Archive pour avril, 2011

La ferme en folie

30 avril, 2011

La poule aux œufs à la coque.

Le lapin se pose en attendant on-ne-sait-quoi.

Le cheval laid peint sur son chevalet.

Le dindon est un sacré farceur.

La vache fera la peau au premier qui rira.

L’oie rentre dans le jeu.

Le bœuf le fait avec ses musiciens.

Le canard déplie son journal.

La belle brebis bêle.

Je vais et je viens

29 avril, 2011

Je reviens de loin, c’était mieux qu’ici.

 Je vais vous dire en deux mots ce qui me motive.

J’irai droit au but.

Je ne suis pas du genre à reculer pour mieux sauter.

Je viens donc au sujet.

J’arrive toujours à mes fins.

Je me meus avec aisance dans la rhétorique. 

Mon approche de la question vous surprendra.

J’avance des arguments sérieux.

Comment ça, je marche sur la tête ?

Les conseils du grand Jacot (6)

28 avril, 2011

« Quel cran ! » 

« Vous me trouvez audacieux ? Vous avez raison. Je suis un aventurier. Je dois être le premier au sommet. Il faut que je domine, c’est comme ça ! La seconde place ne m’intéresse pas ! Et vous, vous êtes bien, perdu dans la masse ? » 

« Je pense qu’il faut avoir conscience de ses limites. Moi, je ne suis pas meilleur que les autres ! » 

« Allons, allons ! Vous avez sûrement un petit talent ! Hmm ? Par exemple, vous êtes doué pour cuisiner le poulet basquaise ou pour faire de la broderie ? » 

« Ben… non ! J’ai horreur du poulet basquaise et je me pique les doigts en brodant ! Par contre, je joue très bien de la guitare ! » 

« Ah, vous voyez ! J’en étais sûr ! Jouez-moi un petit quelque chose ! » 

« …. » 

« J’ai reconnu ! C’est « L’eau vive » de Guy Béart… » 

« Ben non… c’est « vive le vent d’hiver »… » 

« Bon, vous ne sauriez pas faire autre chose ? » 

« Si, je peux réparer votre machine à laver ! » 

« Euh, non ! Je ne préférais pas. Et puis de toute façon, ce n’est pas ce qui vous permettrait d’émerger du lot des communs des mortels. Vous ne pourriez pas faire Paris-Katmandou à dos de chameau, par exemple ? «  

« Il faudrait que je trouve un chameau véloce, il ne me reste plus beaucoup de jours de congés ! Paris-Auxerre en patins à roulettes, ça ne pourrait pas faire l’affaire ? Je convoque deux journalistes et c’est bouclé ! Ensuite, j’écris un livre sur mon aventure. Je sors des tee-shirts et des produits dérivés pour célébrer mon exploit. Des boucles d’oreilles ou des cartes à jouer à mon effigie. Qu’en pensez-vous ? » 

« Euh ! Il ne faudrait quand même pas trop rêver ! Moi, je me contente d’être le meilleur au bureau. Pour autant, je ne revendique pas d’accrocher mon portrait à la cafeteria ! Etre le meilleur, cela s’apprend. Il faut commencer par assumer sa notoriété avec modestie ! Par exemple, ce n’est pas parce que je suis le plus doué dans mon club de tennis que je vais me précipiter dans la rue pour signer des autographes ! Vous comprenez ? 

« … » 

« Alors, vous, avec vos patins à roulettes… » 

 

Je n’enlève pas le haut

27 avril, 2011

Les rouges sont en supériorité numérique sur les bleus à la suite de l’exclusion injustifiée d’un bleu.

Dans les tribunes, on sent que l’adrénaline monte.

On pourrait même dire une poussée de fièvre.

On hurle, on s’interpelle, on s’insulte, on est loin d’une élévation spirituelle des esprits.

On est plutôt proche d’un soulèvement populaire.

Ou d’une escalade de la violence.

Devant les téléviseurs de salons on grimpe aux rideaux.

Son Eminence elle, prend de la hauteur

L’horloge infernale

26 avril, 2011

Chaque matin, les villageois pouvaient voir, sur la place de l’Eglise,  l’abbé Bouchu se tenir la tête à deux mains en implorant le ciel.  Il tournait en rond, allant de ci de là, en gesticulant de ses longs bras et en marmonnant on ne sait quel sermon désespéré.

C’est qu’il s’en passait de belles dans le clocher de l’église. Chaque soir, il prenait le plus grand soin de faire monter le bedeau Alexandre pour remettre l’horloge en état de marche, laquelle prenait la plus malin des plaisirs à marquer une heure relevant de la plus haute fantaisie dès le lever du soleil suivant. Il y avait là un secret comme la nuit sombre aime à en créer qui dépassait l’entendement du pauvre ecclésiastique.

L’horloge lui avait  joué tous les tours qu’il était possible à un tel mécanisme d’inventer. Certains jours, les aiguilles refusaient obstinément de marquer quoique ce soit, restant définitivement pointées vers le douze. Le dimanche de Pâques, on vit soudain la petite aiguille prendre la place de la grande et indiquer les minutes au lieu des heures !

