans la grande salle de la mairie. Bien entendu, Marcus, malgré la lourde charge des travaux de sa ferme, se dévoua. Alexis Garreaud maugréa, mais devant l’absence de bonnes volontés, il n’eut pas d’autre choix que de confier l’organisation à Marcus. Ce dernier se mit en quatre pour la réussite de l’opération. Il sut trouver les meilleurs prestataires pour offrir à ses concitoyens un buffet royal malgré le faible budget municipal. Il dégota un orchestre de premier choix qui disposait d’un répertoire suffisamment large pour faire danser grands et petits. Il contribua à une décoration originale faite de paillettes, de banderoles et de lumignons qui devaient jeter au jour dit de joyeuses lumières sur la place de la mairie. 

La population de la commune se préparait à fêter dignement cette circonstance. Mais un courant d’opinion majoritaire craignit qu’elle ne fut entachée par la venue de jeunes voyous des environs qui, disait-on, écumaient les bals de la région en fracturant les voitures ou en rançonnant les noctambules à leur sortie des festivités. Une fois de plus Marcus se dévoua. Il passa la nuit dans la pénombre, surveillant avec l’aide son berger allemand le parking et ses abords au lieu de profiter, comme les autres, des réjouissances qu’il avait préparées avec tant d’application. On loua son sacrifice, puis on se dépêcha d’aller s’amuser au bal dont les flonflons s’échappaient déjà du bâtiment municipal. 

A la rentrée scolaire suivante, il fallut  permettre au petit René, handicapé de naissance, de rejoindre chaque matin son collège, situé au chef-lieu de canton à une vingtaine de kilomètres du village. Chacun savait que la famille déshéritée du petit René était incapable d’assumer ce coût de transport. Mais personne ne crut bon de participer à une solution qui aurait pu soulager les parents du petit René. 

Marcus se proposa une nouvelle fois. Il prit l’habitude de conduire le petit René à ses obligations scolaires le matin, d’aller chercher l’enfant le soir et de l’aider à ses devoirs comme il le pouvait. 

Marcus ne réclamait toujours aucun avantage pour lui. Il s’interdisait de marquer de l’autosatisfaction à propos de son comportement. Il tenait à rester intransigeant avec lui-même. Parfois, lorsqu’il lui semblait qu’il était en train d’éprouver le sentiment du devoir accompli, il se reprochait d’admirer sa propre abnégation et s’en punissait sévèrement en se disant qu’il devait faire encore plus pour la solidarité au sein du village. 

Vint le temps des élections municipales. Les manipulations et les entourloupes d’Alexis Garreaud, le maire sortant, avaient fini par lasser une grande partie de son électorat. Lorsque les anciens, sous la houlette de leur doyen Jean, vinrent susciter la candidature de Marcus, celui-ci répondit d’un ait étonné : 

-          Moi ! Maire ! Vous rigolez ! Alexis se débrouille très bien ! 

C’était faux. Chacun savait qu’Alexis Garreaud s’était enferré dans des trafics douteux et des accointances suspectes en espérant accéder à la dignité de conseiller général du canton lorsque le titulaire, affaibli par la goutte, l’âge et quelques poursuites judicaires gênantes allait se retirer. 

Mis devant l’évidence des manigances du premier magistrat, Marcus fut dans l’obligation de mettre en avant sa candidature qui devint aux yeux de l’opinion villageoise la seule crédible. Son élection fut acquise dans un fauteuil. Alexis Garreaud pensa d’abord dénoncer des fraudes électorales imaginaires, puis devant l’ampleur du score de son adversaire, dut s’avouer vaincu, en déclarant au moment de quitter ses fonctions qu’il avait perdu une bataille, mais pas la guerre. Ces paroles furent comprises comme une manifestation d’amertume, ce qui fut une erreur. 

Marcus se mit au travail comme il savait le faire. Avec constance et opiniâtreté. Bientôt, on le vit dans tous les foyers. Sur un cahier d’écolier, il notait d’une écriture appliquée les soucis de ses concitoyens et de leurs familles. Une allocation à réclamer ici. Des soins à prodiguer là. Une aide au remplissage de papiers administratifs chez un ménage âgé. Toutes les petites misères quotidiennes de la commune étaient dûment répertoriées. Et le nouveau maire s’attelait à  remédier à ces soucis, l’un après l’autre. 

Fidèle à ses dures convictions, Marcus ne demandait rien en contrepartie de son dévouement. Lorsque le député de sa circonscription venait serrer quelques mains de notables dans la commune, le maire laissait le soin à son premier adjoint de l’accueillir et de régler les problèmes protocolaires. Il n’avait aucune intention de perdre son temps en effusions et compliments surfaits avec un édile dont le seul souci était de plastronner à Paris, en espérant toutefois que son électorat provincial, adjectif que le député prononçait avec un air exaspéré du bout des lèvres, continuerait à lui prodiguer un attachement aveugle et servile. Marcus ne prenait aucun soin d’une éventuelle carrière politique. 

