« Quel cran ! »
« Vous me trouvez audacieux ? Vous avez raison. Je suis un aventurier. Je dois être le premier au sommet. Il faut que je domine, c’est comme ça ! La seconde place ne m’intéresse pas ! Et vous, vous êtes bien, perdu dans la masse ? »
« Je pense qu’il faut avoir conscience de ses limites. Moi, je ne suis pas meilleur que les autres ! »
« Allons, allons ! Vous avez sûrement un petit talent ! Hmm ? Par exemple, vous êtes doué pour cuisiner le poulet basquaise ou pour faire de la broderie ? »
« Ben… non ! J’ai horreur du poulet basquaise et je me pique les doigts en brodant ! Par contre, je joue très bien de la guitare ! »
« Ah, vous voyez ! J’en étais sûr ! Jouez-moi un petit quelque chose ! »
« …. »
« J’ai reconnu ! C’est « L’eau vive » de Guy Béart… »
« Ben non… c’est « vive le vent d’hiver »… »
« Bon, vous ne sauriez pas faire autre chose ? »
« Si, je peux réparer votre machine à laver ! »
« Euh, non ! Je ne préférais pas. Et puis de toute façon, ce n’est pas ce qui vous permettrait d’émerger du lot des communs des mortels. Vous ne pourriez pas faire Paris-Katmandou à dos de chameau, par exemple ? «
« Il faudrait que je trouve un chameau véloce, il ne me reste plus beaucoup de jours de congés ! Paris-Auxerre en patins à roulettes, ça ne pourrait pas faire l’affaire ? Je convoque deux journalistes et c’est bouclé ! Ensuite, j’écris un livre sur mon aventure. Je sors des tee-shirts et des produits dérivés pour célébrer mon exploit. Des boucles d’oreilles ou des cartes à jouer à mon effigie. Qu’en pensez-vous ? »
« Euh ! Il ne faudrait quand même pas trop rêver ! Moi, je me contente d’être le meilleur au bureau. Pour autant, je ne revendique pas d’accrocher mon portrait à la cafeteria ! Etre le meilleur, cela s’apprend. Il faut commencer par assumer sa notoriété avec modestie ! Par exemple, ce n’est pas parce que je suis le plus doué dans mon club de tennis que je vais me précipiter dans la rue pour signer des autographes ! Vous comprenez ?
« … »
« Alors, vous, avec vos patins à roulettes… »