Sale affaire à Amsterdam
24 mai, 2011Je me suis réveillé avec la marée. Sans doute l’influence du milieu aquatique sur mon cerveau dérangé. Dans le port d’Amsterdam, il n’y a pas que des marins qui chantent les rêves qui les hantent. Il y aussi des gens convenables ou presque, les pieds pris dans un bloc de béton. Au fond de l’eau.
Je n’aurais jamais du contrarier Mauricio. Il m’a retrouvé sur cette place d’Amsterdam. Je n’ai même pas eu le temps de dégainer. Il a encore fallu courir.
La dernière fois que nous nous étions croisés, j’avais du déjà m’enfuir. Je crois que c‘était dans un bouge de Montevideo ou alors à Caracas. En tous cas, il y avait un carnaval dans la rue. Mauricio avait émis des doutes sur la régularité de mon comportement dans une simple partie de poker ! Je m’en étais tiré en me faufilant dans la foule.
Hier soir quand nos regards se sont croisés, j’ai bien compris qu’il n’avait pas oublié cette course effrénée dans des artères envahies de festivaliers ivres et joyeux.
Heureusement, j’ai toujours cultivé une spiritualité élevée. Dans la bande, on m’appelait « le Moine ». Vingt mois de stage chez les taoïstes du Tibet, trois semaines par an chez les bouddhistes de Thaïlande, une rare bibliothèque consacrée à la théosophie, voilà qui forge une conviction profonde. Comme prévu, mon esprit astral est sorti de mon corps au moment où Mauricio a jugé bon de basculer ce qui en restait dans les eaux troubles du port.
J’ai une petite mine, ce matin.