Pour éviter les mondanités qu’il détestait, il prétextait le plus souvent l’aide d’urgence qu’il devait apporter à la mère Dupuis, seule dans sa ferme, face à de si lourds travaux. Les petits fours, le mauvais champagne, les honneurs malsains, ce n’était pas pour lui. Il poursuivait son chemin rude et solitaire. 

Pourtant, comme l’avait laissé prévoir l’ancien maire, l’opposition municipale n’avait pas abdiqué. Alexis Garreaud travaillait assidument à son retour au pouvoir. Durant ce qu’il appelait sa traversée du désert, il ne manqua aucune occasion de démontrer à ses concitoyens les conséquences de la mauvaise gestion de Marcus. Pour lui, Marcus ne savait pas moderniser sa commune. Il n’entendait rien aux techniques de communication et aux nouvelles technologies de l’information. Ce qui était une grave lacune incompatible avec la conduite des affaires publiques. Lui, Alexis Garreaud avait pris la peine de se former et connaissait toutes les méthodes qui lui permettraient de redresser la gestion municipale. Ses concitoyens avaient voulu l’écarter ? Eh bien, Alexis Garreaud se répandait dans toutes les fermes du village pour montrer aux électeurs les conséquences désastreuses de leurs votes maladroits ! Il parlait souvent de sa stratégie municipale. Le mot lui plaisait et comme il savait que les paysans de modeste éducation qui l’entouraient, ne le comprenaient pas, il en usait largement pour les impressionner. 

Alexis Garreaud prenait souvent en exemple Pierre Poulain, son ami et maire de la commune voisine. Ce dernier savait, lui, mettre sa commune en avant. Il avait obtenu le passage du Tour de France sur son territoire au mois de juillet dernier ! Pendant un court instant d’été, tout le pays avait entendu parler de son village ! D’autant plus qu’au moment précis où le peloton était passé devant l’église, un des leaders de l’épreuve avait crevé, jetant ainsi un certain émoi parmi les commentateurs sportifs. Pendant ce temps, ce pauvre Marcus, se contentait de résoudre des querelles de voisinage pour quelques arpents de terre ! Quelle pauvreté d’imagination ! Décidemment, le conseil municipal qu’il présidait n’avait aucune « stratégie » digne de ce nom. Il était urgent qu’Alexis Garreaud revienne aux affaires puisqu’il était avéré qu’il n’y avait pas d’autres possibilités. 

Autre exemple donné par Alexis Garreaud de la vétusté des méthodes de Marcus : ce dernier avait refusé d’acheter un ordinateur pour chaque enfant du village. Si bien que les élèves étaient obligés d’écrire à la main sur le tableau du maître d’école ou alors dans leur cahier d’écolier ! A-t-on idée aujourd’hui d’avoir de telles pratiques ! Est-ce comme cela qu’on pouvait préparer l’avenir de nos enfants ? 

Alexis Garreaud fit tant et si bien qu’il fut réélu aux élections suivantes. Sa faconde, ses discours populistes et sa rouerie de vieux politicien balayèrent le travail minutieux et attentif de Marcus. Face aux promesses inconsidérées qu’il prodigua à ses concitoyens, Marcus ne put opposer qu’un labeur quotidien : un conflit résolu avec l’administration fiscale, un petit abribus pour que les collégiens n’attendent plus l’autocar scolaire sous la pluie, ou encore  l’organisation d’une veillée de Noël pour que les anciens ne restent plus seuls en ce jour magique. Rien ne résista aux paroles d’Alexis Garreaud qui, feignant d’oublier ses excès du passé, s’engagea à faire de sa commune la plus admirée du canton. Nul ne prêta attention au retour à l’équilibre des finances municipales que Marcus avait su rétablir avec une infinie patience. 

Comme à son habitude, Marcus ne montra aucun dépit de sa défaite. Il savait qu’il avait agi de son mieux et que le bilan de son mandat était positif. Il se retira donc dignement sur ses terres après avoir remis en mains propres la gestion des affaires municipales à son adversaire. Il poussa même le sens de l’honneur jusqu’à le féliciter. Alexis Garreaud en resta coi. Un tel comportement était complètement étranger dans les milieux politicards qu’il rêvait de fréquenter. Dans son esprit étroit, on doit faire  semblant d’avoir gagné, même quand on perd une élection. 

