Archive pour février, 2011

Histoire d’un vendeur d’amortisseurs

10 février, 2011

« Je vous fais 50% sur le deuxième amortisseur ! » 

« Et si je vous en prend quatre, qu’est ce que vous me proposez ? » 

« C’est pas prévu dans la promo ! Je vous vois venir ! Vous me posez la question pour m’embêter ! » 

« Pas du tout ! C’est important les amortisseurs ! Il ne faut pas négliger les amortisseurs dans une voiture ! Il ya de plus en plus de dos d’âne sur les routes. Dans une voiture, tous les éléments ont leur place ! Tous les éléments ont leur rôle !  Tous sont indispensables ! Aucun ne set à rien !» 

« Oui, vous avez raison ! Ce n’est pas comme dans la société d’aujourd’hui. Autrefois, chacun faisait son métier : le curé, l’instituteur, le boucher, le boulanger… Tout le monde avait son utilité ! Aujourd’hui, on ne comprend plus rien, le postier vend du pain, l’épicier distribue de la pharmacie… Vous imaginez une voiture où la pédale de frein servirait aussi à accélérer ? Hmm ?  » 

«  Mais mon pauvre, vous retardez ! Il n’y a plus de métiers. Tout le monde sait faire du pain. Le boulanger ne va pas résister longtemps. L’instituteur n’est plus formé si ce n’est à éviter son lynchage par des élèves indisciplinés. Tout le monde peut apprendre quelque chose aux enfants ! C’est évident !…  Tenez moi je suis facteur, employé aux pompes funèbres, clerc de notaire.. Tout le monde sait tout faire ! Il faut éviter la trop grande spécialisation ! Il n’y a plus besoin d’apprendre ! D’abord parce que ça coûte cher, et puis ensuite parce que les employés finissent pas poser des questions oiseuses s’ils sont trop éduqués ! On a tout de même autre chose à faire ! » 

« Ah ! Moi, je ne sais que vendre des amortisseurs ! » 

« Ce n’est pas terrible comme situation, mon pauvre ! L’avenir, c’est de se former aux techniques de la réparation du monde : la sécurité, l’écologie, la récupération des métaux…  Vous comprenez : on pollue et puis après on répare !  C’est très rationnel ! « » 

« Bon alors qu’est-ce qu’on fait pour les amortisseurs ? »

Nos nouveaux jeux de mots

9 février, 2011

La police sonne chez la polissonne

Son perroquet dit « Ok ! »

Elle a passé la serpillière hier.

Les policiers, polis, sont sciés par son accueil.

Elle fait la poussière sur ses soupières.

Elle reconnait  que son aspirateur a tort

De déranger des rangées de voisins.

Ceux-ci, irascibles, prennent Lara pour cible.

Un commissaire et ses commis,  commis pour ce  mystère étaient déjà venus.

Dans sa cuisine, un flic affamé  lui chipa, là, une chipolata.

Pour éviter que ça ne dégénère, les policiers déjeunèrent

De bon appétit et de la ratatouille que Lara touille,

Tous les jours à la même heure.

Battons-nous

8 février, 2011

« Je me bats. Je suis un battant » 

« Et vous vous battez contre qui ? » 

« J’en sais rien, mais je me bats. Je ne suis pas une chiffe molle, moi ! » 

« Mais enfin, pourquoi tenez-vous tant à vous battre ? » 

« Parce qu’il faut être un winner dans cette société sinon on n’est rien ! Et puis ça fait bien ! Vous comprenez ? » 

« Oui, mais il faudrait tout de même vous trouvez un adversaire. » 

« C’est vrai ! Je n’y avais pas pensé. Vous n’auriez pas ça, par hasard ? » 

« Vous en avez de bonnes ! Je n’ai pas de méchant dans ma poche, à votre disposition, c’est plus compliqué que ça ! » 

« C’est un monde ! Plus personne ne veut se battre ! Il faudrait inventer un métier de « méchant social ». Le méchant homologué permettrait aux vrais winners de s’exprimer ! Par exemple, ce serait un type qui pourrait s’approprier indûment de l’argent en spéculant et qui se débrouillerait pour ne payer aucun impôt. Ce serait déjà une belle cible. 

Ou alors ce serait le type qui convoiterait systématiquement le poste que je vise dans ma société et qui, évidemment, le mériterait beaucoup moins que moi. Au début tout le monde croirait que c’est lui l’élu. Mais grâce à ma ténacité, j’emporterais la palme après avoir brillamment montré mes qualités et ses défauts. Bien entendu, il faudra qu’il se laisse faire. Après tout, c’est lui le méchant. 