L’abbé Bouchu était connu comme un homme très pieux. Ses paroissiens n’avaient rien à lui reproché. Même la mère Patagrin qui, du haut de ses quatre vingt quinze ans, avait connu une douzaine de curés, avait de l’affection pour lui. Elle était  pourtant sévère avec les serviteurs de la religion, la mère Patagrin. Faiblement occupé par l‘élevage de ses trois poules, elle avait pris l’habitude de donner une note à chacune des prestations des prêtres du village, copiant ainsi la coutume repérée lors des matchs de foot qu’elle suivait assidument à la télé. Dans son hit-parade personnel, l’abbé Bouchu tenait une place très honorable en raison de sa voix puissante qui emplissait l’Eglise du village au moment du sermon, alors que ses prédécesseurs bougonnaient dans leur barbe de telle sorte qu’elle ne captait rien de leurs prêches du dimanche matin.

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Tour du monde

25 avril, 2011

Chez les Hellènes, je grossis : je progresse dans la graisse en Grèce.

En Biélorussie, j’ai réussi à couler une bielle.

Au Panama, j’ai connu une panne à ma moto.

En Mongolie, j’ai mangé de l’aïoli au lit.

Aux Comores, j’étais comme hors de moi.

Au Laos, j’ai revu mes ambitions à la hausse.

Au Pérou, j’ai péché le mérou.

Aux Galapagos, j’ai galopé avec les gosses.

En Croatie, je suis allé au restaurant : j’avais les crocs, assis.

Enchantement

24 avril, 2011

Stupéfait, il saisit son portable : « Je suis dans le parc où se trouvait le château, et tu ne devineras jamais… Basile !  Le château est reconstruit !  Je le sais qu’il a été bombardé en 44 ! Mais je te dis qu’il est comme neuf ! Sous mes yeux ! Un château du XVIIIème !  Reconstruit à l’identique ! » 

Basile ne le croyait pas. Il ne croirait jamais le reste. 

En visite chez ses parents, retirés dans la campagne picarde, Max avait voulu revoir le parc où il jouait, voilà si longtemps, avec Basile et les gamins du village. En débouchant dans cette clairière où la bande de gosses déboulaient autrefois en poussant des cris guerriers, il était resté comme pétrifié par cette apparition. Le château de la famille d’Aubriac élevait sa silhouette massive sous ses yeux. 

Sa façade sud semblait lumineuse dans la clarté de cet après-midi d’été. Sur deux niveaux, elle alignait ses rangées de hautes baies, taillées en plein cintre tandis que des lucarnes se détachaient résolument du toit dévisageant sévèrement les plaines environnantes. 

Un homme vêtu d’une livrée brodée de dorures, poudré comme une jeune fille, avait traversé la pelouse verdoyante et parfaitement entretenue. Il avait incliné sa perruque grise devant lui et l’avait prié de le suivre dans la bibliothèque où monsieur le Comte désirait s’entretenir avec lui. 

Max avait mesuré l’homme du regard pendant un long instant, partagé entre la crainte que lui inspirait l’étrangeté de la situation et l’envie de rire devant ce qui ne pouvait être qu’une immense farce. 

Le valet du Comte d’Aubriac n’avait pas baissé les yeux. Il avait attendu patiemment que Max décide de le suivre. Comme un pantin, Max avait emboité ses pas.

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A notre rayon quincaillerie

23 avril, 2011

Le gouvernement vient de donner un tour de vis supplémentaire

Et de raboter un peu plus  les avantages acquis.

Les travailleurs se sentent pris en tenaille.

Mais Georges s’en fiche, il en faut plus pour lui clouer le bec.

Il n’est pas à prendre avec des pincettes.

Son ami Lucien lui dit qu’il est complètement marteau.

Il ne faut pas qu’il scie la branche sur laquelle il est assis.

A force de rouspéter, il va se ramasser une pelle.

Nouvelle leçon de grammaire

22 avril, 2011

Il faut savoir composer avec son passé

Et le passé n’est pas toujours aussi simple qu’on le voudrait.

Il est, en général, très imparfait.

Ce n’est pas toujours un joli présent.

En cas de difficultés, projetons-nous dans le futur.

C’est impératif !

Cependant le futur est forcément conditionnel

Puisqu’il dépend de nos décisions, antérieures à sa réalisation.

Enfin…  pas toujours : à titre indicatif, je ne sais pas comment je peux finir ce texte.

 

 

Une visite attendue

21 avril, 2011

Louis n’avait pas peur.de cet instant. Il l’attendait et s’y était préparé depuis qu’il avait surpris une conversation dans son cabaret entre le barman et l’une de ses stripteaseuses. 

« Tu connais pas la dernière ? Robert est de retour ! »
« Non ! Après ce qu’il s’est passé ??? Houlala…                                                                                  
« Comme tu dis…» 

C’est en fin de soirée que Robert est entré dans son bureau en pointant son Browning sur lui. Louis s’est simplement levé en rajustant sa veste : il voulait mourir dignement. Pour un peu, il aurait pensé que l’on n’était pas entre voyous de banlieue. L’affaire devait se régler d’homme à homme. 

D’un ton apaisé, il s’est adressé à son assassin : 

« Bonsoir, Robert… ». 

Il aurait pu ajouter : 

« Te voilà, enfin… » 

Robert tenait son arme à bout de bras. Derrière le minuscule orifice noir d’où allait jaillir la mort, Louis distinguait le visage de son ancien acolyte. Les années de prison l’avait creusé, le regard noir d’antan était cerné de profondes rides violacées. Robert n’avait plus l’allure altière de leur jeunesse. 

Robert tenait en joue Louis qui insista paisiblement : 

« Finissons-en, Robert… »

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