Pendant plusieurs mois, chacun retourna à son milieu naturel. Marcus s’appliquait aux travaux besogneux et exigeants de la terre sans oublier de donner un coup de main à ses voisins lorsqu’ils étaient dans la peine. Alexis Garreaud, lui, s’employait à gaspiller au mieux les deniers publics. On le voyait rarement dans le village. Il préférait arpenter les couloirs de la Préfecture et du Conseil Général où, disait-il, il était beaucoup plus efficace pour ses concitoyens. C‘est ainsi qu’il obtint pour sa commune une place réservée au prochain salon de l’Agriculture à Paris ou un permis de construire une médiathèque parmi les mieux équipées du département. 

Malheureusement, aucun des fermiers du village, trop frileux pour une aventure aussi lointaine, ne voulut s’embarquer avec armes, bagages et animaux pour la capitale. Quant à sa médiathèque, elle resta désespérément vide. Personne ne savait se servir des outils sophistiqués que le maire avait acquis à des prix exorbitants. 

Dans le même temps, Alexis Garreaud eut maille à partir avec la justice puisqu’il avait malencontreusement confondu ses intérêts personnels avec la gestion de l’argent communal. Lui, qui avait promis de faire parler de son village, se trouva conforté puisque la presse s’empara du scandale financier dont il était désigné comme le principal responsable. Alexis Garreaud fut démis de ses fonctions en dépit de ses dénégations outrées et d’une résistance acharnée de ses avocats. 

C’est alors que les regards se tournèrent une nouvelle fois vers Marcus. Chacun savait qu’il avait été chassé comme un malpropre du siège de maire alors qu’il avait passé son temps et son énergie à améliorer le bien-être de ses concitoyens. Aussi, ses concitoyens se trouvèrent-ils accablés par la honte d’avoir cru aux promesses mirobolantes d’Alexis Garreaud. Aucun électeur n’eut le courage de demander à Marcus de reprendre les rennes du pouvoir. 

Ce fut le plus ancien du village, comme il se doit en temps de crise, qui se dévoua pour la mission de la dernière chance auprès de Marcus. A quatre-vingt dix ans, Jean était un petit homme respecté, à l’allure sèche et chétive. Héros des maquis de la seconde guerre, il avait le sens du devoir et éventuellement du sacrifice. Il se déplaçait encore lentement mais fermement. Appuyé sur sa canne légendaire, il se présenta à la porte de la ferme de Marcus au moment où celui-ci revenait des champs. 

L’affaire se régla  entre hommes d’honneur devant un verre de la meilleure piquette de Marcus, sur la table qui lui servait de pétrin lorsqu’il décidait d’y préparer son pain. 

Jean connaissait le caractère rigide de Marcus. Néanmoins, il plaida longuement la cause de la commune. Son discours, prononcé d’une voix fatiguée mais déterminée, fut souvent émaillé d’un appel à la tradition familiale. Jean savait que c’était là le seul moyen de faire plier son interlocuteur. 

-          Marcus ! Souviens-toi de ton père ! 

Marcus rétorqua que ses concitoyens l’avaient chassé sans vergogne  pour se livrer, corps, âmes et impôts locaux à un homme arriviste et malhonnête qui ne songeait qu’à tirer des avantages personnels de ses fonctions électives. 

Jean le savait. Il comprenait les reproches que Marcus adressait aux hommes et aux femmes qui avaient remis leur sort sans prudence aux mains de cet intriguant. Fait rarissime, Jean retira devant Marcus son béret crasseux, habituellement vissé au sommet de son crâne auréolé de mèches blanches. Il supplia humblement son interlocuteur de reprendre en charge les affaires de la mairie. 

Marcus fut ébranlé par le discours du vieil homme mais ne voulut pas céder à la pression. Il avait, bien ancré dans sa chair, le sens du dévouement et du don de soi, mais cette fois-ci, il estima que l’ingratitude de ses concitoyens avait été trop loin. Il ne se sentait plus capable de se consacrer à l’amélioration du quotidien d’une population d’irresponsables, capables de croire aux sornettes du premier malfrat venu. 

Quelques jours plus tard, alors que la nature s’ouvrait doucement à l’arrivée du  printemps, Marcus revenait à pied de la ferme de la mère Dupuis, où il avait aidé à la traite du troupeau de la vieille agricultrice. Fourche sur l’épaule, avançant du pas lourd des hommes de la terre, il allait sur le chemin qui le ramenait à sa ferme lorsqu’il croisa la route du petit René qui se démenait tant bien que mal pour faire avancer son fauteuil roulant. 

Marcus se posa un instant sur un tronc abattu par les tempêtes du dernier hiver. Il eut avec René, selon quelques témoins visuels dignes de foi, une très longue conversation. A la suite de cette rencontre, un évènement peu ordinaire se produisit. On entendit pour la première fois l’enfant rire et entonner des chants de son âge tout en faisant rouler allègrement son engin dont les grincements s’élevaient joyeusement dans l’air léger d’un mois d’avril prometteur de renouveau. 

Laisser un commentaire