Une fois nommé, je serais généreux. Je ne le toiserais pas. Je lui tendrais la main en lui disant « Travaillons ensemble ». Lui maugréera, plein d’amertume, et restera dans son coin. Moi, très fier, je pourrais me pavaner en disant que j’ai fait ce que je pouvais pour lui. 

L’ennui, c’est qu’après ça, je devrais me trouver un nouveau méchant pour continuer à me battre. » 

« Et si vous vous battiez pour une noble cause au lieu de ne penser qu’à vous ? Hmm ? Par exemple, contre la faim dans le monde ? Ou  alors pour les sans logis ? Chaque année vous pourriez donner de l’argent pour combattre ces fléaux ! Ce qu’il y a de bien, c’est que vous pourriez recommencer l’année suivante puisque ça n’en finit jamais ! Là, vous avez des ennemis interminables ! » 

Aujourd’hui, à notre rayon légumes…

7 février, 2011

Il ne fallait pas se raconter de salades.

Il  n’avait plus un radis.

Tous ses projets étaient dans les choux.

Il était un vrai cornichon.

Mais les autres commençaient à lui courir sur le haricot.

Il ne rougirait plus comme une tomate.

Il ne ferait plus le poireau.

En un mot, il n »avait pas l’intention de passer pour une patate.

Et encore moins pour une courge.

Gérer son chef

6 février, 2011

« Il ne se prend pas pour rien, celui-là ! Regarde moi ça ! » 

« Comment pourrait-on lui démonter qu’il n’est pas grand-chose ? » 

« On pourrait commencer par lui dire qu’il est petit. En général, ça vexe beaucoup ! » 

« Oui, mais Napoléon était petit ! Ce n’est pas forcément synonyme d’insignifiance ! » 

« Ou alors culpabilisons le. Disons lui qu’il ne tient jamais compte de l’avis des autres et qu’il n’est, par voie de conséquence, qu’un arrogant débordant de suffisance » 

« Mais il va être ravi ! Il ne tient effectivement compte de personne ! » 

« On pourrait le mépriser en le regardant d’un air hautain ! » 

« … » 

« Ca y est, je l’ai toisé de haut ! Il m’a demandé si je me sentais bien. Pris d’une rage subite, je lui ai dis en pleine face qu’il m’était complètement indifférent. Ce à quoi il m’a répondu que le fait qu’il me soit indifférent l’indifférait. Après quoi, il m’a envoyé lui chercher un café. » 

« Bon, faisons autrement. On pourrait le rendre jaloux, en lui disant que Marchand son adjoint est plus compétent que lui… » 

« … » 

« Ca y est ! Devant lui, j’ai complimenté Marchand. Je lui ai affirmé qu’on avait confiance en lui, et que, lui au moins, il savait écouter son personnel ! » 

« Quelle tête il a fait ? » 

« Il m’a dit que c’était bien de féliciter Marchand et qu’il pensait la même chose. Puis il m’a envoyé lui chercher un café » 

« J’ai une autre idée. On pourrait trafiquer ses dossiers pour qu’il perde sa crédibilité. Comme ça, il la ramènera un peu moins ! » 

« … » 

« Alors comment ça s’est passé ? » 

« J’ai mélangé le dossier Berthier avec un autre, perdu quelques pièces et inventé des bordereaux d’envoi. » 

« Et alors ? » 

« Il m’a dit : Juliette, vous avez de l’expérience maintenant. J’aimerais que vous me donniez votre avis sur les dossiers. Tiens par exemple le dossier Berthier ! » 

« Et alors ? » 

« J’ai été lui chercher un café ! » 

Misères

5 février, 2011

Jules  a tiré Pierre  de l’ ornière

Pierre qui était boulanger se trouvait dans le pétrin

Mais il avait lui-même ramassé Jules dans le caniveau.

Alors qu’il vivait en fouillant les poubelles

Avec Maria qui habitait dans les égouts.

Jules et Maria  pleuraient donc misère.

Avant de faire fortune en dormant.

Ensemble.

Nos cinq sens

4 février, 2011

Dans ce désert qui s’étendait à perte de vue, John était perdu.

Il avait pourtant suivi le sens obligatoire.

Il devait passer une audition à cinq heures  chez Max.

En sortant son goûter, il se dit amèrement qu’il n’allait pas toucher le gros lot.

Il ne s’entendait plus avec son ancien producteur.

Auprès duquel, il n’était plus en odeur de sainteté.

Par ouïe dire, Max avait été émis au parfum.

Comme il avait une vision à long terme,

Il avait senti la bonne affaire.

Les très mauvais conseils du Grand Jacot (4)

3 février, 2011

« Aujourd’hui, je ne suis pas à prendre avec des pincettes, je vous en préviens ! » 

« Vous êtes en colère, alors ? » 

« Oui, très.  L’injustice, ça me rend malade » 

« Tiens, c’est bizarre, pas moi ! J’aime bien l’injustice, ça fournit de belles histoires ! Par exemple, la fable du chaperon rouge… » 

« Je fais des efforts. J’essaie d’être sympa, agréable, ouvert avec tout le monde et on me dit que ça ne va pas du tout. Je suis trop gentil. Puisqu’il en est ainsi, je vais être plus sévère. Je ne vais plus dire bonjour. Je vais regarder tout le monde d’un œil torve. Comme ça, j’aurai l’air d’un dur. Et puis, je n’écouterai personne. Quand j’écoute les gens, j’ai toujours l’impression qu’ils ont raison.  Vous n’avez pas ce sentiment, vous ? » 

« Mon pauvre, il faut aller au fond des choses ! Votre être est complètement indifférent aux autres ! Si les gens vous disent qu’il fait beau, ce n’est parce que le temps est clément, c’est parce que vous ne les intéressez pas et qu’ils vous le font remarquer en étant excessivement poli avec vous ! Vous comprenez ? » 

« Bin.. non ! » 

«  S’ils vous demandent «  quel étage ? »  lorsque vous êtes au boulot, c’est aussi  pour marquer l’insignifiance de votre situation à leurs yeux. Ils n’ont absolument pas retenu l’étage auquel se situe votre lieu de travail. » 

« … » 

« Je vais vous donner quelques conseils. Je vois que vous en avez besoin. Si le lundi, vos voisins de bureau vous disent : alors, bon weekend ? Répondez : mauvais ! Comme ça, ils seront obligés de vous demander pourquoi, en prenant l’air intéressé ! Vous vous rendez compte ? Ils se pencheront sur votre sort ! » 

« Et puis n’hésitez pas à poser des questions banales vous aussi, du genre : alors ce travail ?! Et n’écoutez pas les réponses, vous risquez de vous faire piégez ! » 

« Autrement dit, une relation sincère avec les autres, c’est très facile. Vous vous contentez d’ouvrir le répertoire  des réparties sans intérêt. Et vous fuyez les petits malins comme vous qui n’ont pas la politesse de formuler les réponses convenues dans le Grand Livre des conventions sociales » 

 

Ne pas tomber de haut

2 février, 2011

Luigi ne faisait rien.

Parfois, il s’évanouissait dans la nature.

Pour aller visiter les chutes du Niagara ou du Zambèze.

Puis il revenait s’allonger dans son hamac.

Il n’était pas du genre à plonger dans les ennuis.

Devant le stress des autres, il s’effondrait de rire.

Il disait qu’il ne tomberait jamais dans le piège du travail.

Il n’avait pas envie de se ruiner la santé.

Ni de voir s’écrouler ses espoirs de vivre très vieux.

Ne nous laissons pas abattre !

Pourrait être la chute de l’histoire de Luigi.

Monsieur Leblanc est contrarié

1 février, 2011

Monsieur Leblanc discute avec Monsieur Lenoir. Monsieur Leblanc parait très affecté : 

« Tout va mal ! Je ne peux même plus garer ma voiture ! Je n’ai plus de monnaie, je paie tout par carte bleue ! » 

« Et puis, il faut que j’aille chez le coiffeur ! Vous me direz : heureusement que les cheveux poussent encore ! Il y a bien que ça qui fonctionne. Ma vue baisse, mon dos s’affaisse, mes doigts s’effilochent ! Et puis j’ai l’impression de me tasser sur moi-même !  Il  faudrait tout remplacer ! » 

« Vous vous rendez compte, Monsieur Lenoir ! Dans cinquante ans, on aura tous des lunettes, des dents artificielles, un cœur en matière plastique, des prothèses mammaires, des reins artificiels ! Plus rien d’humain quoi ! » 

Monsieur Lenoir est embarrassé devant la déprime de son voisin. 

« Pourquoi parlez-vous des choses qui fâchent ? On pourrait parler de choses positives ! »

(suite…)

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